« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mardi 29 janvier 2019
Commissoire
Commissoire ! Telle est une clause dont l'inexécution annule l'acte qui la contient : pacte commissoire. Concluons un pacte commissoire avec le Grand Rien.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Écailles de tortue
30 novembre. — « La cendre des écailles de tortue, incorporée dans du vin et dans de l'huile, est souveraine pour guérir les crevasses et les ulcères des pieds. Les raclures de la superficie de l'écaille de tortue, données en potion, sont contraires à l'acte vénérien ; ce qui est d'autant plus merveilleux que la poudre de l'écaille entière passe pour être un violent aphrodisiaque. Pour leur urine, je ne pense pas qu'il soit possible de s'en procurer autrement qu'en les disséquant, pour la surprendre dans son réservoir naturel ; aussi les Magiciens la mettent-ils au nombre de leurs recettes prodigieuses. Elle est un remède spécifique contre les morsures des aspics, mais plus efficace encore, à ce qu'on dit, si l'on y mêle des punaises. Les œufs de tortues, durcis, font un bon liniment contre les écrouelles, et pour le traitement des ulcères occasionnés par la brûlure ou par le froid. On en avale pour les maux d'estomac. » (Pline, Histoire naturelle, Liv. XXXII)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Catalepsie
Des attitudes cataleptiques aident parfois le suicidé philosophique à rejoindre le règne minéral, ou à défaut le végétal : immobilité du poëte vaudois Edmond-Henri Crisinel, tandis que le philosophe Weininger laisse pendre ses longs bras, sans parler de la rigidité d'un Albert Caraco qui évoque à certains égards la contracture hystérique. Inversement, le balancement machinal de l'écrivain dadaïste Jacques Rigaut n'est-il pas comparable à un tic ?
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
lundi 28 janvier 2019
Baciccia
Baciccia se distingue par sa pénétration psychologique et un accent de cordialité qui révèle la familiarité du peintre avec le milieu papal.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Os dans le pâté
16 décembre. — « Le problème avec les souvenirs, même agréables, c'est qu'il faut d'abord vivre les choses qu'ils remémorent. » (Edmond Chassagnol, Théorie du trop-plein) — Comme cela est vrai ! Ah ! mon père et ma mère, que je vous veux de mal !
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Vieille feuille
À force d'acharnement, la jankélévitchienne « temporalité du temps » finit par donner au Dasein des allures de vieille feuille. « On ne saurait mieux marquer le caractère foncièrement déficient, tourné vers l'immobilité et le retour à l'inorganique, qui me paraît l'essentiel de ce processus mortel qu'on nomme la vie », note à ce sujet Gragerfis dans son Journal d'un cénobite mondain.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Hommes d'action
L'angoisse de la mort ne hante pas les cervelles rubéfiées des bipèdes agissants.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Taiseux
23 novembre. — « Passalorhynchites. Hérétiques du onzième siècle, qui suivaient les erreurs de Montan, et faisaient consister toute la perfection du vrai chrétien à garder le silence. Les Passalorhynchites se fondaient, pour ne point parler, sur les paroles du psaume 140, "Pone, Domine, custodiam ori meo & ostium circumstanciæ labiis meis" : Mettez, Seigneur, une garde à ma bouche, & une porte de circonspection à mes lèvres. En conséquence de la fausse interprétation qu'ils donnaient à ce passage, on les voyait toujours un doigt devant leur nez, pour se fermer la bouche et témoigner, par là, une extrême application pendant leurs prières ; mais ces hypocrites ne se permettaient pas moins en secret les crimes les plus abominables. » (Jean-Pierre Costard, Dictionnaire universel, historique et critique des mœurs, tome troisième, Paris, J.-P. Costard, 1772)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
dimanche 27 janvier 2019
Emprise magique du Rien
Les analyses de Gragerfis sont ici précieuses : le Rien n'est pas la simple absence d'être ; il y a quelque chose de positif en lui. Alors que l'être est aussi vaporeux qu'une barbe à papa, le Rien est « étoffé », il touche directement l'individu, l'enveloppe, le pénètre et même passe au travers : ainsi « le Moi est perméable pour le Rien tandis qu'il ne l'est pas pour l'étant — existant ou subsistant, n'importe. » La sensation de mystère que fait éprouver le taupicide ne viendrait pas d'autre chose.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Agir
La seule pensée de devoir appuyer tantôt sur la queue de détente me fatigue terriblement, me donne envie d'aller me recoucher — et gémir.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
De l'être
12 décembre. — Selon Parménide, l'être est « indivisible et inengendré », tandis que « le non-être n'est pas ». — L'Éléate était-il « bouché à l'émeri » ? Nous ne pouvons ici que poser la question.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Un déguisement peu ragoûtant
Dans son désir de fusionner avec le Grand Indéfini d'Anaximandre, l'homme du nihil s'assimile non seulement au végétal ou au minéral, mais encore à l'excrément. Ainsi, un suicidé philosophique décrit par Poulton affecte la ressemblance avec une fiente d'oiseau, en un mimétisme parfait de forme, de couleur et de consistance 1. De même, un nihilique du British Museum apparaît au repos comme un petit amas allongé, blanchâtre à l'une de ses extrémités et noir à l'autre, tout à fait identique à une déjection de mésange. Posés sur la même feuille, un excrément réel et le zélateur du Rien sont indiscernables.
