« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
vendredi 22 mars 2019
Page de journal
12 mars. — Pomponius Mela raconte que chez un certain peuple de l'Afrique, les habitants se couchent, pour dormir, sur les tombes de leurs ancêtres, et croient qu'ils trouvent, dans les rêves qu'ils y font, de sages conseils des morts.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Pas d'entraves pour le génie
Comme l'art poëtique (selon Victor Hugo), l'homicide de soi-même « n'a que faire des lisières, des menottes et des bâillons ». Voilà pourquoi on y voit le triomphe de l'enjambement (Jean-Pierre Schlunegger, du parapet d'un pont) et de la césure libre (Adalbert Stifter, du gosier, à l'aide d'un rasoir, dans la salle de billard).
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Édifice branlant
La conscience n'affirme que la perpétuelle imminence de son effondrement.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Hymnographe
10 mars. — Saint Clément l'Hymnographe est fêté le 30 avril. L'office, anonyme, publié par le P. Pétridès d'après les cod. S. Sab. 72 et 241, nous apprend qu'il a vécu sous les empereurs iconoclastes et qu'il est mort exilé pour la foi orthodoxe.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
jeudi 21 mars 2019
Gerbille de Mongolie
Pour que le mélancolique ne s'enfonce pas dans la « solitude bestiale » qui caractérise l'extrémité de cette maladie, André du Laurens, qui fut le premier médecin de Henri IV, recommande dans son Discours des maladies mélancoliques de lui procurer la compagnie d'une gerbille. « Ce petit rongeur, écrit-il, est un animal de compagnie idéal car il est très facile à apprivoiser, à élever et à entretenir. On en trouve à présent de toutes couleurs dans les animaleries. Mais attention : on doit veiller à fournir à ces animaux une cage solide, garnie d'une litière et de matériaux (bois, carton) leur permettant de creuser et de faire leur nid, comportant également des cachettes (tunnels et maison), du foin, du sable ou de la terre à chinchilla pour faire leur toilette, avec évidemment des récipients propres pour l'eau et la nourriture. »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Soupçon
21 mars. — Le Père Hardouin soupçonne que l'horconia de Pline est l'arelaca de Columelle.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Discrétion et modestie du suicidé philosophique
La poësie moderne nous a accoutumés à des violences verbales, à des gesticulations effrénées, cris de révolte, sarcasmes claironnants, vastes incantations, etc. Chez le suicidé philosophique, rien de tel. Une voix sourde, presque terne, discrètement mesurée. Pas de formules impérieuses et lapidaires comme chez le pénible René Char, nulle de ces retentissantes « métaplaques métalliques » chères à Ghérasim Luca. Comme si le suicidé philosophique tenait à passer inaperçu, non point par quelque fausse vanité, mais par une réelle tendance à sous-évaluer son œuvre, ce monument pourtant pharamineux qu'est l'homicide de soi-même. « Accepter sans histoire ses limites, son manque d'éclat, son incertitude, réussir à ne pas feindre le génie, mais se brûler la cervelle élégamment et proprement » (Songeries néantiques, p. 178). Curieusement, cette absence d'éclat, cette pudeur — parfois un peu crispée —, cette réserve à la limite du silence attirent la sympathie et ouvrent à une relation quasi personnelle avec le chantre de la révolvérisation du Moi. On aurait presque envie, soi aussi, de « se faire sauter le couvercle ».
