dimanche 27 novembre 2022

Incroyable coïncidence

 

C'est un coup du sort étrange : tous les hommes dont on a ouvert le crâne avaient un cerveau, et non seulement ça, mais leur cerveau ressemblait à s'y méprendre à une tête de chien couché.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

samedi 26 novembre 2022

De la certitude

 

Ludwig Wittgenstein, à force de pratiquer le doute systématique, en était arrivé à se demander si cette chose qui pendait au bout de son bras était bien réellement sa main. Mais la maladie emporta le philosophe quelque temps après, et l'affaire fut ainsi réglée.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Orthodoxie

 

Ô starets Zosime ! Et toi, higoumène Paphnuce ! (interrompu)

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Bourrelles

 

À qui se complaît dans le malheur, la femme offre des perspectives quasi illimitées.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Littérature comparée

 

Tolstoï est peut-être un meilleur styliste que Dostoïevski, mais son personnage d'Anna Karénine n'arrive pas à la cheville de Sonia Marmeladova quand il s'agit d'évoquer une purée de fruit sucrée et épaisse, par exemple une compote préparée avec de la pulpe de coing.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

vendredi 25 novembre 2022

Fantôme

 

« Autrui lévinassien ! J'ai crié avec toi, j'ai pleuré avec toi. Que ne puis-je arriver à croire en ta vie ? » s'écrie le nihilique, s'inspirant peu ou prou de Benjamin Fondane.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Fard rouge

 

Pour faire bonne figure au « bal masqué du néant », l'écrivain allemand Ernst Jünger préconise de s'appliquer du fard rouge, confirmant ainsi qu'il est un « bredin ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Conseil aux mutilés de cul

 

Mutilés de cul ! Ne vous assoyez pas sur les chaises d'Ionesco ! Le néant y est central et vous risqueriez de vous retrouver le cul (ou l'absence d'icelui) par terre ! Ces « chaises » sont un concentré de vide ontologique ! Alors attention, hein !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Derechef

 

La comtesse de Ségur est fatigante, avec ses derechef. Au bout d'un moment, cela vous porte sur les nerfs. Derechef par-ci, derechef par-là... Assez de derechef ! Du possible ! Du possible, sinon nous étouffons !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

jeudi 24 novembre 2022

N'attendons pas Godot

 

Vladimir et Estragon sont des minables, mais leur intelligence limitée leur a tout de même permis de « piger la coupure » : dans un univers de menace et de désolation sans autre perspective que la mort, la seule chose à faire est de se pendre. Quant à Godot, il peut bien aller se faire foutre, le salop.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

États d'âme

 

Comme ce serait bien, si le moral de l'homme n'était conditionné que par sa santé physique ! Mais tout l'affecte, les phases de la lune, le sec, l'humide, et jusqu'aux sordides manigances d'une mégère difforme au faciès d'hippopotame...

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Infernale connaissance

 

À l'instar de saint François, le nihilique considère que la connaissance est l'œuvre du diable. Pour sa part, il préférerait ne rien connaître (sauf peut-être l'almanach, pour savoir quand il y a de la lune et quand il n'y en a point).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Col du fémur

 

Oh, ces gens qui veulent « se réaliser » !... Qui rêvent de « s'épanouir » !... Que ne se cassent-ils le col du fémur !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mercredi 23 novembre 2022

Aux chiottes les dons

 

Seul est respectable celui qui ne fait aucun usage de ses dons. Il ne se met pas en avant. Il a le sens du ridicule. Mais le mieux est encore de n'avoir aucun don. Les « dons » ! Je t'en foutrai des dons, moi, tuouaouar !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Présence du vide

 

Le pachynihil est surtout effrayant dans les rues, dans les endroits illuminés. Mais il se fait sentir dans les âmes aussi — et comment !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Vérité de l'être

 

Il y a quelque chose de moral dans la vieillesse. Elle rappelle l'homme à sa véritable condition — qui est celle d'un perdant de la mondanisation (au sens du philosophe Karl Löwith).

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Puisque tout pue...

