samedi 11 juin 2022

Glomérules toujours

 

“Achingly beautiful ! Coruscating ! Wickedly funny ! Delaunay's Glomérules holds the reader's attention in an iron grip. It will appeal to the serious scholar and general reader alike. A stunning debut !”

(The Montcuq Review of Books)

vendredi 10 juin 2022

Glomérules encore

 

Glomérules is a groundbreaking achievement, impeccably researched and brilliantly argued. Fernand Delaunay's work is accessible but also comprehensive, really turning the topic on its head and taking an unflinching look at the concept of taupicide. This is an ambitious and timely piece that absolutely cannot be ignored.”

(The Paris Review)

jeudi 9 juin 2022

Glomérules, by Fernand Delaunay

 

“A rollicking good time ! Fernand Delaunay is known for his razor-sharp wit, and Glomérules is no exception. Hilarious and thought-provoking, this book had me laughing out loud from beginning to end. An absolute delight, compulsively readable. I can't wait to see what Fernand Delaunay does next.”
 
(The Alaska Quarterly Review)

Aux chiottes les événements

 

L'homme du nihil en a soupé des « événements » et de l'inattendu. Il est possible, comme l'a prétendu Héraclite, que la vie soit dans le mouvement. Mais la vie, justement, c'est ce qui le rend malade. Il n'aspire qu'à se dissoudre dans « les frimas languissants d'une routine en forme de gluon ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mercredi 8 juin 2022

Impasses

 

Le Rien est une impasse. L'être également. Il n'y a pas de solution. — Ou peut-être... écrire des haïkus ? Comme Herman van Rompuy ?

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Pensée mallarméenne

 

Quand on trouve la chair triste, on se tourne vers les livres, mais une fois qu'on les a tous lus ? On est dans de beaux draps. — Heureusement, il y a le taupicide.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Tout est possible

 

Une femme qui veut être aimée « pour sa personnalité », nous ne pouvons que lui souhaiter bonne chance. Mais après tout, il y a bien des zozos qui aiment les reptiles (les herpétophiles, comme cela s'appelle), alors tout est possible.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

À la Trappe

 

« Alors ? Qu'est-ce qu'ils ont dit ?
— Pas grand chose. Juste “Frère, il faut mourir”.
— Les salops. Mourir, hein ? Ça ne va pas se passer comme ça ! »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Bon fond

 

On peut être misanthrope et avoir un bon fond. Souvent, l'homme du nihil pense aux malheureux bipèdes qui, dans un dénuement extrême, sillonnent comme lui le « désert de Gobi de l'existence ». Il leur exprime sa compassion et sa sollicitude. Il serait prêt à faire don de sa personne pour atténuer leur malheur, mais il ne sait pas à quoi ni à qui.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Une affaire délicate

 

Espérer, même un pou en est capable. Mais désespérer dans les règles de l'art, il y faut à la fois du doigté et un fameux estom'.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

mardi 7 juin 2022

Ambition chimérique

 

Alors même qu'il n'était pas de Cappadoce puisque originaire de Bezons, l'homme du nihil rêvait de rejoindre Grégoire de Naziance, Basile de Césarée et Grégoire de Nysse dans le petit groupe ultraselect des « pères cappadociens ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Avertissement biblique

 

Dans un de ses psaumes, David semble avoir pressenti l'existence de certaine mégère difforme au faciès d'hippopotame, qu'il met en garde en ces termes : « Et le Seigneur dispersera les os de ceux qui ont persécuté le pauvre Férillet. » (Ps. LIII, 6)

(Fernand Delaunay, Glomérules)

The real McCoy

 

À l'homme du nihil, rien n'a jamais donné une impression de vérité autant qu'un arbre, un rocher, un nuage ayant la forme d'une tête de chien couché.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Effarement rimbaldien

 

Si, par l'effet de quelque miracle, l'homme voyait soudain les choses telles qu'elles sont, il tomberait dans une stupeur au moins égale à celle qui saisit le professeur Bergamotte quand il fut frappé par la malédiction de Rascar Capac.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Un sale type

 

Si l'on pouvait lire la prose de Fernand Delaunay en oubliant que l'on est soi-même Fernand Delaunay, il est probable que l'on trouverait l'auteur fort déplaisant humainement parlant.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Nougats

 

Comme le poëte polonais Czesław Miłosz, le nihilique a un sentiment très vif de la précarité de l'existence. Il n'oublie jamais que l'homme peut être précipité dans un trou noir « en moins de temps qu'il n'en faut pour cuire des asperges ». Pourtant, il a encore la force d'enfiler ses chaussettes chaque matin (ou presque). Mais ce n'est peut-être que la proverbiale « force de l'habitude » ? À moins qu'il ne craigne simplement d'avoir froid aux « nougats » ?

