« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
vendredi 11 janvier 2019
Antiquité du poiré
22 novembre. — « L'histoire rapporte que Radegonde, reine de France, préférait le poiré à toute autre boisson. Ce qui prouve que le poiré était connu en France au sixième siècle. » (Ferdinand Mauduit, Semis, plantation et culture du poirier et du pommier dans les champs et les vergers, Paris, Auguste Gouin, 1870)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
L'exquise fluidité du nihil
S'escrimant à tâtons dans un univers résistant, aux propriétés immuables et exclusives, l'homme pense avec nostalgie à un monde fluide, aérien, sans obstacle ni contradiction : celui du Rien.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Pêche à la morue
21 novembre. — L'article 15 des Dispositions spéciales à la pêche de la morue et à la pêche dite Hoekwant visschery, qui font partie des lois maritimes en vigueur en Belgique, dit que « le patron de tout bateau revenant de la pêche à la morue, après la déclaration faite par lui en douane de la quantité de chaque espèce de morue par lui importée, devra, au plus tard dans les vingt-quatre heures avant le débarquement du poisson, appeler les experts jurés qui vérifieront les espèces et les qualités de morue, et appliqueront, par le brûlement sur les tonnes, les marques distinctives, avec le millésime de l'année, les différentes espèces de pêche à déterminer par le réglement provincial à intervenir. »
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
jeudi 10 janvier 2019
Capitulation
L'acte défécatoire, où il est visible qu'une sorte rudimentaire d'hypnose joue le rôle principal, ne renseigne guère sur la minute ultime où soudain la conscience capitule et sombre. C'est plutôt dans l'homicide de soi-même qu'il faut chercher le témoignage de la puissance effroyable du pachynihil : au cœur d'une absence — celle que procure le taupicide —, il règne, fascination pure, sans obstacle ni partage.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Énervation
Sous les rois de la première race, l'énervation était un supplice qui consistait à brûler les tendons des jarrets et des genoux.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Revenir de Pontoise (et mourir)
24 août. — Neuf fois sur dix, c'est seulement à l'approche imminente du trépas que le sujet pensant prend conscience qu'il est mortel, et l'on dirait alors qu'il « revient de Pontoise ». Quitard, dans son Dictionnaire étymologique, nous éclaire sur l'origine de cette expression qui, dans la langue familière, signifie avoir l'air étonné, assez niais, et peu au courant de ce que l'on devrait savoir. « Dans le temps de la féodalité, dit-il, il y avait à Pontoise, ancienne capitale du Vexin français, un seigneur ombrageux et cruel qui se faisait amener les étrangers passant par cette ville, et les soumettait à un interrogatoire, après lequel il les renvoyait chez eux, ou les retenait prisonniers, selon qu'ils y avaient bien ou mal répondu. Comme ces pauvres voyageurs étaient toujours intimidés et déconcertés par les questions et les menaces d'un pareil tyranneau, l'on en prit occasion de dire par comparaison : Avoir l'air de revenir de Pontoise, ou conter une chose comme en revenant de Pontoise, en parlant des gens dont les idées sont un peu troublées et confuses, embrouillées, et même un peu niaises. »
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Paradoxe solipsistique
En rêve, l'homme du nihil vit un grave personnage qui ramassait des oiseaux sur le sol et les passait à sa ceinture. Un épervier de grande taille s'y trouvait déjà, qui les déchirait aussi souvent qu'il le pouvait. Plus tard, quand l'homme du nihil demanda au « monstre bipède » — le pénible « autrui » du philosophe Levinas — s'il avait vu lui aussi l'horrible chasse aux oiseaux, il ne put à aucune force le lui faire avouer. Stupéfaction de l'homme du nihil : « Ce dont se souvient mon imagination, comment cet olibrius peut-il l'ignorer, lui qui n'en est également qu'un scintillement éphémère ? »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Mulets de Chamouni
23 octobre. — « Le chemin ou plutôt le sentier, qui du Prieuré de Chamouni conduit au Montanvert, est rapide en quelques endroits, mais nulle part dangereux. On fait communément cette route à pied : en allant doucement et en reprenant haleine de temps à autre, on y met environ trois heures, mais on peut en faire au moins la moitié à mulet. J'ai même vu un gentilhomme anglais, qui s'était foulé le pied, la faire en entier sur une petite mule : il est vrai que cette mule était d'une force et d'une sûreté tout-à-fait extraordinaires ; mais quant à la première moitié de cette montée, on peut la faire, je le répète, sans aucun danger, sur les mulets de Chamouni. » (Horace-Bénédict de Saussure, Voyages dans les Alpes, Neuchâtel, Samuel Fauche, 1786)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
mercredi 9 janvier 2019
Points de vue
Les philosophes, de Çankara à Pascal et à Leibniz, ont défini volontiers la réalité comme un ensemble de rêves bien liés. L'homme du nihil, lui, la voit plutôt comme une « tourte » nauséabonde abandonnée au pied d'un mur par un malotru, dans laquelle il doit faire très attention de ne pas poser le pied.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Peisithanatos
Doutant que l'homme puisse atteindre le bonheur, le philosophe Hégésias préconisait, dit-on, le suicide. Cette glorification passionnée de la mort lui aurait même valu, selon Gragerfis, le sobriquet de « celui qui persuade de mourir ».
