« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mardi 12 février 2019
Congre
25 septembre. — « La pêche du congre commence immédiatement après celle du maquereau et dure jusqu'en novembre. Ce poisson est très abondant sur toute la côte. Il n'est pas très recherché, aussi le prix en est peu élevé sur les marchés de Bretagne. » (Benjamin Jollivet, Les Côtes-du-Nord, Histoire et géographie de toutes les villes et communes du département, Guingamp, B. Jollivet, 1854)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
lundi 11 février 2019
La glorieuse incertitude du « faire »
La défécation est une aventure où, jusqu'au dernier instant, demeure une incertitude périlleuse et salutaire. De la machine, l'objet sort impeccable mais toujours identique ; et de la graine, au temps voulu, la même tige, la même fleur, avec la même splendeur. Tandis que du « boyau culier » !...
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Proème
Ce pistolet grenu et mafflu est l'exorde d'un discours, le préambule d'un chant : un simple proème.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Page de journal
25 juillet. — Au dire de Pline, Polygnote de Thase, Arcésilas de Paros, Aristide (l'élève de Polyclète), Pamphile (maître d'Apelle), Lysippe et Pausias de Sicyone, peignirent sur émail ou sur verre.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
dimanche 10 février 2019
Morphologie du « cas »
Pourquoi les choses — si véritablement « choses » il y a — sont-elles comme elles sont ? Pourquoi tel excrément a-t-il la forme d'une tourte, quand tel autre mérite bien le surnom de « cigare japonais » que lui attribue le vulgum pecus ? Parmi les spécialistes, plusieurs théories s'affrontent, chacune privilégiant une influence particulière parmi celles qu'inévitablement subit le sujet déféquant. L'un croit que dans l'économie réside la cause dernière de la conformation du « cas » : il invoque la distribution des richesses, le régime de la propriété, la baisse des salaires, la lutte des marchés... Un autre, cependant, aperçoit la raison d'être de toute chose dans un ensemble de conflits psychologiques dont l'énergie sexuelle est le ressort principal, sinon unique. Pourquoi pas ? Mais ces théories, à se concentrer sur l'artiste, oublient trop le chef-d'œuvre sur lequel il s'agissait au départ d'apporter des lumières. Ne peut-on regarder cette réussite de l'art comme un signe qui se suffit à soi-même, témoignage absolu et comme anonyme, qu'il faudrait tenir comme tombé du ciel, qui seul enfin est digne d'attention et non celui qui l'a fait ?
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Vernichtung !
Le suicide compulsif ne suffit pas. Ce qu'il faut, c'est détruire la tourbe polychrome du réel !
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Apothécie eulécanorine
25 décembre. — « Si l'on fait abstraction de quelques apothécies eulécanorines cupulées inférieures, ces hyphes sont empruntées au système fastigié radial que nous avons reconnu dans l'excipulum proprium des apothécies des discolichens. » (R. Dughi, « Un problème de lichénologie non résolu : l'origine et la signification de l'apothécie eulécanorine », in Revue bryologique et lichénologique, Ann. Fac. Se. Marseille, sér. II, 21, fasc. 3, 219-241, 1954)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Art pour l'art
Platon, Lucrèce et Dante avaient des ambitions plus étendues que l'homme-sur-le-trône — le fameux « étant déféquant » des existentialistes. Philosophie, physique, théologie, rien ne les effrayait. Un vaste dessein les tenait, et non celui de ciseler quelque bibelot exquis, d'un travail irréprochable, mais dont l'utilité demeure mince, même si on ne le réduit pas à n'être qu'ornement.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Du « vuide »
18 juillet. — « Ce qui estant ainsi, il est très-faux de dire que la nature abhorre le Vuide, puisqu'elle ne pourroit pas subsister sans le Vuide susdit. Que si elle n'en a point d'horreur, voire mesme qu'elle s'y délecte, pourquoy auroit-elle peine à souffrir un Vuide un peu plus grand et tout continu, comme dans un boisseau, dans un muid, ou dans une chambre ? Pour moy, ie ne le comprends pas. Car le Vuide absolu n'est rien ; le rien ne peut détruire ce qui est réel. » (Charles-Augustin Bourgoing, La Vérité du Vuide contre le Vuide de la Vérité, Paris, Jean Hénault, 1664)
— Oh ! Oh ! Comme tu y vas, mon ami !
