samedi 8 mars 2025

Pas Gide

 

Quelqu'un qui vous prend pour Gide, il faut tout de suite lui dire : « Je ne suis pas Gide, moi ! Je ne converse pas avec Claudel, moi ! Je ne rencontre pas d'Annunzio, moi ! Je ne veux pas qu'on me martyrise avec des couteaux empoisonnés, moi ! » — Parce que si vous ne dites rien, c'est sûr, le quidam va vous « proposer une turpitude ».
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Vent froid

 

Le nouvelliste uruguayen Horacio Quiroga trouvait qu'un vent froid soufflait du côté du fleuve, mais il ne savait pas comment le dire pour que ça « fasse écrivain ». Il n'arrivait pas à trouver mieux que « un vent froid souffle du côté du fleuve ». Finalement, il avala une pilule de cyanure et la question fut réglée.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Heidegger enfoncé

 

Le jugement le plus profond sur l'existence, ce n'est ni Kierkegaard ni Heidegger qui l'a prononcé mais Palivec, le patron de la brasserie Au Calice : « Autant vaut la merde. »
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

vendredi 7 mars 2025

Fuite de James Joyce par la fenêtre

 

Si Ulysse est le plus grand livre de la littérature, alors nous sommes perdus. Quant à Joyce... le gredin se sera enfui par la fenêtre ! Par ici, mon vieux Milou !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Nocivité de Butor

 

Les écrits de Butor n'ont pas la toxicité de l'inocybe de Patouillard, leur vénénosité rappellerait plutôt celle de l'entolome livide. Comme ce dernier, ils sont responsables d'un ensemble de symptômes appelé « syndrome résinoïdien sévère » qui associe une gastro-entérite et une atteinte du foie. On lit La Modification, et aussitôt ça commence : urine foncée, vomissements persistants, selles sanguinolentes... Le « Nouveau roman », ah, mes amis !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Maldonne

 

On a envie de crier qu'il y a maldonne, qu'on n'est pas un « vieux jeton », qu'on est un jouvenceau qu'une terrible fatalité a emprisonné dans une enveloppe de « vieux jeton », mais on ne le fait pas car on connaît trop l'autrui lévinassien : il ne va jamais nous croire, cet abruti.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Peuzeule

 

Parmi les choses qu'il nous faut supporter, il y a les gens qui disent peuzeule. La vie est riche en vexations de toutes sortes.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

jeudi 6 mars 2025

Toxicité des nouveaux romanciers

 

On lit du Robbe-Grillet ou du Nathalie Sarraute, et voilà-t-il pas qu'on est affecté des mêmes symptômes que si l'on avait mangé un inocybe de Patouillard : transpiration abondante, vomissements, diarrhée, salivation... Il faut procéder à une injection d'atropine dans les plus brefs délais, sinon on va y passer !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Une sacrée prouesse

 

« Arriver à combiner, comme Claude Simon, la créativité du poëte avec une conscience profonde du temps dans la représentation de la condition humaine, c'est ça qui serait choucard. Pas, Dédé ?
— Ouais, sûr. »
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Plus fort que Nizan

 

Nous ne laisserons personne dire, premièrement, que vingt ans est le plus bel âge de la vie, deuxièmement, que Jan Lechoń « l'altissimo » est le plus grand poëte de tous les temps. Si quelqu'un dit l'une ou l'autre chose, ça va barder.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Un apéro indiscutable

 

Le guignolet est selon Kant un apéritif qui ne souffre pas d'objection ; un apéritif sans condition ni alternative, pour tout dire catégorique.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

mercredi 5 mars 2025

Notes Dosto

 

Comme elles sont de la plume de Dostoïevski, on peut à bon droit appeler les Notes d'hiver sur impressions d'été des « notes Dosto » — de même d'ailleurs que les Notes d'un souterrain. L'écrivain russe a laissé beaucoup de « notes Dosto ». Mais il faut dire qu'il était épileptique, aussi.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Les liseurs

 

La plupart de ceux qui lisent des livres ne le font pas parce qu'ils aiment ça, mais pour se voir (et se faire voir aux autres) comme des liseurs de livres. Ils « croivent » que ça les pose là. Ils font « jore ». Ils ne comprennent rien ou pas grand chose à ce qu'ils lisent mais ce n'est pas très grave vu qu'il n'y a souvent rien à comprendre (même quand ce n'est pas écrit par le pénible Joyce ou l'extrapénible Blanchot).
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Dosto

 

Il devrait falloir un permis, pour lire certains auteurs. Cela nous éviterait d'entendre des pots de pisse ramener Dostoïevski à leur niveau, le qualifier de poussif et s'autoriser à l'appeler Dosto.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Un cadeau ouais tu parles

 

Il se peut que les gens possèdent des qualités que l'on ignore, mais ce sont quand même de sacrées canailles. Prenez le poëte Bobin. Il dit que la vie est un cadeau dont on défait les ficelles chaque matin au réveil, le salop !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

mardi 4 mars 2025

Changement de doctrine

 

