« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mardi 15 janvier 2019
Au centre du Dasein
C'est dans l'acte défécatoire que l'on saisit le mieux, à vif, la collusion des postulations le plus secrètes, les plus virulentes du psychisme individuel et des pressions les plus impératives et les plus troublantes de l'existence sociale. Il n'en faut pas plus pour accorder au « Suisse » une position éminente et pour inciter à ordonner par rapport à lui quelques-uns de ces problèmes essentiels qui touchent à la fois au monde de la connaissance et à celui de l'action.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Je-m'en-foutisme
Aux limites de la ville, la foule hystérique attend un nouveau messie. Dans sa cave, désabusé, l'homme du nihil joue au bridge 1 avec le suicidé philosophique (ce dernier fait le mort).
1. Il s'agit évidemment d'une variante à deux joueurs, comme dans la nouvelle La Tempête de neige de Pouchkine.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Beauté de Virgile
« Par-delà les affreux rivages et les rauques torrents du Cocyte »... — Comme cela est beau et nous émeut au suprême !
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
lundi 14 janvier 2019
Omnia vanitas
L'idée du Rien — comme d'ailleurs la matière fécale qui en est en quelque sorte le corollaire — avertit l'homme qu'il n'y a pas d'entreprise à ce point pressante et incontestable qu'il ne trouve pas avantage à maintenir à son égard une distance salutaire. Elle lui donne la hauteur voulue pour voir l'objet de sa préférence ou de son obstination comme une sorte de mirage inconsistant, que quelques gouttes de taupicide suffisent à dissiper.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Réveil douloureux
En même temps qu'elle lui fait prendre conscience de son corps vécu, la douleur physique révèle à l'homme l'exorbitante absurdité de « créer des concepts ».
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Page de journal
26 octobre. — « Cosse est le nom vulgaire donné aux valves des gousses et des siliques. Tout le monde connaît les cosses du pois et du haricot. » (J.-C. Philibert, Dictionnaire universel de botanique, tome premier, Paris, Merlin, 1804)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Contamination
Ce n'est pas par ceux de ses aspects qui l'opposent à la réalité que la matière fécale est redoutable et insidieuse, mais tout au contraire par ceux qui l'en rapprochent — la taciturnité, la noirceur, la fétidité — et qui parviennent à la fin à faire planer sur elle, par contre-coup, un soupçon décisif d'irréalité.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Passalorynchites et tascodrugites
Les cyniques de l'Antiquité, hirsutes précurseurs des ascètes chrétiens, ont épuisé la pensée métaphysique, ontologique et autre jusqu'à la nausée. Il nous reste à épuiser le langage — à exténuer le dictionnaire.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Canaques
28 novembre. — Les Canaques des Nouvelles-Hébrides sont des sauvages anthropophages de même origine que les Canaques de la Nouvelle-Calédonie et non moins redoutables qu'eux. Selon M. Leroy-Beaulieu, en plus d'être anthropophage, le Canaque est à la fois très belliqueux, voleur et assassin. Pour d'Entrecasteaux, il est cruel et sournois. Triste spécimen d'humanité que le Canaque ! Un point en faveur des Canaques de la Nouvelle-Calédonie, cependant, est qu'ils ont montré un réel esprit de progrès au point de vue agricole.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
dimanche 13 janvier 2019
Un fascinant bibelot
Que la contemplation d'un « cigare japonais » bien moulé engendre une fantasmagorie chatoyante, née du regret et du désir, créatrice de simulacres évanescents, personne ne le niera. Mais là n'est pas l'apport principal du « cas ». Il réside plutôt dans sa capacité de fascination. L'excrément manifeste en effet quelle souveraine aisance jaillit, quand sont abolis les contrôles qui permettent l'œuvre constructive et diurne de l'homme.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Borchtch phrastique
Transmuer les remugles du « conscient intérieur » en un minestrone adjectival, voilà le but vrai de la littérature.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Fétichisme
25 novembre. — « Par fétiche, on entend toute sorte de choses animées ou inanimées, que les prêtres de ces religions font regarder aux sauvages comme des êtres enchantés ou doués de quelque force magique et divine. Ces superstitions, les plus absurdes de toutes, règnent parmi les nations abruties de la côte de Guinée, et chez beaucoup d'autres sauvages. Elles se sont mêlées à toutes les croyances religieuses. Le bœuf Apis et le chien Anubis étaient peut-être des fétiches des Égyptiens ; la pierre noire adorée à la Mecque avant Mahomet, le dieu Phallus des Romains, l'étaient indubitablement. » (Conrad Malte-Brun, Précis de la géographie universelle, vol. 2, Paris, Buisson, 1810)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Une illusion tenace
La « réalité empirique » use d'innombrables stratagèmes pour faire croire au vulgum pecus qu'elle existe. Quoique dessillé autant qu'il est possible, l'homme du nihil continue d'éprouver le prestige d'un tel mirage et doute qu'on puisse échapper toujours à sa muette éloquence. Souvent, il y a succombé par entraînement naturel. Mais comment faire autrement, quand on subit les affres d'un panaris, qu'on est tyrannisé par une mégère difforme au faciès d'hippopotame, ou qu'un infernal pigeon dépose sur votre redingote ou votre gabardine sa fiente putride ?