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
samedi 9 février 2019
Obsolescence conceptuelle
Qu'entre en scène l'idée du Rien, et celle de l'être paraît soudain un témoin pitoyable de la naïveté de l'esprit humain s'exerçant avec maladresse à pénétrer les secrets de l'univers : un grotesque préjugé, une défroque qui prête à rire. — Au rebut !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Nombres indécomposables
26 juillet. — « Tandis que, dans le domaine des nombres entiers, tant rationnels que complexes, tout nombre composé ne peut se mettre que d'une seule manière sous la forme d'un produit de nombres premiers, on reconnaît que, dans les domaines numériques considérés par Kummer, un nombre décomposable peut souvent se représenter de plusieurs manières, entièrement différentes entre elles, sous la forme d'un produit de nombres indécomposables, ou, ce qui dans le fond revient au même, on reconnaît que les nombres indécomposables ne possèdent pas tous le caractère d'un nombre premier proprement dit, lequel consiste en ce qu'un nombre premier ne peut diviser un produit de deux ou de plusieurs facteurs, s'il ne divise au moins un de ces facteurs. » (Richard Dedekind, Sur la théorie des nombres entiers algébriques, Paris, Gauthier-Villars, 1877)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Mission de dépaysement du « Suisse »
En général, les excréments ne sont pas appréciés pour leur utilité ou pour leur grâce. À l'inverse, c'est précisément parce qu'on ne sait ni à quoi ils servent, ni en quoi ils peuvent plaire, qu'ils retiennent l'attention. Ils semblent des intrus dans le décor ordinaire de la vie et invitent la rêverie à les restituer à un autre monde où ils ne paraîtraient pas déplacés. Ils remplissent de cette manière une mission de dépaysement et réjouissent certains cœurs lassés d'une existence qui leur semble, comme par obligation, faussée dans son principe par les rigueurs de la logique ou de la morale. De tels êtres font alors volontiers, par contraste, leurs délices du fécal. — En imagination, il va de soi !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
vendredi 8 février 2019
Solipsisme encore
Le monde ? Une simple radicelle de mon conscient intérieur. Rien autre chose.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Échinocoque
22 novembre. — « Tout ce qu'on a appelé hydatides et acéphalocystes n'est qu'une conséquence de la formation d'un parasite connu sous le nom d'échinocoque dont les métamorphoses au sens de l'économie sont très nombreuses et forment autant de maladies. Ainsi, les échinocoques qui dans les parenchymes forment les vésicules appelés acéphalocystes réunies en tumeurs dans certains organes, constituent par un changement de forme des cysticerques ou des tænias. Dans un cas comme dans l'autre, c'est le même animal, parasite rudimentaire, à demi développé vers l'extrémité caudale ou développé dans l'intestin au point d'avoir plusieurs mètres de longueur. » (E. Bouchut, Histoire de la médecine et des doctrines médicales, volume 2, Paris, Germer Baillière, 1873)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Art impossible
Diffuses et envahissantes, les sensations qui viennent de l'excrément ne sont pas susceptibles d'abstraction. Elles intéressent la muqueuse de trop près et exclusivement. Aucune dissociation ne se produit en elles entre la perception, le plaisir et la représentation. Aussi n'y a-t-il pas d'art qui puisse employer le « cas ».
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Hommage à Auguste Poulet-Malassis
Pour certains esprits chagrins (Ivan Petrovitch Pavlov, Léon Foucault), le véritable tragique de la vie, c'est son absence de confortable.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Asperges
24 juillet. — « D'après le témoignage de Théophraste, les Grecs connaissaient les asperges ; les Romains en faisaient un grand cas. Celles de Ravenne étaient les plus grosses et les plus renommées ; au dire de Pline, il en venait de cette ville, de tellement volumineuses, que trois pesaient une livre (ecce altiles spectantur asparagi et Ravenna ternos libris rependit). Les jeunes pousses ou turions de l'asperge sont un aliment parfaitement sain, d'une digestion facile, réputé diurétique et indiqué comme modérant la circulation sanguine ; on connaît l'odeur fétide qu'elles communiquent à l'urine et qu'on change en odeur de violette par l'addition de quelques gouttes de térébenthine. » (P. Leroux et J. Reynaud, Encyclopédie nouvelle, Paris, Gosselin, 1840)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
jeudi 7 février 2019
Renoncement
Dans la Lettre de Hofmannstahl, Lord Chandos, devant un arrosoir ou des rats qu'il voit fuir dans la cave, se sent en état d'extase et impuissant à exprimer par les mots humains son émotion. Il renonce à écrire. De même, dans le Journal de Gragerfis, l'auteur, paralysé par la trop haute idée qu'il se fait de la défécation, renonce à « faire ». Quant au suicidé philosophique, il « pousse le bouchon » encore plus loin et c'est à « perpétrer de coupables exsufflations » qu'il décide de renoncer, pour devenir — espère-t-il — une « pierre dure rotacée ».
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Oszillation !
Que ne puis-je catapulter mon déséquilibre dans le rhomboèdre de la beauté même !...
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Fosse méso-ptérygoïde
21 juillet. — « Enfin dans le rhinolophe fer-à-cheval, la fosse palatine est tellement échancrée en avant et en arrière qu'elle est réduite à une petite lame transversale. On n'aperçoit pas de fosse ptérygoïde de chaque côté, mais entre les apophyses de ce nom il y a sur la ligne médiane une fosse plus ou moins allongée, d'où résulte l'échancrure si variable du palais, et qui se continue avec l'ouverture postérieure des fosses nasales. C'est ce que nous appelons la fosse méso-ptérygoïde. » (Constant Duméril, Leçons d'anatomie comparée de Georges Cuvier, Paris, Crochard, 1805)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
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