« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
vendredi 25 janvier 2019
Histoire romaine
30 janvier. — Charmé de la narration de Tite-Live, de la pénétration de Salluste et de l'exactitude de Tacite. Mais j'aime rire. Et je ne peux rire en lisant la Vie d'Agricola ou la Conjuration de Catilina.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Tentation du vide
Selon Gragerfis, l'homicide de soi-même serait à définir correctement comme une incantation fixée à son point culminant et ayant pris le suicidé à son propre piège. Dans cette affaire, le taupicide apparaît comme un moyen, sinon un intermédiaire. La fin semble bien être l'assimilation au pachynihil. On dirait qu'il s'exerce une véritable tentation du vide.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
jeudi 24 janvier 2019
Volupté de l'insignifiance
La mort fait éprouver à l'homme l'indicible bonheur de n'être qu'un comparse.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Le carcajou, ce mal-aimé...
21 janvier. — « Parmi les espèces dont la voracité est telle qu'on peut les regarder comme véritablement insatiables, il faut citer en première ligne le glouton, animal qui se trouve dans quelques provinces septentrionales de la Suède : le nom de jerff qu'il porte dans ce pays, comme ceux de rossomack et de vielfrass qu'on lui a donné dans les langues slave et allemande, exprime sa gloutonnerie, laquelle dépasse toute croyance... Vient-il à rencontrer dans la campagne une bête morte, il commence aussitôt à la dévorer, ne se donnant point de relâche jusqu'au moment où son corps, tendu comme un tambour, est prêt de crever ; alors, s'il reste encore quelque chose de la proie, il cherche dans la campagne un lieu où des arbres aient poussé très près l'un de l'autre, il se pousse dans l'étroit intervalle qui sépare deux troncs voisins, et expulsant par cette rude pression une partie des aliments qu'il avait engloutis, il retourne vers le cadavre pour se gorger de nouveau. » (Olaüs Magnus, Histoire des nations septentrionales, Rome, 1555)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Dangers du mimétisme
Les suicidés philosophiques simulent si bien les pousses d'arbuste qu'il arrive que les horticulteurs les taillent avec un sécateur. Ou encore, ils se broutent entre eux, se prenant pour de véritables pousses d'arbuste, en sorte qu'on pourrait croire à une sorte de masochisme collectif aboutissant à l'homophagie mutuelle !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Orthorhombicité du temps
Bientôt, la science nous apprendra que le temps est orthorhombique, et nous devrons nous prosterner devant cette évidence, pour fétide qu'elle soit.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Cruauté de Commode
27 janvier. — « Aussi lâche que cruel, Commode laissa égorger ses ministres dans des séditions. Il fit tuer sa sœur Lucilla, sa femme Crispina, le grand jurisconsulte Salvius Julianus. Après avoir échappé au poignard de Quintianus et de Quadratus, au complot de Maternus, il fut prévenu par sa concubine Marcia, le chambellan Électus, et le préfet Lætus, qu'il destinait au supplice ; l'athlète Narcisse l'étouffa, après qu'on l'eut assoupi par un poison. » (Charles Dezobry et Théodore Bachelet, Dictionnaire général de biographie et d'histoire, Paris, Delagrave, 1866)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
mercredi 23 janvier 2019
Homomorphie
Les exemples d'homomorphie ne manquent pas dans la nature : les Anthocharis cardamines ressemblent à des ombellifères, les chlamys à des graines, les moenas à du gravier, les palémons à du fucus ; le poisson Phyloptérix, de la mer des Sargasses, n'est qu'une « algue déchiquetée en forme de lanières flottantes » 1, comme l'Antennarius et le Pterophryné. Mais il y a plus fort : l'homme du nihil rétracte ses tentacules, incurve son dos, accommode sa couleur, se recroqueville sur son « matelas-tombeau » et ressemble ainsi à un caillou !
1. L. Murat, Les Merveilles du monde animal, 1914, p. 37-38.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Âcreté philosophique
19 janvier. — « La philosophie communique aux choses de l'esprit une saveur nauséabonde, très désagréable, et qu'il est extrêmement difficile d'éliminer. Les acides végétaux, tels que le vinaigre et le jus de citron, d'une part, et l'eau bouillante légèrement alkalisée, de l'autre, sont les deux moyens les plus avantageux à employer dans cette circonstance. » (Ambroise Marie François Joseph Palisot de Beauvois, Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquée aux Arts, à l'Agriculture, à l'Économie rurale et domestique, à la Médecine, etc., Paris, Deterville, 1818)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Tentative de la dernière chance
Après avoir discuté avec Hosteen Frank Sam Nakai, l'homme du nihil décida, plutôt que de se tourner illico vers le taupicide, de se faire exécuter d'abord un « Chant du Sommet de la Montagne » afin de voir s'il pourrait retrouver hozho. Il serait toujours temps d'aviser ensuite...
