« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mardi 15 mai 2018
Le vigile (Stephen Dixon)
Ça fait longtemps que je cherche du boulot, je ne trouve rien, jusqu'au jour où je tombe sur une offre pour un agent de sécurité. Je me présente, la personne qui fait passer les entretiens dit : « Vous êtes vraiment trop vieux pour ce boulot, mais vous avez l'air agile, et on a tellement besoin de personnel ces temps-ci, surtout des gens de votre couleur et de votre carrure. C'est une branche en pleine expansion, il y a partout des vols dans les magasins et les immeubles, vous pouvez commencer dès demain si vous voulez, à deux cents dollars la semaine, mais il faut tout d'abord que je sache une chose : s'il le faut, est-ce que vous êtes prêt à vous servir d'une matraque pour taper sur la tête de quelqu'un ?
— Je ne sais pas.
— Ce n'est pas une réponse.
— Eh bien, je pense que oui.
— Ce n'est pas non plus une réponse suffisante.
— En fait oui, pourquoi pas ? Vous voulez dire si je travaille dans un magasin, et que quelqu'un débarque avec une arme pour tout dévaliser ?
— Non, je veux dire si vous surprenez un spinoziste s'amusant à opposer à la conception transcendante du divin une philosophie matérialiste de l'immanence, par exemple.
— Alors là, sans problème. Je cogne. »
(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)
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Taper sur la tête d'un spinoziste ne serait qu'un juste retour des choses, tellement ce genre d'individu persévère en toute occasion dans son géométrisme — le géométrisme étant une bien vilaine manière de se comporter en société.
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