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Maire d'Empeaux (31)
23 août. — « Lorsque Chilpéric envoya Wadon pour accompagner sa fille en Espagne, où elle allait épouser Recarède, il lui donna le titre de Maire du palais de la princesse. C'est l'origine de tous les maires qui se trouvent nommés dans notre histoire, depuis la mort de Dagobert Ier. » (P.-N. Chantreau, Histoire de France abrégée et chronologique, depuis la première expédition des Gaulois jusqu'en septembre 1808, Paris, Bernard, 1808)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Évasion manquée
Excédé par la « réalité empirique » qui le cerne de toute part, l'homme du nihil ferme les yeux, scrute l'obscurité et y suscite une image simple : celle d'un papillon Apollo sur un chardon de montagne. À Gèdre, dans les Pyrénées, il en a observé souvent. Il s'applique à voir leur corps lourd, annelé et velu, la trompe à demi déroulée, le dessin des ailes blanches, presque diaphanes, la disposition des taches noires et des lunules rouges, la tige de la plante agitée par le vent, les efforts de l'insecte pour ne pas s'envoler, les mouvements réprimés de ses ailes. Mais pendant qu'il s'obstine dans cette évocation, un garçon de café s'approche et lui demande d'une voix bourrue : « Vous prendrez autre chose ? » Il rouvre les yeux, et de nouveau c'est le magma fangeux du réel, le fibrociment nauséeux de l'étant, le mufle répulsif du « monstre bipède »...
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Puceron
Puceron est le terme sous lequel on désigne les insectes hémiptères qui vivent sur les plantes dont ils pompent les sucs et dont le type est le puceron du rosier. Les pucerons causent parfois de sérieux dégâts aux plantations sur lesquelles ils s'abattent, comme le phylloxéra par exemple. Pour détruire les pucerons des rosiers, on emploie la fumée du soufre, du tabac, ou des jus de tabac.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Page de journal
20 septembre. — Dehors à nouveau, dans le steppe réfrigérant du nihil. Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence !
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
mardi 8 janvier 2019
Calcination du réel perçu
« Dans l'Idaho (Nord-Ouest des États-Unis), un cycliste amateur pris d'un besoin pressant a causé un important incendie en mettant le feu au papier toilette qu'il avait utilisé pour se torcher le "fondement de l'historialité du Dasein". Plusieurs centaines d'hectares de réalité empirique ont ainsi été détruits par les flammes. » (La Libre Belgique, 26 juillet 2015)
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Forcipressure
Il est admissible de se représenter la forcipressure sous la forme non-risible d'une pince à deux branches servant à comprimer un conduit, une cavité ou des tissus qui saignent.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Vertus médicinales du cloporte
13 octobre. — Selon la Pharmacopée de Londres, les cloportes doivent être enfermés dans une toile claire, et suspendus au-dessus de l'esprit-de-vin chaud, dans un vaisseau bien fermé, jusqu'à ce que la vapeur les ait fait mourir, et rendus secs et friables. La Pharmacopée d'Édimbourg, en revanche, préconise d'enfermer les cloportes dans un vaisseau convenable, et de les exposer à une chaleur fort modérée, jusqu'à ce que ces insectes soient secs. Dans ces deux procédés, d'après M. William Lewis (Connoissance pratique des médicamens les plus salutaires), « les cloportes deviennent également propres à mettre en poudre, sans qu'il y ait à craindre qu'ils perdent rien de leurs vertus ». — Mais quant à savoir quelles sont ces vertus, M. Lewis n'en dit mot, non plus que de celles des « pattes d'écrevisses de mer ou homarts », de la « tuthie », du « succin », ou de la « graisse de vipère ».
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Concept abstrait
Moins heureux que Descartes qui, de son doute, tirait du moins la certitude de son existence, l'homme du nihil ne peut tirer du sien une preuve suffisante qu'il n'est pas un pur et simple « concept abstrait » et qu'il ne va pas, dans un instant, être dissous par un disciple de Hegel en proie au « moment dialectique ».
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Cycéon
14 août. — Vauvenargues dit que le cycéon était une préparation alimentaire des Grecs, faite ordinairement avec du vin, de la farine d'orge grillée, du miel, de l'eau et du fromage.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
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