Il est dit dans le Psaume 32 qu'est heureux l'homme « dans l'esprit duquel il n'y a pas de fraude, fiscale ou autre ».
« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
lundi 21 février 2022
dimanche 20 février 2022
Coup de sang
L'homme
du nihil est d'un naturel débonnaire et il en faut beaucoup pour le
faire sortir de ses gonds. Mais quand on lui parle de vivre, il voit
rouge.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
samedi 19 février 2022
Page de journal
« 30
avril, 22 heures 35. — Cioran commence à me saouler, avec son “irréparable”. Quelle grandiloquence, ma parole, et quel manque de tact,
chez ce Roumain ! Tu appuies trop, mon ami ! » (Stylus Gragerfis,
Journal d'un cénobite mondain)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 18 février 2022
In illo tempore
L'homme
du nihil raconte que dans son enfance, le boueux empoignait la poubelle
à main nue, la hissait sur son épaule, et en déversait le contenu dans
une carriole tirée par un tracteur ou par un « bourrineau ». À la fin de
sa tournée, le boueux vidait la carriole dans un énorme trou creusé à la
sortie du village : le dépotoir. On n'avait pas encore inventé les « déchetteries », en ce temps-là. Les hommes étaient plus proches de la
nature, moins chochottes, et par conséquent moins névrosés. Des « déchetteries » !!! — « Ô boueux de mon enfance ! Qu'êtes-vous devenus ? », s'exclame, pathétique, l'homme du nihil (au dire de Gragerfis).
(Fernand Delaunay, Glomérules)
jeudi 17 février 2022
Vengeance !
Le
Grandiloque des Carpates a raison de dire que le désir de vengeance est
ce qu'il y a de plus profond dans l'être humain. Pourquoi écrirait-on,
autrement ? Certes, les mots sont dérisoires, mais quel autre moyen
avons-nous de nous venger du réel (et des bourrelles qui l'infestent) ?
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mercredi 16 février 2022
Weniger Licht !
Les
seules personnes à peu près supportables sont celles qui fuient toute
forme de reconnaissance (à commencer bien sûr par les applaudissements). — Félicite-t-on un porcus singularis, un bigaradier ou une biscotte
confiturée d'être ce qu'ils sont ?
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mardi 15 février 2022
Besoin de rien
La mère de l'homme du nihil, quand
quelqu'un frappait à sa porte, commençait par dire à l'importun qu'elle « n'avait besoin de rien ». Et elle lui refermait la porte au nez sans
même s'enquérir de ce qu'il voulait. Eh bien, l'homme du nihil, c'est
pareil : il n'a besoin de rien. Juste qu'on le laisse une bonne fois
tranquille. Il en a soupé de la méchanceté des hommes.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 13 février 2022
Un chalumeau pour le rouquemoute
« Cioran dit qu'il lui a fallu toute une vie pour s'habituer à l'idée d'être rouquin. Or il ne l'était même pas !
— Il a dit roumain, pas rouquin.
— Oh. »
(Fernand Delaunay, Glomérules)
— Il a dit roumain, pas rouquin.
— Oh. »
(Fernand Delaunay, Glomérules)
jeudi 10 février 2022
Façons de vivre
Pour vivre, il est constant —
cela a été souligné par maints moralistes, notamment le « Grandiloque des
Carpates » — qu'il faut n'avoir aucun sens du ridicule. Cependant, si
l'on est affligé de ce sens, qu'on n'arrive pas à l'étouffer, et que
pour une raison x ou y on veut quand même vivre, il existe une solution :
faire le clown — c'est ce que Dostoïevski appelle « l'existence
ironique ». — Nota bene : Il y a bien aussi l'homicide de soi-même,
mais cette option n'entre pas en ligne de compte puisqu'elle ne permet
pas à proprement parler de « vivre ».
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 7 février 2022
Du beau ! Du sublime !