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
mardi 22 janvier 2019
Le silence du pylore
24 janvier. — « À cette époque, mon pylore fonctionnait encore sans à-coups. Il faisait son travail en silence, modeste rouage de la grande machine de l'univers. Je ne lui accordais pas même une pensée, trop occupé que j'étais à conchier l'haeccéité, le Moi, l'idéalisme fichtéen, toutes choses qui faisaient de moi, pensais-je, le plus infortuné des hommes. Hélas ! Ce silence du pylore, c'était le bonheur et je ne le savais pas. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Mimétisme stercoral
On le sait depuis les travaux de Frobenius, les « crottes » sont capables de prendre à peu près n'importe quelles forme et couleur pour se fondre dans l'environnement où le hasard les a placées. Ce mimétisme de l'excrément illustre de façon quelquefois hallucinante le désir humain de réintégration à l'insensibilité originelle, qu'il faut rapprocher de la conception panthéistique de la nature, fréquente traduction philosophique et littéraire du retour à l'inconscience prénatale, autrement dit au pachynihil.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Retour à la réalité empirique
S'éveiller, c'est réintégrer la fosse anaphrodisiaque du réel, retomber dans le prisme néfaste de la volition.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Non loin de Montcuq (Lot)
23 janvier. — « Dans le cours de l'année 1214, un des principaux barons du Quercy, Déodat de Barrasc, seigneur de Béduer et autres lieux, vint à la rencontre de Simon de Montfort, et conclut avec lui, non loin de Montcuq, un traité par lequel il promit de démolir toutes les fortifications de ses domaines. » (J.B. Gluck, Album historique du département du Lot avec les vues des principaux monuments et sites de cette partie du Quercy, Paris, Gluck Frères, 1852)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
lundi 21 janvier 2019
Sacralité du « cas » en Provence
Il semble qu'il faille se ranger à l'opinion de De Bomare qui écrit que, dans toute la Provence, l'excrément est regardé comme sacré, et qu'on évite de lui causer le moindre dommage.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Gélose
L'idée du Rien, par sa gluance molle, évoque assez la gélose, cette substance mucilagineuse extraite d'algues marines du Pacifique ou de l'océan Indien.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
À propos du zététique Pyrrhon
27 novembre. — « Pyrrhon, célèbre philosophe d'Élide, fils de Pistorade, et disciple d'Anaxarque, exerça la profession de peintre avant de s'attacher à l'étude de la philosophie. Il flottoit dans un doute perpétuel, trouvoit partout des raisons d'affirmer et de nier, et après avoir bien examiné le pour et le contre, il suspendoit son jugement, et se réduisoit à dire : cela n'est pas évident. Ainsi il chercha toute sa vie la vérité, et ne voulut jamais convenir qu'il l'eût trouvée. C'est cet art de disputer sur toutes choses, et de douter toujours, que l'on appela scepticisme ou pyrrhonisme. Les disciples de ce philosophe prirent le nom de sceptiques. On les appeloit aussi inquisiteurs, douteux, examinateurs. Pyrrhon se flattoit de posséder une situation d'esprit exempte de trouble par le moyen de l'ataraxie qui règle les opinions, et de la métriopathie qui modère les passions. » (Mathieu Christophe, Dictionnaire pour servir à l'intelligence des auteurs classiques, grecs et latins, comprenant la géographie, la fable, l'histoire et les antiquités, Paris, Duprat-Duverger, 1805)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Métamorphoses florales
Par une condensation intense de sa volonté, par une exaltation prodigieuse de son dynamisme fluidique, l'homme du nihil parvient parfois à prendre l'apparence d'une anémone verdâtre, ou d'une simple et merveilleuse orchidée. Ces métamorphoses florales à la faveur desquelles il retourne au règne végétal complètent à la fois ses étonnantes capacités d'automatisme et l'attitude désinvolte dont il use vis-à-vis de la mort. Esquisses d'un retour à l'inanimé, elles donnent, selon Gragerfis qui les a maintes fois observées, l'image sensible d'une démission de la vie.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Falaise
Le suicidé philosophique cherche d'efficaces escarpements, où précipiter son intérieur frit.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
dimanche 20 janvier 2019
Dégoûtants Gioghis
29 novembre. — « Enfin Walther Schulzius (Ost-indianische Reise, lib. 4, c. 10) cite une tribu de l'Inde, dite Gioghi, qui ne prend aucun aliment sans y ajouter de la bouse de vache, et qui se barbouille la face et les cheveux avec cet excrément. » (Pierre Jannet, Jean-François Payen et Auguste Veinant, Bibliotheca scatologica, 1850)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
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