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Terribilité de Mummol
25 novembre. — « Les Lombards à peine établis en Italie, ayant fait une descente dans le Dauphiné, qui étoit du partage du roi Gontran, y remportèrent d'abord une victoire, bientôt expiée (en 569), par trois grandes défaites, qui leur apprirent à respecter le nom françois et à trembler au seul nom du patrice Mummol. » (Encyclopédie méthodique – Histoire, tome troisième, Paris, Panckoucke, 1788)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
samedi 12 janvier 2019
Ténébreuses investigations
Dans son Journal d'un cénobite mondain, Gragerfis raconte qu'armé d'une lampe Mueseler 1, il a tenté, mais en vain, de percer l'obscurité qui enveloppe le « boyau culier », ce laboratoire secret où, dans le sommeil de la conscience, s'élaborent d'élémentaires et décisives fermentations. Cet échec ne l'a pas empêché de reconnaître au « Suisse » des vertus et des propriétés sur lesquelles étaient restés muets les plus enthousiastes de ses prophètes. Ainsi, il va jusqu'à affirmer qu'« il n'est rien de vigoureux ou de conquérant qui puisse prendre racine et prospérer sans son intercession ».
1. La lampe Mueseler, du nom de son inventeur, l'ingénieur belge Mathieu-Louis Mueseler, est une lampe de sûreté minière qui a, entre autres, l'avantage d'être mieux ventilée que la lampe Clanny.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
De la supériorité du jeu de dames
La complexité de la vie la fait passer pour profonde aux yeux de beaucoup. En vérité, cet enchevêtrement de phénomènes n'est que futile. Préférons donc le jeu de dames dont la simplicité des règles garantit l'opérateur des chausse-trapes de l'inattention.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Boissons fortes
24 novembre. — « Chez les Kalmouks, le lait fraisé s'appelle ussoun (en mongol su) ; le lait de vache aigri, airak ; la première eau-de-vie obtenue par la distillation du lait, arki ; la seconde, dang ; la troisième, arza (en mongol, ardjan) ; la quatrième khortsa ; la cinquième, chingtsa ; la sixième dingtsa. Tel est le goût des liqueurs fortes chez le "monstre bipède", qu'il soumet le lait jusqu'à six distillations successives ! » (Ferdinand Hoefer, Histoire de la chimie depuis les temps les plus reculés jusqu'à notre époque, tome deuxième, Paris, Hachette, 1843)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Le langage abscons du pachynihil
L'idée du Rien jaillit d'une source mystérieuse, qui paraît plus profonde et plus intérieure, plus sûre et plus vraie, que les travaux incertains de la raison pure. Elle parle en nous un langage dénué de sens, à moins qu'on ne le tienne pour la révélation des secrets les plus obscurs de l'univers, ceux qui restent interdits à notre lucidité et qui dominent notre destin.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Géométrie dans l'espace
La géométrie dans l'espace se réduit pour moi à cette simple et sobre figure : le cylindre-ogive qui inscrira son inexorable existence dans le néant convoluté de ma cervelle.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Énigmatiques Roxolans
23 novembre. — « Entre les Grecs, Strabon, Ptolémée et Dion-Cassius ; entre les Latins, Pline, Tacite, Spartien, Jules Capitolin, Trebellius Pollion, Vopisque, Ammien Marcellin, et Jornandès, ont parlé des Roxolans. Ce peuple n'est nommé par aucun autre ancien écrivain. Il est à remarquer surtout que Pomponius Mela, Solin, Étienne de Byzance n'en disent rien, quoique Solin donne une longue nomenclature des peuplades soit européennes, soit asiatiques, comprises sous les noms génériques ou de Scythes ou de Sarmates. On peut noter aussi que Virgile, Ovide, Martial, Claudien, qui nomment les Gélons, les Agathyrses, les Iazyges, les Alains, ne font aucune mention des Roxolans. » (Pierre-Louis Ginguené, Rapport sur les travaux de la classe d'histoire et de littérature ancienne, 1813)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
vendredi 11 janvier 2019
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