Quand
quelqu'un s'avise de qualifier une œuvre — par exemple un arrangement
de mots — de « sublime », on peut parier sans risque de se tromper qu'il
s'agit soit d'un crétin soit d'un lèche-cul (les deux ne sont pas
incompatibles). — Je t'en foutrai du « sublime », moi, tuouaouar ! Salop ! Peau de fesse ! Nerf sciatique ! Grosse vache !
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 6 février 2022
À propos de bottes
Le nihiliste
russe Dmitri Pissarev, un jour qu'il était « gonflé à bloc », aurait
déclaré qu'une paire de bottes valait mieux que les œuvres de Pouchkine
et de Shakespeare réunis. L'homme du nihil n'a rien à redire à cela,
mais il considère pour sa part qu'une paire de bottes, ou même de
simples chaussons, vaut mieux que la réalité empirique en général (y
compris, bien sûr, les œuvres de ces deux ballots). Il est vrai que les
bottes — ou les chaussons — font aussi partie de la réalité
empirique, mais passons : c'est juste « histoire de dire ».
(Fernand Delaunay, Glomérules)
samedi 5 février 2022
Ataraxie
Sextus Empiricus se
trompe : suspendre son jugement n'est pas suffisant pour parvenir à la
tranquillité de l'âme. Il faut aussi suspendre tout le reste, par
exemple au moyen d'un nœud coulant qu'on a fixé au portique d'entrée du
potager. Il est notoire que l'homicide de soi-même, en annulant les
interactions avec la réalité empirique, permet d'atteindre une quiétude
semblable à celle qui, chez les stoïciens, résulte de la connaissance du
mouvement de l'univers, animé par un air chaud — le pneuma — dans
un processus infini et cyclique d'inspiration et d'expiration.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 4 février 2022
Page de journal
« 3 avril. — Ce soir, en
rentrant, le vocable hystricognathe, sorti spontanément de ma bouche, a
rempli l'appartement — puis l'univers tout entier. » (Stylus
Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mercredi 2 février 2022
Une lugubre excursion
« Promenade,
ou plutôt errance, à l'intérieur de ma pachyméninge — dire qu'on peut
si près de Paris trouver des paysages aussi mélancoliques ! » (Stylus
Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mardi 1 février 2022
Réfutation du pachynihil
La douleur presque
insupportable qui émane d'un panaris (ou d'une rage de dent, ou d'une
colique néphrétique, etc) témoigne contre la souveraineté du Rien.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 31 janvier 2022
Musique céleste
« Chaque fois que j'entends du
Michel Fugain, je me dis qu'il est impossible que tout soit apparence.
Il faut qu'il y ait autre chose. Et puis, le doute me reprend. » (Stylus
Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
Végéta voit son rêve d'immortalité s'envoler
« Dans
le néant pénible où je végète, il n'y a place ni pour ceci ni pour
cela. Ni pour l'art, ni pour la science, ni pour la philosophie. Il y a
place pour peau de zob, en fait. » (Marcel Bigeard, Mon baroud dans le
réel)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 28 janvier 2022
Bovarysme
Si les bonnes femmes étaient moins
cruches, si elles arrêtaient de croire au « bonheur » (rien qu'à écrire ce
mot on est embarrassé), il y aurait sûrement moins de souffrance en ce
monde.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
jeudi 27 janvier 2022
Un imposteur (suite)
Un homme que taraude
incessamment l'idée du Rien, on ne l'imagine pas choisir une cuillère en
bois dans un grand magasin. Pourtant, le 8 octobre 1963, le « négateur
universel » Émile Cioran... — Mais laissons cela. Inutile
d'insister, ce serait trop cruel.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mardi 25 janvier 2022
Impression extraordinaire
« Dans
les Cahiers de Cioran, je suis tombé hier soir avant de me coucher sur
ces paroles : “Dans un livre gnostique, L'Évangile selon Thomas, je suis
tombé hier soir avant de me coucher sur ces paroles : « Jésus dit : “Malheur à cette chair qui dépend de l'âme et malheur à cette âme qui
dépend de la chair” ». Impression extraordinaire, à en perdre le
sommeil.” Impression extraordinaire, à en perdre le sommeil. » (Stylus
Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
Erreur sur la personne ?
