« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
lundi 17 décembre 2018
De la voracité des tourlourous
25 septembre. — « Il avait attiré les crabes qui le dévoraient ; le tronc du cadavre était déjà percé de plus de trois cents petits trous d'un pouce de diamètre et parfaitement ronds ; il était rempli de ces monstres voraces, qui effrayés par le bruit, en sortaient en nombre prodigieux. On comprendra combien cette triste rencontre dut ajouter à la disposition chagrine de mon âme, déjà bien ennuyée de la monotonie de ce désert. » (Sylvain de Golbéry, Fragments d'un voyage en Afrique, Treuttel et Würtz, Strasbourg, 1802)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Pis-allers
Pour réduire le Moi, le seul moyen convenable est l'homicide de soi-même. La fréquentation des cafés, les blagues, la lecture des journaux et la consommation de vodka ne sont que des pis-allers.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
« En Pologne, c'est-à-dire nulle part »
2 février. — « Tous les aliments qu'on tire du règne animal sont, chez le paysan polonais, sinon totalement inconnus, au moins extrêmement rares. Sa nourriture ordinaire se compose de différentes espèces de grains mondés, de pois et de pommes de terre. Il consomme aussi une quantité incroyable de choux, de carottes qu'il acidifie, de sauerkraut, et d'autres antiseptiques. Je dois surtout fixer votre attention sur un mets du pays, nommé barszcz. C'est une soupe composée d'orge ou de gruau, cuits avec des carottes ou des choux acides, et qui forme un mets aussi sain qu'agréable au goût. C'est à ces aliments que le Polonais, respirant un air infect et brûlant dans sa cabane étroite, est redevable de n'être affecté que légèrement du scorbut, tandis qu'il devrait s'attendre au plus violent degré de cette maladie. Il s'en ressentirait encore moins si l'intempérance dans les boissons n'était pas, parmi le bas peuple, portée à un tel excès qu'on ne voit rien de semblable dans aucun autre pays. » (F. L. de Lafontaine, Traité de la plique polonaise, Méquignon, Paris, 1808)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
dimanche 16 décembre 2018
Tangente
Parfois, pour éviter les avaros, il vaut mieux mettre les adjas. Ne serait-ce pas de ce constat qu'est née la belle idée de l'homicide de soi-même ?
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Eskimos
Les Eskimos sont des populations des régions polaires, qui habitent le Groenland et la région comprise entre la baie d'Hudson et le détroit de Béring. Ils vivent sous des tentes ou dans des igloos. Leur nourriture est constituée par les produits de la chasse et de la pêche.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Page de journal
16 août. — Je déclare par la présente l'absolu inaccessible à l'esprit, et futile toute métaphysique ontologique. Pour valoir ce que de droit.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Atmosphère
Les faubourgs du pachynihil forment une banlieue anonyme, indiscernable de celles d'Orléans, de Milan, de Vienne, de Rosario, de bien d'autres encore dont la ressemblance a sans doute procuré aux rêveries du suicidé philosophique leur médiocre et sinistre décor.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Page de journal
29 décembre. — Au cours des fêtes appelées Thargélies qui se célébraient en mai en l'honneur d'Apollon, deux « pharmakoï », parés l'un d'un collier de figues blanches, l'autre d'un collier de figues noires, étaient escortés à travers la ville ; on les frappait à coups de branches de figuier et de tiges d'oignons marins (en grec ancien skilla, scille), et on les expulsait hors de la cité pour écarter avec eux les souillures dont on les supposait chargés.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
samedi 15 décembre 2018
La douce fragrance du pachynihil
Il émane des morgues et des cimetières comme les effluves de népenthès puissants, dont l'influence ne porte nullement à quelque mélancolie désabusée, mais fait pressentir l'alliance merveilleuse avec le Rien, longtemps désirée en vain, quelque chose comme le pardon qui accueille l'enfant prodigue.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Versatilité démoralisante du vocable
Suivant l'exemple du hardi Furetière, je m'empoigne avec l'infinie duplicité du langage. Je dis « la sole » et je vois alternativement : une plaque cornée formant le dessous du sabot d'un animal ; une pièce de charpente disposée pour soutenir le bâti d'une machine ; le fond d'un bateau sans quille ; la partie à peu près horizontale d'un fourneau d'affinerie ; un genre de poissons plats, ovales, qui habitent les fonds sablonneux de la mer et sont très recherchés pour la délicatesse de leur chair.
— Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence !
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Page de journal
29 janvier. — À chaque instant, l'étant existant s'enlise dans la boue sanglante des possibles qu'il extermine incessammment. L'haeccéité est un holocauste.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Caverne aux trésors
Dans la pachyméninge du nihilique, le courant souterrain du Rien filtrant à travers le sable a formé lentement de grandes silhouettes de pierre fixées dans une fuite toujours éperdue et toujours immobile. Plusieurs des plus belles sculptures modernes ont été trouvées en ce gîte. Elles y étaient depuis environ vingt-cinq millions d'années.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Empyreume pour les sots
La femme, insaisissable et fluide — odeur sui generis du néant.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
La ceinture jaune du Grand Tout
28 septembre. — « Il existe un troisième supplice capital, mais ce supplice n'est en usage que pour les crimes les plus grands. Il consiste à attacher le coupable à un pilier, à lui enlever la peau de la tête, et à la lui rabattre ensuite sur les yeux. On lui coupe ensuite successivement toutes les parties du corps. Les exécutions se font au milieu des places publiques. L'exécuteur jouit d'une grande considération, et comme insigne de son rang élevé, il porte la ceinture jaune, qui est la couleur distinctive des princes du sang. » (Clément Pellé, L'empire chinois, 1845)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
vendredi 14 décembre 2018
Retour au Grand Rien
Supériorité de l'homicide de soi-même sur l'écrit et la parole : en s'y livrant, l'homme voit son front se dérider, sa morgue l'abandonner, son désir de « créer des concepts » disparaître, et il exulte à la pensée de la fameuse « tache verte abdominale » qui bientôt signalera à l'omnitude son retour enthousiaste au Grand Rien.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Nouvelles expériences sur le vide
Comme les physiciens Michelson et Morley, le suicidé philosophique tente de démontrer l'existence de l'éther luminifère, mais par une voie plus directe : en se faisant sauter la cervelle.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Page de journal
19 septembre. — Le pessimisme des poètes ioniens atteint son apogée avec Simonide de Céos qui affirme que le désir est un mal et que la mort, mettant fin à la douleur qu'il nous cause, est un bien. — Une intuition confirmée plus tard par de nombreux suicidés philosophiques, au premier rang desquels Edmond-Henri Crisinel dit « le Nerval vaudois ».
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Rappel superflu
Le faciès du « monstre bipède » ne saurait en aucun cas évoquer avec vraisemblance un visage, tant il est vide, plat, dénué d'âme. Il semble plutôt là pour rappeler au nihilique cette vérité essentielle : que la vie possède la consistance de l'excrément, sa couleur crépusculaire, sa masse inexorable.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Irréfutable
La preuve de la « réalité empirique », c'est que je meurs.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
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