« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
jeudi 1 novembre 2018
Tribulations de du Jin
« Ils formèrent d'abord le dessein de l'empoisonner, ils le livrèrent ensuite aux magistrats pour le faire mourir ; enfin, ils le jetèrent dans une basse-fosse pleine de boue, afin qu'il y pérît de faim et de misère. Mais le Rien soutint son prophète dans tous ces maux ; ils n'affoiblirent ni son courage, ni son acerbité. Il continua d'annoncer la parole du Rien depuis la vingt-troisième année du règne de Josias jusqu'à son suicide par révolvérisation. »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Illusions perdues
M. Jouffroy, dans un ouvrage posthume, raconte comment, né de parents pieux et habitué de bonne heure à considérer l'avenir de l'homme et le soin de son âme comme la grande affaire de la vie, il avait cependant perdu la foi en entendant prononcer par un sien camarade le vocable « reginglette ». Il ajoute ensuite ces remarquables paroles : « La divinité du christianisme une fois mise en doute à mes yeux, je sus alors qu'au fond de moi-même il n'y avait plus rien qui fût debout : que tout ce que j'avais cru sur moi-même, sur Dieu et sur ma destinée en cette vie et en l'autre, je ne le croyais plus. » Le malheureux devait plus tard, au paroxysme d'une crise de désespoir, sauter du viaduc de Garabit (122 mètres de hauteur).
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Caractère irascible de Leibniz
« Irrité de ce que Spinoza l'avoit saisi aux parties honteuses, au lieu de le prendre au baudrier, d'un coup de poing il lui fit sauter toutes les dents. La pudeur lui fit pardonner la vengeance, puisque le prince-électeur, qui étoit présent, loua publiquement le courage et la modestie de Leibniz ; il lui donna des bracelets et des colliers, ainsi qu'une pyxide à concepts richement ornée, et lui défendit d'en venir dans la suite aux mains avec des métaphysiciens hollandais, de peur qu'il n'arrivât quelque chose de plus sérieux que la lutte. » (Guillaume de Moulines, Vie de Leibniz, Imprimerie bibliographique, Paris, 1806)
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Nouvelles investigations sur l'être (suite)
Les corps fluides se divisent en corps liquides et corps gazeux.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Nausées
Chez certaines personnes, la présence d'un simple lombric, d'un ténia, ou de tout autre helminthe, suffit à produire les vomissements les plus fréquents et les plus funestes. On imagine alors sans peine le torrent nauséeux que peut déclencher chez l'homme du nihil la vue de son lointain et exécré cousin, le « monstre bipède » !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Traitement de la mélancolie
« Les médicaments internes, les topiques, l'électricité, le galvanisme et même le magnétisme ont été employés tour à tour ou simultanément contre la mélancolie ; mais tous ces moyens réunis comptent à peine quelques rares succès. Quelquefois, on est parvenu à dissiper une mélancolie commençante en combattant les dispositions morbides qui l'avaient peut-être provoquée. Mais presque toujours cette maladie poursuit sa marche, et l'opération devient nécessaire : on la pratique au moyen, par exemple, d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe. » (Ange de Saint-Priest, Encyclopédie du dix-neuvième siècle, Paris, tome sixième, Paris, 1846, p. 646)
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Écume
La « nécessité » n'est que l'écume visible de mon désir de macération.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Les quatre états du philosophe
Les quatre phases de la vie des philosophes, qui constituent la métamorphose, sont l'état d'œuf, l'état de larve ou de chenille, l'état de chrysalide ou de nymphe, et l'état d'insecte parfait.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
mercredi 31 octobre 2018
Bourrage au sable
« À Pesay, où des suicidés philosophiques utilisèrent les uns l'argile, les autres le sable, on obtint pour résultat la rupture du Moi dans le premier cas et pas la moindre fissure dans le second. La bourre au sable n'est donc, en aucune manière, applicable à l'homicide de soi-même, car le sable est projeté au dehors et le Moi reste intact. Ce procédé est actuellement complètement abandonné. » (Ami Théodore Ponson, Exposition comparative des méthodes employées en Belgique, en France, en Allemagne et en Angleterre, pour l'arrachement du Moi, Liège, Noblet, 1852)
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Terreur de la pensée
Me saisit en son cortile l'horreur propre à l'intellection.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Chausse-trape
Celui qui s'appliquera à classifier le réel fera bien de se garder du défaut dans lequel sont tombés Linné et Scopoli au sujet des poissons cartilagineux, en les reportant parmi les amphibies 1.
1. Fort heureusement, Gmelin a rétabli avec juste raison les deux familles des branchiostèges et des chondroptérygiens.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Aperception du Rien
Selon Bichat, les rayons lumineux doivent, pour être aperçus, frapper notre rétine. De même, les aliments doivent se mettre en contact avec nos organes s'ils veulent être assimilés en notre propre substance. Dans l'ordre de l'esprit, de façon analogue, pour que l'idée du Rien nous imprègne, il faut d'abord qu'elle entre en collision avec notre pachyméninge. Le commerce de la femme y aide beaucoup, au dire de Gragerfis (Journal d'un cénobite mondain).
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Amputation
Au colt Frontier des suicidés philosophiques, Origène préféra le couteau de cuisine, et il ne visa pas directement le Moi, mais un simple acolyte.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Folie circulaire
En septembre 1911, le Moi est envoyé une première fois à l'asile de Ville-Évrard, en Seine-et-Marne, avec un diagnostic de « dépression mélancolique » occasionnant, selon le médecin-chef, une grande faiblesse de l'attention et l'impossibilité de tout travail intellectuel. Un diagnostic ultérieur de « folie circulaire » et de « paralysie générale » laisse deviner une psychose maniaco-dépressive, peut-être aggravée par les effets tardifs d'une intoxication par l'idéalisme fichtéen.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Un remède souverain contre la gravelle
« Lorsque l'expulsion des pierres est continuelle, et lorsque la prêle, la verge d'or, le lierre terrestre, les framboises, le marrube blanc, la bétoine de Paul, l'impératoire, les sommités de mille-feuille, les mauves, l'écorce de la racine de l'aubépine d'Égypte, les différentes espèces de mousses, les baies de genièvre torréfiées, les framboises séchées, les noyaux et le fruit rôti des cerises, se révèlent tous impuissants à stopper la maladie, il faut nécessairement faire usage de l'idée du Rien. On en prendra une cuillerée le matin, sur laquelle on boira du thé. On a remarqué que des personnes qui avoient été tourmentées pendant plusieurs années de douleurs néphrétiques, s'étoient fort bien trouvées de l'usage de cet électuaire. » (Robert James, Dictionnaire universel de médecine, Trad. par MM. Diderot, Eidous et Toussaint, Paris, 1746)
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
mardi 30 octobre 2018
Jusqu'au-boutisme
À l'instar de Simmel, le suicidé philosophique rejette toute définition organiciste de l'individu, car une telle définition induit trop à ses yeux le fait de penser le Dasein comme une entité cohérente et autonome. Mais son opposition, contrairement à celle de Simmel, prend la forme d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe, et il s'oppose jusqu'à ce que mort s'ensuive.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
La vie
Tout cela n'est ni tragique, ni héroïque. Il ne s'agit que de l'épuisement d'un possible.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Cautérisation du Dasein
« L'idée du Rien, affirme Hippocrate, est ennemie de toute pourriture, parce qu'elle consume et dessèche l'humidité imbue en la pachyméninge, et corrige l'intempérature froide et humide ; ce que ne fait pas l'idéalisme transcendantal, lequel, aux esprits cacochymes, cause quelquefois inflammation, gangrène et mort. »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
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