Le solipsisme, ça va quand on est en bonne santé, mais quand on a un pet de travers on tombe tout de suite dans l'objectivisme. Malheur !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

En jouant au billard avec Husserl au bar Le Marigny

 

« Dis donc Edmond, il paraît que t'as dit comme ça que toute conscience est conscience de quelque chose ? Ce serait pas ce qu'on appelle parler pour ne rien dire, par hasard ? Le prends pas mal, hein ? Va pas faire une fausse queue... Joue plutôt la rouge, là, elle est plus facile. Et pas d'intentionnalité anticipatrice, hein ? Sinon elle risque d'être verte et bosselée de l'autre côté. T'entends ce que je dis, Edmond ? »
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Défense de biffer Magritte

 

On peut ne pas aimer le surréalisme en peinture, ce n'est pas une raison pour biffer Magritte ni pour l'abaisser. Il faut s'en prendre aux bonnes personnes, quand on n'est pas content !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Aux écrivains-voyageurs

 

Bouvier ! Chatwin ! Et toi, Leigh Fermor ! Arrêtez de nous faire chier avec vos voyages ! Est-ce que nous voyageons, nous ? Nous ne voyageons pas ! Nous exécrons le voyage et jusqu'à l'idée même de voyager. Est-ce que c'est clair, cette fois ?
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

lundi 3 mars 2025

Inimaginable

 

Le plus extraordinaire, avec les écrivains, c'est qu'ils arrivent à trouver des poires qui prennent au sérieux ce qu'ils écrivent. Qui achètent leurs livres. Qui trouvent ça « sublime ». — Inimaginable !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Malempis

 

La vie, ce n'est pas Phalempin, le personnage interprété par le fantaisiste Sim dans le film Elle boit pas, elle fume pas, etc. ; ce serait plutôt Malempis.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Cavale existentielle

 

Le nom ? L'étant existant alias le Dasein. La destination ? Le couloir de la mort. L'ironie de la chose ? Le Dasein est innocent. C'est un manchot qui a fait le coup. Mais le lieutenant Philippe Gérard ne veut pas le croire, et Heidegger non plus.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Épistémè

 

Faire l'histoire de la connaissance, c'est faire l'histoire de la bêtise. Le « structuralisme » !... La « physique des particules » !... Le « noumène » !... Gombrowicz a raison : plus c'est savant, plus c'est bête. Tous les efforts du prétentieux monstre bipède se résument à ba, be, bi, bo, bu. Ce n'est pas de chance, hein ?
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

dimanche 2 mars 2025

Aux chiottes Le Clézio

 

On ne fait pas plus antipathique que Le Clézio. Avec sa petite voiture de sport... Et sa petite bonne femme sortie d'un magazine de mode... Et que ça écrit des romans « qui baignent dans les ténèbres impénétrables d'un désespoir absolu »... Et que ça se donne des airs d'être habité par le tragique, le vide, la solitude, l'absurde, la mort, et cætera, et cætera... Céoène ! Pot de pisse ! Euh... escroc !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Un parrainage embarrassant

 

Le pis qu'il puisse arriver à un auteur est d'être adoubé par Blanchot et Bataille. C'est ce qui est arrivé à Louis-René des Forêts. Après, il était perdu de réputation. Dans l'esprit du public, il était associé à ces deux abominables « golmons ».
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Errance ochsienne

 

Vivre, c'est aller au petit bonheur la chance, au hasard. Un jour on est à Far Rockaway (dans le quartier de Queens), le lendemain on se retrouve on ne sait comment à Perrysburg (dans l'ouest de l'État de New York), un autre jour on est à Colombus (dans l'Ohio). C'est une errance ochsienne.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

Conscience morale du bourru

 

Le bourru, on peut lui reprocher beaucoup de choses, mais pas d'avoir été aimable avec qui que ce soit. Et encore moins d'avoir léché le moindre fiacre, pas même celui de madame Bovary.
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

samedi 1 mars 2025

Un importun

 

Louis-René des Forêts se moque de notre confiance envers les mots ! Il dénonce la vacuité du langage ! Pis que bouffigue, il se fait passer pour un écrivain discret, peu sûr de lui, ironique, tendre et extrêmement brillant ! Mais il oublie une chose, ce monsieur-le-malin, c'est qu'on ne l'a pas sonné !!!
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)

En rade

 

Ce qui rend la vie si déplaisante, c'est qu'on n'y peut faire fond sur rien. Fuyant son Moi névropathe, on va se réfugier dans un château de la Brie auprès de cousins paysans, mais rien n'est comme il faudrait. Le château est une ruine, la campagne est sinistre, et les cousins paysans sont de patibulaires canailles. C'est la déconfiture sur toute la ligne. Et tout est comme ça !
 
(Gilbert Garistre, Aveux et anatropes)