« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
lundi 8 avril 2019
Ivresse du « décédé »
Libre de tout viscère, exempt de tout Moi, rivaliser avec le Grand Indéfini d'Anaximandre.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Bon fond d'Agricola
14 avril. — Tacite dit qu'Agricola était un peu trop aigre dans ses réprimandes, mais qu'après cela, il ne lui restait plus rien sur le cœur, de sorte que personne ne se défiait de son silence.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
dimanche 7 avril 2019
Conscience sociale du suicidé philosophique
Le suicidé philosophique est parfaitement sensible aux distorsions sociales, aux inégalités qui défigurent notre civilisation. Mais il sent aussi que les révolutions et les réformes auront beau faire, il y a dans l'être un facteur inhumain, quelque chose qui mine le Dasein et auquel on ne peut échapper qu'au moyen du taupicide ou d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe : la vraie « lutte finale » est celle qui doit écraser l'odieuse haeccéité.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Page de journal
13 avril. — S'il faut en croire Galien, Rufus d'Éphèse connaissait à fond les livres hippocratiques. Haller a fait ressortir son mérite en botanique, en anatomie et en thérapeutique.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Vaincre le doute
« Rien ne caractérise mieux l'homme du nihil que cette faculté de fonder sa vie sur un abîme », écrit Stylus Gragerfis dans son Journal d'un cénobite mondain. Mais l'adhésion au pachynihil n'est souvent qu'un peut-être, une incertitude oscillant entre le doute et la conviction. Seul le véritable « athlète du Rien », autrement dit le suicidé philosophique, parvient à faire de l'incertitude une certitude négative et à ne plus douter du néant. Pour lui, les choses sont claires : « il n'y a pas plus d'étant que de beurre au prose ».
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Poétique du pachynihil
L'organisation logique des thèmes délirants, la destruction de la cohésion phrastique par un labour incessamment renouvelé de la syntaxe, le fantastique, la luxuriance des thèmes délirants, la discordance.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Narration oratoire
11 avril. — La manière dont Cicéron raconte la mort de Clodius, dans le Discours pour Milon, est un modèle de narration oratoire.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
samedi 6 avril 2019
Mon chien Pipik
Une fois éliminés les fous, les imbéciles, les salops et les individus qui « exultent dans leur Moi circulaire », qui reste-t-il avec qui l'on puisse « fraterniser » ? Pas grand monde. D'où la grande popularité des chiens...
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Force majeure
12 avril. — Plotin a sur l'homicide de soi-même une doctrine moins intransigeante que celle de Porphyre et de Macrobe. Il admet que le sage peut se donner volontairement la mort en cas de nécessité absolue, par exemple pour échapper à la folie ou aux souffrances intolérables dues à l'haeccéité.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
L'aiguillon de la mort
Dans son Journal, Gragerfis imagine un Dasein qui ignorerait qu'il est mortel, et dit que l'existence d'un tel Dasein « aurait à peu près la sapidité d'une pièce pour flûtes, orchestre et dispositif électronique de Pierre Boulez ».
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Âme
9 avril. — Théophile, évêque d'Antioche, parle de l'immortalité de l'âme d'une manière assez embrouillée.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
vendredi 5 avril 2019
Question schopenhauerienne
Sur quoi fonder la certitude du pire, si ce n'est sur l'existence de vocables tels que reginglette et gloméruleux ?
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Page de journal
10 avril. — Au dire de Plutarque, Pyrrhus, roi des Molosses, guérissait les personnes qui souffraient de la rate en les touchant, lentement et longtemps, sur l'endroit de la douleur.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Descente aux enfers
L'homme du nihil est de ceux dont la conscience trop claire ne guérit pas du mal de vivre :
« Me voilà rejeté vers ceux qui cherchent, questionnent,
tremblent, vers ceux qui s'aventurent au risque de s'égarer,
de perdre pied, de ne plus savoir comment vivre : les
suicidés philosophiques ! » (À travers le Rien, p. 44)
Une sorte de curiosité morbide l'a poussé à « aller jusqu'au bout », jusqu'aux ultimes conséquences du Rien. Il s'est donc forcé à sortir de son « cagibi rienesque » et à « voir des gens ». Dans son poëme Obscurité, il décrit cette « descente aux enfers », jusqu'au plus noir du néant.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Scepticisme des Thraces
7 avril. — Plusieurs entre les Thraces niaient l'immortalité de l'âme.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
jeudi 4 avril 2019
Le métier de mourir
Gragerfis déjà l'avait remarqué : la conscience rend l'existence insoutenable. Celui qui a compris que rien n'est, comment pourrait-il encore bavarder, jouer aux cartes, lire les journaux, etc. ? Tout ce qu'il peut faire, c'est mourir — et de fait, il s'y emploie incessamment.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
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