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Popularité

 

En littérature comme en tout, on n'aime que les pauvres types.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 6 juin 2022

Cachotterie du Grandiloque

 

Jusque dans ses Cahiers (qui n'étaient pas destinés à être publiés et ne le furent qu'après sa mort), Cioran cache soigneusement l'existence de Simone Boué. Il se doutait bien qu'une divulgation de sa « relation romantique » aurait terriblement fragilisé son titre de « négateur universel » (dans la catégorie des « poids Walter » ainsi nommée en hommage à Walter Benjamin qui se suicida en absorbant une dose mortelle de morphine). Humain, trop humain, certes, mais pas très glorieux — surtout pour un « nihilique ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Moins que rien

 

Avoir des organes, des viscères et tout ce qui s'ensuit (les mitochondries, les villosités, la membrane plasmique, l'appareil de Golgi, etc.), comme cela est bizarre ! — et humiliant, quand on y pense. Il n'y a pas à chiquer, tout être vivant — et en particulier tout homme — est un « moins que rien ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Modestie

 

Le Grandiloque dit avec justesse que la modestie n'est rien autre chose qu'une conduite réglée sur le sentiment du néant. Cela explique pourquoi il y a si peu de gens modestes : dans leur immense majorité, les mortels se refusent en effet à admettre la réalité du pachynihil — et leur propre nullité.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Abaissement de Magritte

 

Amateur passionné de Magritte, l'homme du nihil signifiait dès l'abord, à toute « personne du sexe » qu'il rencontrait, qu'en aucune circonstance elle ne dût abaisser ce peintre. « N'abaisse ni ne biffe Magritte », disait-il à la « personne du sexe ». — Il ne voulait pas non plus que l'on biffât Magritte — enfin... Sagritte — de l'histoire de l'art !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Autofiction

 

Je, je, je... Ils n'ont que ça à dire, ces pauvres cons ? Ce... ce « Chevillard » ? Laissez-nous tranquilles, avec votre « Moi » ! Il ne nous intéresse pas ! Verstanden ? Et pas la peine non plus de faire des astuces vaseuses ! Si ça continue, ça va mal se mettre, ça va bombarder mais dur ! C'est quand même quelque chose, ça ! Affreux !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Ovation intempestive

 

Ces gens qui, lors des funérailles d'une « célébrité », applaudissent à la sortie du cercueil ! Est-ce donc un tel exploit, de « décéder » ?

(Fernand Delaunay, Glomérules)

dimanche 5 juin 2022

Dysphorie existentielle

 

Il arrive à l'homme du nihil de se demander ce que ça aurait changé s'il n'avait pas existé. Sa conclusion est que pour le monde rien mais pour lui beaucoup car « ça aurait été nettement moins malaisant ».

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Circonjacence

 

La nature circonjacente d'un complément peut être une étance substantiveuse (un substantif attribut du sujet), une étance adjectiveuse (un adjectif qualificatif attribut du sujet), ou encore une ayance substantiveuse (un substantif complément d'objet). Ainsi, dans « Roland est preux et Olivier est sage », les compléments preux et sage ont une nature d'étance adjectiveuse. Notons toutefois que certains types de substantifs compléments circonjacents ne peuvent être considérés ni comme des étances ni comme des ayances — ce qui confirme l'intuition décisive de l'homme du nihil que « le réel est un terrain mou, marécageux, et plein de roseaux ». C'est le cas par exemple de la bête dans la phrase : « Émile Cioran fait la bête pendant que Simone Boué raccommode ses caleçons. »

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Biffures

 

De la culture belge, on peut biffer Delvaux, on peut biffer Michel de Ghelderode, on peut biffer Maurice Maeterlinck, on peut biffer Simenon, on peut biffer Alechinsky, on peut biffer Jean-Claude Pirotte, on peut même biffer Michaux, mais on ne doit en aucun cas et sous aucun prétexte biffer Magritte.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Corrections

 

Ce mot est-il nécessaire ? Non. Alors du balai. Et cette phrase ? Non plus. Du balai aussi. À la réflexion, rien n'est nécessaire. — On commence par biffer un mot, une phrase, et finalement on biffe tout. Mais il faudrait voir tout de même à ne pas biffer Magritte (de l'histoire de l'art) !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Changement de braquet

 

Comme il en a assez d'être pris pour un « pauvre bougre » inoffensif, l'homme du nihil a décidé de se montrer plus contondant. Aux doubles-vécés, la reginglette ! Fini le zingibéracé ! Place à l'hystricognathe et au xéranthème xénothropique ! Et « sus à la chose sue, chausse-trape qui susurre au sot l'idée contrefaite du sublime » !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

Naufragé !

 

La liste des objets que Robinson réussit à sauver du naufrage de son navire donne une idée du dénuement — métaphysique ! — de l'homme du nihil : deux fusils, une hache, trois sabres, une scie, trois fromages de Hollande, cinq pièces de viande de chèvre séchée... Nul volume de Heidegger ou de Gabriel Marcel !

(Fernand Delaunay, Glomérules)