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
mercredi 20 mars 2019
Laconisme coupable de Sulpice Sévère
13 mars. — Sulpice Sévère fait mention, à la fin de son second Dialogue, d'un concile tenu à Nîmes du temps de saint Martin ; mais il ne nous apprend rien de ce qui s'y passa.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Paniers d'osier
Selon Gragerfis — qui l'a sûrement lu dans Cassien —, le travail manuel est le seul moyen que les Pères de l'Église aient trouvé pour lutter contre la mélancolie de la vie solitaire. De son côté, l'homme du nihil est parvenu à la même conclusion ; et c'est en tressant des paniers d'osier qu'il tente de se soustraire au harcèlement de l'ennui, au vertige du temps vide. Ces paniers d'osier sont pour lui un moyen de se cramponner aux lieux que l'acédie l'invite à quitter pour les lointains séduisants du pachynihil. Mais c'est en vain : il arrive un moment où il envoie au diable la vannerie pour presser la queue de détente d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe. — Adieu paniers d'osier ! Adieu gravelle et rhumatismes ! Adieu Bourboule aimée, dont la tête hardie défie les hauteurs des cieux ! Adieu philosophie marcellienne !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Une vraie boucherie
La prismatique idée du Rien décompose le tangible et en expose les viscères exulcérés sous le portique alogique et ô combien branlant de la raison pure.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Inqualifiable perfidie de Ricimer
9 mars. — « Je n'aurois pas parlé d'un animal aussi connu que le sont les marmottes, si elles n'avoient eu quelque chose de relatif à la rhubarbe. Quand on aperçoit vingt ou trente pieds de cette plante, on est sûr de trouver plusieurs terriers de marmottes sous leurs larges feuilles ; peut-être la mangent-elles, ainsi que la racine ; toujours est-il probable que l'engrais qu'elles déposent autour ne contribue pas peu à sa vigueur, et que la terre qu'elles jettent dessus lui fait pousser de nouveaux jets et se multiplier. » (John Barrow, Voyage en Chine, formant le complément du voyage de Lord Macartney, Trad. J. Castéra, Paris, Buisson, 1805)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
mardi 19 mars 2019
Contre la psychanalyse
Gragerfis appelle les psychanalystes « une triste engeance ». Selon lui, tout est bon à ces « scélérats » pour substituer le pathologique au tragique. Ainsi, la psychanalyse étudie l'homme du nihil comme s'il était mû par son inconscient, conditionné par son passé vécu, alors qu'il est aux prises avec le pachynihil ! « Voilà qui est tout de même, déclare l'acide Stylus, un peu fort de café ! »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Soupe au lait
Les suicidés philosophiques, à l'instar des dérivés nitrés du phénol, détonent quand on les chauffe brusquement.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Glands
14 mars. — Strabon, parlant des Gaulois, met au nombre de leurs récoltes les glands, par lesquels il faut entendre, comme les Grecs et les Latins, tous les fruits des arbres glandifères.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Causalité synergique
Non seulement le suicidé philosophique, à l'instar d'un Némésius d'Émèse, reprend la theoria porphyrienne de l'interaction entre intelligible et sensible appliquée à l'action nihilique, mais il intègre les analyses de Simplicius et de Jean Philopon sur les processus de causalité synergique !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
lundi 18 mars 2019
Écartèlement
Partagé entre la frénésie lacrymale d'un Héraclite et le ricanement sardonique du protèle.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Sagesse des Anciens
19 mars. — Valère Maxime, II, 6, 7, nous fait connaître un singulier usage des anciens Marseillais : « On garde, dit-il, dans un dépôt public de la ville de Marseille, une potion mêlée de ciguë et destinée à quiconque justifie devant le conseil des Six-Cents (tel est le nom de son sénat) des motifs qui lui font désirer la mort. »
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Guérisseur souffrant
Pour le nihilique, le « spectacle de la nature » ne signifie qu'un apaisement passager de ses inquiétudes : il lui faut écouter la « voix du pachynihil » pour rencontrer la certitude (que rien n'est). Or l'autorité du Rien dont il ne prétend d'abord que transmettre fidèlement l'évidence l'investit lui-même d'une surprenante autorité personnelle : on l'appelle à l'aide, il prend la figure d'un « demi-dieu » (Gragerfis) : il est le guérisseur souffrant.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Dandysme
Répondre aux horreurs de l'existence par une apologétique de la redingote.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Doute térébrant
8 mars. — On ne sait trop si l'on doit classer Georges Chœroboscus parmi les rhéteurs.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Inscription à :
Articles (Atom)