1. E.-B. Poulton, The colors of philosophical suicidees, Intern. scient. series, t. LXVIII, Londres, 1890.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Penser
Savoir qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil, que tout a déjà été dit, et parvenir quand même à formuler une pensée, fût-elle embryonnaire... Prodige d'impudence et d'absurdité, sans doute, mais qui seul donne au « Dasein » l'illusion d'exister.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Mantes
25 novembre. — S'il faut en croire Gragerfis (Journal d'un cénobite mondain), la famille des Mantidés comporte quatorze genres, parmi lesquels celui des mantes proprement dites qui rassemble les mantes desséchée, superstitieuse, herbacée, la mante feuillebrune, la mante large-appendice (Mantis latystylus), les mantes sublobée, flavipenne, et mouchetée, la mante lune, la mante simulacre, les mantes patellifère, pustulée, voisine et variée, la mante à deux mamelons (Mantis bipapilla), la mante col-étendu, les mantes cuticulaire, éclaboussée, salie (inquinata) et gazée, la mante pieds-velus, les mantes ornée, pieuse, religieuse, prasine, prêcheuse et vitrée, la mante à ceinture, la phryganoïde, l'annulipède, la multistriée, la décolorée, la mante sœur, l'agréable, la mante bleu-d'acier (Mantis chalybea), la mante hanches-rouges, (Mantis rubocoxata), la mante nébuleuse, et enfin, la mante claire et la mante de Madagascar. — Il n'y manque que la chaise percée du Dalaï-Lama !
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
samedi 26 janvier 2019
Automate
L'excrément, par ses seules mœurs cavernicoles, possède déjà des titres suffisants pour expliquer l'intérêt qu'on lui porte, l'émotion qu'il suscite communément. Mais ce ne sont pas les seuls. Il se présente de plus, avertit M. Léon Binet, comme « une machine aux rouages perfectionnés, capable de fonctionner automatiquement ». — Et il est de fait que sa reptation dans le « boyau culier » paraît inconsciente et spontanée, pour tout dire automatique !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Socialisme utopique mon cul
À chaque instant, le monde croule et se désintègre, mais c'est pour être aussitôt refait à neuf par les insanes disciples de ce détestable vermisseau, de ce « Cabet ».
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Festin de pierres
31 janvier. — « Chez d'autres individus, on peut voir le lobule de l'oreille atrophié ou hypertrophié, et Frigerio dit avoir observé, à la prison de Pesaro, un criminel fou homicide à type félin et avec un énorme lobule, lequel, entres autres aberrations, offrait celle d'avaler journellement un grand nombre de pierres (allotriophagie). » (Dr Émile Laurent, Le criminel aux points de vue anthropologique, psychologique et social, Paris, Vigot Frères, 1908)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Espaces
Dans le même temps que la science contemporaine multiplie les espaces représentés (espaces de Finsler, de Fermat, hyper-espace de Riemann, espaces topologiques de Baire, de Haussdorff, de Hilbert, de Schwartz, espaces abstraits, généralisés, ouverts, fermés, denses en soi, clairsemés, etc.), il n'a jamais été aussi difficile à l'homme du nihil de trouver une place où poser son Moi œdémateux.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Chez les fous
28 janvier. — « Durant mes visites dans ce triste séjour et après l'avoir quitté, j'éprouvais un sentiment fiévreux de terreur et de mélancolie que ne parvinrent à dissiper ni le mouvement de la voiture, ni l'aspect de Paris, ni mon éloignement des aliénés. Je croyais retrouver dans chaque personne que je rencontrais les symptômes de la démence, et je frissonnais en reconnaissant chez toute cette population qui se croisait autour de moi le crâne aigu de l'idiot, le masque proéminent de l'imbécile, les gestes saccadés du maniaque ou le regard égaré du furieux. » (Samuel-Henri Berthoud, Études sur Bicêtre, Paris, 1836)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
vendredi 25 janvier 2019
Déguisement du nihilique
Chez l'homme du nihil, « le déguisement apparaît comme un acte d'automatisme pur » 1, car il se vêt de tout ce qu'on lui propose, y compris des éléments les plus voyants (expériences d'Hermann Fol, 1886). Ce comportement en outre dépend de la vision, car il n'a lieu ni la nuit ni après l'ablation des pédoncules oculaires (expériences d'Aurivillius, 1889).
1. E.-L. Bouvier, Habitudes et métamorphoses des nihiliques, Paris, Flammarion, 1921.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Que faire ?
Quelle sagesse désormais ? Le nœud coulant ? L'incantation ? Déguster une absinthe sur une terrasse au-dessus de la mer en écoutant la Chanson perpétuelle d'Ernest Chausson ? — Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence !
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
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