samedi 26 mai 2018

Sortie de l'être


L'antipathie que nourrissait Levinas à l'endroit de Heidegger ne venait pas, comme l'a prétendu Gabriel Marcel, de ce que le métaphysisien wurtembourgeois « sentait fort du Dasein », mais tenait plutôt au fait que l'ontologie heideggerienne constituait, selon Levinas, une négation de la subjectivité humaine, à laquelle le « métaphysicien d'autrui » était quant à lui viscéralement attaché. 

Pour se démarquer de Heidegger, Levinas résolut donc de donner comme fil conducteur à sa pensée la « sortie de l'être », mais cela tourna vite au fiasco. Ainsi, quand Levinas, pour convaincre l'homme du nihil que la vie humaine ne se résume pas à un tragique « aller vers la mort », prétendit que « nous vivons de bonne soupe, d'air, de lumière, de spectacles » et que « les choses dont nous vivons ne sont pas des outils, ni même des ustensiles au sens heideggerien du terme » mais que « ce sont toujours, dans une certaine mesure, objets de jouissance, s'offrant au goût, déjà ornées, embellies », il ne s'attira en retour que des sourires narquois. 

Le concept de « sortie de l'être » n'est certes pas pour déplaire à l'homme du nihil, mais comparer la vie à une « bonne soupe », non, tout de même !

(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

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