D'après
Gragerfis, l'homme du nihil est « l'intercesseur obligé entre le vulgum
pecus et le Vrai, c'est-à-dire le Rien ». — Mais n'est-ce pas là lui
faire trop d'honneur ? Et que peut bien importer à l'homme du nihil
d'éclairer — métaphysiquement ! — le vulgum pecus à la manière d'un
radical quinquet ? Non, il y a certainement maldonne, ce n'est pas
possible.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 24 janvier 2022
Aux chiottes les organes
Il est
déjà coton de se débrouiller avec l'« être » quand on est en bonne santé,
mais quand on est mal fichu — quand on a un « pet de travers » —,
c'est quasiment mission impossible. On ne peut que maudire, éructer et
se lamenter. Aux chiottes les organes, les cellules, le cytoplasme, les
mitochondries, la membrane plasmique et les villosités ! Je t'en foutrai
du « corps », moi, tuouaouar !
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 23 janvier 2022
Rimbaud l'énervant
Le poëte Arthur
Rimbaud a toujours mis l'homme du nihil assez mal à l'aise. D'une part,
il a écrit ses poëmes alors qu'il n'était qu'un morveux qui ne
connaissait rien à la vie, et les « enfants prodiges » ont toujours
prodigieusement horripilé l'homme du nihil (autre exemple : Mozart).
D'autre part, tout, dans ses poëmes, est « trop bien calculé ». L'homme du
nihil n'est pas vraiment capable d'exprimer le malaise qu'il ressent
mais « il sait ce qu'il sait ». Il admet cependant que Rimbaud a eu une
trouvaille géniale : le gruère.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
samedi 22 janvier 2022
Question de priorité
L'homme du
nihil se refuse absolument à écrire un article sur « Tolstoï et
l'obsession de la mort ». Il n'a pas que ça à faire, sacré nom d'une pipe ! Et la temporalité du temps ? Et l'haeccéité ? Et la question de
l'homicide de soi-même ? Qui va s'en occuper ? Le pape François ?
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 21 janvier 2022
Ah Bartleby ! Ah humanity !
Quand on est jeune et
qu'on ne connaît pas les personnes du sexe, elles vous fascinent et vous
intimident ; quand on est plus vieux et qu'on les connaît, elles vous
terrifient.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
jeudi 20 janvier 2022
René le lycanthrope
« Demeurer tout le jour seul,
enfermé dans un poêle, où l'on a tout loisir de s'entretenir de ses
pensées ; puis, la nuit venue, courir les campagnes en poussant des
hurlements, franchir les fossés à quatre pattes, étrangler des séries de
jeunes filles et les dévorer à belles dents... Ah, quel délice ! » (Les
trente-trois délices de René Descartes, Trad. de Simon Leys)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
Inexistence de Descartes
Après de
méticuleuses recherches et une « introspection à tout casser », l'homme du
nihil parvint à la conclusion que le « cogito » n'était qu'une « vaste
fumisterie ». « Il n'y a pas plus de cogito que de beurre au prose,
déclare-t-il à Gragerfis 1. Et il est donc tout à fait possible que
Descartes, sans qu'il s'en rende compte, n'ait pas été. »
1. Cf. Journal d'un cénobite mondain, p. 237.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
1. Cf. Journal d'un cénobite mondain, p. 237.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mercredi 19 janvier 2022
Rédhibitoire
« Dès que quelqu'un me parle de développement personnel ou de crustacés, je sais que je me trouve en
présence d'un crétin. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite
mondain)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 16 janvier 2022
Sommeil de mort
« Réveille-toi, homme du nihil, de ce sommeil de mort
Dans lequel t'a plongé la réalité empirique. »
Dans lequel t'a plongé la réalité empirique. »
Ainsi commence l'hymne national de l'homme du nihil.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
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