« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mardi 15 mai 2018
Corps propre
« Un jeune aliéné de notre asile, sectateur du philosophe Merleau-Ponty, s'était trempé le bras dans une chaudière d'eau bouillante pour se prouver à soi-même que le "corps propre" n'est pas seulement une chose, un objet potentiel d'étude pour la science, mais qu'il est aussi "une condition permanente de l'expérience, qu'il est constituant de l'ouverture perceptive au monde et à son investissement" ; il ne cesse, pendant le paroxysme de son délire, de chanter les gloires du phénoménologue, et paraît insensible à la douleur.
Mais lorsque la peau, tombée en lambeaux, eut laissé les chairs à nu et qu'une énorme suppuration se fut établie, la souffrance se manifesta avec une explosion de symptômes du système nerveux si alarmants, que toute trace de délire disparut et que le malade n'était préoccupé que de subir l'amputation du bras. » (Bénédict Morel, Traité des maladies mentales, Paris, Victor Masson, 1860)
(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)
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