 

Aimer quelque chose ou quelqu'un, c'est presque toujours faire preuve de mauvais goût.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

mardi 22 novembre 2022

Démon des vibrations

 

Au commencement était le Verbe, nous dit l'Évangile de Jean. Le Verbe c'est-à-dire... la vibration. Dieu peut donc être vu comme... le démon des vibrations ! Tout s'emboîte !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

À lurelure

 

Celui qui n'a pas de sol sous ses pieds parce qu'il pense — à tort ou à raison — que « rien n'est », celui-là est condamné à vivre et à mourir sans plan préétabli, comme ça vient — « à lurelure ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Alternative à la vie

 

À l'usage, la vie se révèle souvent décevante. Elle inclut des phénomènes tels que la maladie, la vieillesse et la mort, qui sont autant d'événements « souciants ». Du fait de la temporalité du temps, rien n'est stable, tout se délite, tout se désagrège, et ce délitement, cette désagrégation, font naître chez le sujet pensant un sentiment de mélancolie et même de l'horreur. C'est pour ça qu'il y en a qui préfèrent manger de la crème de marron. Ça colle au pain, c'est sans mystère, c'est certes plus commun (que la vie) mais ça tient bon.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Raseurs

 

Un homme qui s'obstine dans le Rien est presque aussi fatigant que celui qui s'obstine dans le quelque chose.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

lundi 21 novembre 2022

Aux chiottes James Joyce

 

À défaut de pouvoir être James Joyce, on dit qu'on aime James Joyce et le tour est joué, on est un « connoisseur », on est auréolé de la grandeur supposée de James Joyce. Mais aux chiottes, tout ça. James Joyce nous fait suer, il est suprêmement pénible en plus d'être borgne, nous ne prétendrons pas que nous l'aimons et comme dirait le Mômo : « Pensez de moi ce que vous voudrez ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Wou-Wei

 

Tous les chantres du non-agir (exempli gratia, Jean Grenier) ont été de fieffés hypocrites. Ils se livraient tous à des activités « en loucedé ». S'ils avaient été fidèles à leur doctrine, leurs noms ne nous seraient jamais parvenus. Scélérats ! Pots de pisse !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Impudence bipédique

 

Sauf peut-être en ce qui concerne le nombre de pattes, l'homme ne diffère en rien d'une fourmi. Eh bien. Imagine-t-on une fourmi, fût-elle de dix-huit mètres et portât-elle un chapeau sur la tête, exalter son Moi en écrivant des poëmes ? Non. Alors ?

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Maudire soulage

 

S'il n'y a pas de Dieu, alors tous les grands imprécateurs, les Lautréamont, les Artaud, ont perdu leur temps, pis encore, ils se sont ridiculisés. Mais ce n'est pas bien grave puisque vivre signifie de toute façon se ridiculiser. Et puis il y a des gens — ceux que « l'être » a poussés à bout — chez qui le besoin de maudire est incoercible. De fait, le psychologue américain John Tussord l'a montré, maudire soulage.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

dimanche 20 novembre 2022

Attention au lumbago

 

L'art est une diversion puérile, risiblement inapte à faire oublier l'odiosité de l'existence. Alors que faire ? Comment se distraire du cauchemar d'avoir un Moi ? Finalement, c'est sans doute le gars Voltaire qui avait raison : il faut cultiver son jardin. Mais attention : « ça fait mal aux rintintins » car « la terre est basse ».

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

La lune en plein soleil

 

Commettre l'homicide de soi-même, cela revient à montrer son « boule » au Grand Tout et à lui dire : « Je t'emmerde, pauvre con. »

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Aux chiottes la poésie

 

Lire ou écrire de la poésie n'a jamais sauvé personne du désespoir. Les poëmes ne servent qu'à faire chier tout le monde (comme les romans, les sonates et les tableaux de peinture). Je t'en foutrai des poëmes, moi, tuouaouar !

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

Aimez-moi

 

Selon son propre aveu, le poëte hongrois Attila József n'avait pas un seul ami (cf. son poëme Ni père ni mère). Fort marri de cette situation, il se suicida en se jetant sous un train à l'âge de trente-deux ans. Maintenant bien sûr, tout le monde l'aime, mais c'est trop tard. Oui : trop tard.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)