« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mardi 23 octobre 2018
Entéléchie
En 1891, le biologiste Hans Driesch a montré, en dissociant deux blastomères d'oursin, que chacun des blastomères peut se développer d'une façon complète. Faut-il en conclure que l'autonomie de la vie est réalisée par l'intermédiaire de l'entéléchie ? Ce serait tout de même « un peu fort de café » !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Fugacité
Dans le cas d'un mélange gazeux, la quantité correspondant au produit de la pression partielle et du coefficient d'activité a la dimension d'une pression et est nommée — thaumaturgie du mot ! — fugacité.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Contre William Blake
Le grain de sable ne contient rien autre chose que sa propre ineptie.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Nuisances sonores
Quoi qu'en pense le solipsiste, il nous paraît, à nous du Jin, que l'existence du monstre bipède — le fameux « autrui » du philosophe Levinas — est suffisamment attestée par le bruit infernal dont il accable sans cesse nos tympans — le bruit même de l'haeccéité. Le poète Tibulle semble en avoir souffert de même, puisqu'on lit dans ses Élégies : Nunc ego me surdis auribus esse velim !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Interrogation
Le suicidé philosophique qui manque à lui-même n'est-il pas toujours un suicidé philosophique défectueux ?
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
De la certitude
« Messieurs, j'ai bien l'honneur de vous assurer que ceci est ma main. »
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Huile de tourlourou
« M. Virey a fait connaître à la section de Pharmacie de l'Académie royale de Médecine, un médicament huileux employé par les nègres pour soulager les douleurs dues à l'haeccéité. Cette huile s'obtient en exposant les viscères, le foie, les intestins du crabe, à l'action de la chaleur, exprimant ensuite, et tirant à clair. » (A. Chevalier, A. Richard, J.-A. Guillemin, Dictionnaire des drogues simples et composées, Béchet jeune, Paris, 1828)
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
lundi 22 octobre 2018
Abomination
Peu importe à l'homme du nihil de savoir qui a conçu l'abomination que les philosophes nomment « réalité empirique », ni pourquoi elle est là, car il faut lui rendre cette justice qu'elle est d'une laideur assez éloquente pour frapper d'inutilité toutes les explications possibles. Le fait est qu'elle est là, qu'elle s'est introduite par force dans son « conscient intérieur », et le scandale est grand.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Oubli coupable
Vers 249 avant notre ère, un troisième concile bouddhique — genre de colloque de Cerisy avant l'heure — se déroule à Pataliputra, sous l'impulsion du roi Asoka. Les disciples y abordent les thèmes de l'existence de l'âme, tentent de mettre au point une certaine orthodoxie du bouddhisme et définissent le Moi « un empilement incertain, bringuebalant et sans cesse compensé » — ce qui ne laisse pas d'évoquer une motocyclette chargée de cages à poules. Cependant, inconcevable oubli que devra réparer l'homme du nihil, ils omettent de définir aucun protocole de dilacération du Moi ! — Ô vanité des vanités ! Ô rictus bestial de l'existence !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Travail intérieur
La paix que procure l'idée de l'homicide de soi-même n'est pas donnée par la nature, dès l'abord, complète. Elle suppose un travail intérieur — par exemple sur un « matelas-tombeau » à la Heinrich Heine — où l'homme affronte sa peur de vivre et de mourir.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Désabusement précoce
« J'ai eu, mes amis, l'âme vitriolée dans ma jeunesse. Rien de frais n'y subsiste, hormis peut-être quelques sardines embouquées dans les méandres de mon être-là, et une fiole de vin résiné. »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Propitiation
On croirait presque surprendre un rite à voir le suicidé philosophique charger son revolver Smith & Wesson ; et la cartouche de calibre .44 russian qu'il place avec soin dans le barillet prend tout à coup un air d'antiquité extrême et un sens propitiatoire.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Mangeur d'hommes
Le tigre habite le sud de l'Asie, Sumatra et Java. Sa livrée, d'un beau jaune orangé, blanchâtre au ventre, est marquée de zébrures noires. Le tigre est, avec le lion, le plus puissant des carnassiers ; il est nocturne, se tient dans les forêts marécageuses, au voisinage des cours d'eau. Il attaque particulièrement l'homme ; de là le nom de mangeur d'hommes, qu'on lui a donné dans la région indienne, où il dépeuple les districts.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Silence
Notre silence n'est en général, si l'on peut dire, que la cessation du bruit, mais dans la pensée de l'homicide de soi-même règne un silence d'une telle profondeur que personne ne consent à l'endurer plus d'une trentaine de secondes. Car non seulement on y entend le bruit de tam-tam que font les battements du cœur, mais le craquement amplifié des os à chaque mouvement, et le sifflement du sang dans le viscère. Cela inspire des sentiments mélancoliques et même de l'horreur.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
dimanche 21 octobre 2018
Parties rares, parties maigres
Une partie d'un espace topologique est dite rare si le complémentaire de son adhérence est partout dense. Une partie maigre est une réunion finie ou dénombrable de parties rares. — « Ah bon ! » s'exclame l'homme du nihil, rassuré.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Préparatifs
« Il faut que le suicidé philosophique, après avoir bien étudié la configuration de son Moi, l'ait tellement présente à la mémoire, qu'il puisse, sans la voir, en donner un dessin exact ; car les parties molles, le sang, le pachynihil, masquent les circonvolutions et les anfractuosités que le couteau doit parcourir ; il ne pourra donc pas être, en général, convenablement dirigé, sans la condition que nous venons d'énoncer. » (Jacques Lisfranc, Précis de médecine opératoire, Paris, 1846)
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Liqueur antiputride
« On conçoit que la partie dominante de la liqueur de M. Faure de Beaufort étant l'acide vitriolique, la propriété qu'a cet acide de s'unir aux parties alcalescentes et de les neutraliser la rend propre à prévenir ou même à corriger la corruption du Moi. La plupart du temps, une cuillerée à soupe de cette liqueur suffit à subjuguer entièrement et définitivement le "sinistre polichinelle". » (Lavoisier, Rapport sur un moyen d'éviter la corruption du Moi, 1773)
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Sur les traces de Péladan
L'exercice défécatoire me rapproche des mystagogues et illuminés.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
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