S'il
faut en croire Buffon, le bec du pélican — et particulièrement celui
de l'espèce dite gloméruleuse — serait capable d'exciser les « membranes laborieuses du temps ». Mais les savants d'aujourd'hui
estiment plutôt que cette prouesse est à la seule portée des gibbons
(bien que ces derniers soient dépourvus de bec).
De
tout temps, la cervelle philosophique s'est cru panoptique — les « amis de la sagesse » n'ayant jamais brillé par leur modestie. Mais
panoptique ou non, il ne s'en est jamais échappé qu'une mixture puante.
Quand
il était frappé de « constipation conceptuelle opiniâtre », le philosophe
Heidegger buvait un grand bol d'eau salée car d'après les Anciens, « c'est de l'eau salée que sont émanées toutes choses » (donc aussi les
concepts).
Au
dire de son compatriote Basile Munteanu, Émile Cioran ne sortait dans
la rue que par masochisme et, quand il faisait trop chaud, pour « baigner
sa face jaunie dans les vents carnassiers ».
« Étang
de Soustons, deux heures de l'après-midi. Je mangeais une biscotte
confiturée. Et tandis que je mâchais laborieusement, il m'apparut
qu'être et non-être s'étaient entendus secrètement — les misérables ! — pour nuire au Dasein et à moi tout spécialement. »
En
mécanique quantique, un boson est une particule de spin entier qui obéit
à la statistique de Bose-Einstein. Parmi les bosons, les plus
remarquables sont les gluons, ces corpuscules responsables de
l'interaction forte. Ils tiennent les quarks ensemble en les liant très
fortement pour empêcher que la « réalité empirique » ne se désagrège !
L'absolu
ténébreux n'est qu'une idée. Pas même une sauce, juste une idée — qui
souffle dans le vacuum et s'infiltre dans le bocal des suicidés
philosophiques (exemple : Nerval).
Les
argyraspides, ces fantassins d'élite de l'armée macédonienne au temps
des conquêtes d'Alexandre, étaient agiles et endurants, ils battaient
sans se lasser les territoires du non-sens, mais ils ont montré une
certaine déloyauté envers les Diadoques.
Les
mots (les vocables) rappellent un tant soit peu les périboles des
anciens palais : ils sont une enceinte sacrée et ils introduisent à
quelque chose, mais à quoi ? Au cœur du processus de l'âme ? Ou
peut-être, plus simplement, à l'ampleur catastasique de sa trajectoire ?
Les « organes » (cerveau, cœur, rate, estomac, etc.) ont certainement une
utilité, mais ils sont aussi et surtout « les arcanes branchus de notre
déchéance ».
“Achingly
beautiful ! Coruscating ! Wickedly funny ! Delaunay's Glomérules holds the
reader's attention in an iron grip. It will appeal to the serious
scholar and general reader alike. A stunning debut !”
“Glomérules
is a groundbreaking achievement, impeccably researched and brilliantly
argued. Fernand Delaunay's work is accessible but also comprehensive,
really turning the topic on its head and taking an unflinching look at
the concept of taupicide. This is an ambitious and timely piece that
absolutely cannot be ignored.”
“A
rollicking good time ! Fernand Delaunay is known for his razor-sharp
wit, and Glomérules is no exception. Hilarious and thought-provoking,
this book had me laughing out loud from beginning to end. An absolute
delight, compulsively readable. I can't wait to see what Fernand
Delaunay does next.”
L'homme
du nihil en a soupé des « événements » et de l'inattendu. Il est
possible, comme l'a prétendu Héraclite, que la vie soit dans le
mouvement. Mais la vie, justement, c'est ce qui le rend malade. Il
n'aspire qu'à se dissoudre dans « les frimas languissants d'une routine
en forme de gluon ».
Quand
on trouve la chair triste, on se tourne vers les livres, mais une fois
qu'on les a tous lus ? On est dans de beaux draps. — Heureusement, il y
a le taupicide.
Une
femme qui veut être aimée « pour sa personnalité », nous ne pouvons que
lui souhaiter bonne chance. Mais après tout, il y a bien des zozos qui
aiment les reptiles (les herpétophiles, comme cela s'appelle), alors
tout est possible.
« Alors ? Qu'est-ce qu'ils ont dit ? — Pas grand chose. Juste “Frère, il faut mourir”. — Les salops. Mourir, hein ? Ça ne va pas se passer comme ça ! »
On
peut être misanthrope et avoir un bon fond. Souvent, l'homme du nihil
pense aux malheureux bipèdes qui, dans un dénuement extrême, sillonnent
comme lui le « désert de Gobi de l'existence ». Il leur exprime sa
compassion et sa sollicitude. Il serait prêt à faire don de sa personne
pour atténuer leur malheur, mais il ne sait pas à quoi ni à qui.
Alors
même qu'il n'était pas de Cappadoce puisque originaire de Bezons,
l'homme du nihil rêvait de rejoindre Grégoire de Naziance, Basile de
Césarée et Grégoire de Nysse dans le petit groupe ultraselect des « pères
cappadociens ».