« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
dimanche 27 janvier 2019
Emprise magique du Rien
Les analyses de Gragerfis sont ici précieuses : le Rien n'est pas la simple absence d'être ; il y a quelque chose de positif en lui. Alors que l'être est aussi vaporeux qu'une barbe à papa, le Rien est « étoffé », il touche directement l'individu, l'enveloppe, le pénètre et même passe au travers : ainsi « le Moi est perméable pour le Rien tandis qu'il ne l'est pas pour l'étant — existant ou subsistant, n'importe. » La sensation de mystère que fait éprouver le taupicide ne viendrait pas d'autre chose.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Agir
La seule pensée de devoir appuyer tantôt sur la queue de détente me fatigue terriblement, me donne envie d'aller me recoucher — et gémir.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Un déguisement peu ragoûtant
Dans son désir de fusionner avec le Grand Indéfini d'Anaximandre, l'homme du nihil s'assimile non seulement au végétal ou au minéral, mais encore à l'excrément. Ainsi, un suicidé philosophique décrit par Poulton affecte la ressemblance avec une fiente d'oiseau, en un mimétisme parfait de forme, de couleur et de consistance 1. De même, un nihilique du British Museum apparaît au repos comme un petit amas allongé, blanchâtre à l'une de ses extrémités et noir à l'autre, tout à fait identique à une déjection de mésange. Posés sur la même feuille, un excrément réel et le zélateur du Rien sont indiscernables.
1. E.-B. Poulton, The colors of philosophical suicidees, Intern. scient. series, t. LXVIII, Londres, 1890.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Penser
Savoir qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil, que tout a déjà été dit, et parvenir quand même à formuler une pensée, fût-elle embryonnaire... Prodige d'impudence et d'absurdité, sans doute, mais qui seul donne au « Dasein » l'illusion d'exister.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
samedi 26 janvier 2019
Automate
L'excrément, par ses seules mœurs cavernicoles, possède déjà des titres suffisants pour expliquer l'intérêt qu'on lui porte, l'émotion qu'il suscite communément. Mais ce ne sont pas les seuls. Il se présente de plus, avertit M. Léon Binet, comme « une machine aux rouages perfectionnés, capable de fonctionner automatiquement ». — Et il est de fait que sa reptation dans le « boyau culier » paraît inconsciente et spontanée, pour tout dire automatique !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Socialisme utopique mon cul
À chaque instant, le monde croule et se désintègre, mais c'est pour être aussitôt refait à neuf par les insanes disciples de ce détestable vermisseau, de ce « Cabet ».
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Espaces
Dans le même temps que la science contemporaine multiplie les espaces représentés (espaces de Finsler, de Fermat, hyper-espace de Riemann, espaces topologiques de Baire, de Haussdorff, de Hilbert, de Schwartz, espaces abstraits, généralisés, ouverts, fermés, denses en soi, clairsemés, etc.), il n'a jamais été aussi difficile à l'homme du nihil de trouver une place où poser son Moi œdémateux.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
vendredi 25 janvier 2019
Déguisement du nihilique
Chez l'homme du nihil, « le déguisement apparaît comme un acte d'automatisme pur » 1, car il se vêt de tout ce qu'on lui propose, y compris des éléments les plus voyants (expériences d'Hermann Fol, 1886). Ce comportement en outre dépend de la vision, car il n'a lieu ni la nuit ni après l'ablation des pédoncules oculaires (expériences d'Aurivillius, 1889).
1. E.-L. Bouvier, Habitudes et métamorphoses des nihiliques, Paris, Flammarion, 1921.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Que faire ?
Quelle sagesse désormais ? Le nœud coulant ? L'incantation ? Déguster une absinthe sur une terrasse au-dessus de la mer en écoutant la Chanson perpétuelle d'Ernest Chausson ? — Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence !
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Tentation du vide
Selon Gragerfis, l'homicide de soi-même serait à définir correctement comme une incantation fixée à son point culminant et ayant pris le suicidé à son propre piège. Dans cette affaire, le taupicide apparaît comme un moyen, sinon un intermédiaire. La fin semble bien être l'assimilation au pachynihil. On dirait qu'il s'exerce une véritable tentation du vide.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
jeudi 24 janvier 2019
Volupté de l'insignifiance
La mort fait éprouver à l'homme l'indicible bonheur de n'être qu'un comparse.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Dangers du mimétisme
Les suicidés philosophiques simulent si bien les pousses d'arbuste qu'il arrive que les horticulteurs les taillent avec un sécateur. Ou encore, ils se broutent entre eux, se prenant pour de véritables pousses d'arbuste, en sorte qu'on pourrait croire à une sorte de masochisme collectif aboutissant à l'homophagie mutuelle !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Orthorhombicité du temps
Bientôt, la science nous apprendra que le temps est orthorhombique, et nous devrons nous prosterner devant cette évidence, pour fétide qu'elle soit.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
mercredi 23 janvier 2019
Homomorphie
Les exemples d'homomorphie ne manquent pas dans la nature : les Anthocharis cardamines ressemblent à des ombellifères, les chlamys à des graines, les moenas à du gravier, les palémons à du fucus ; le poisson Phyloptérix, de la mer des Sargasses, n'est qu'une « algue déchiquetée en forme de lanières flottantes » 1, comme l'Antennarius et le Pterophryné. Mais il y a plus fort : l'homme du nihil rétracte ses tentacules, incurve son dos, accommode sa couleur, se recroqueville sur son « matelas-tombeau » et ressemble ainsi à un caillou !
1. L. Murat, Les Merveilles du monde animal, 1914, p. 37-38.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Tentative de la dernière chance
Après avoir discuté avec Hosteen Frank Sam Nakai, l'homme du nihil décida, plutôt que de se tourner illico vers le taupicide, de se faire exécuter d'abord un « Chant du Sommet de la Montagne » afin de voir s'il pourrait retrouver hozho. Il serait toujours temps d'aviser ensuite...
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
mardi 22 janvier 2019
Mimétisme stercoral
On le sait depuis les travaux de Frobenius, les « crottes » sont capables de prendre à peu près n'importe quelles forme et couleur pour se fondre dans l'environnement où le hasard les a placées. Ce mimétisme de l'excrément illustre de façon quelquefois hallucinante le désir humain de réintégration à l'insensibilité originelle, qu'il faut rapprocher de la conception panthéistique de la nature, fréquente traduction philosophique et littéraire du retour à l'inconscience prénatale, autrement dit au pachynihil.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Retour à la réalité empirique
S'éveiller, c'est réintégrer la fosse anaphrodisiaque du réel, retomber dans le prisme néfaste de la volition.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
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