mercredi 15 avril 2020

Lemme de König


Le lemme de König est un résultat plutôt lugubre de la théorie des graphes, établi par le mathématicien hongrois Dénes König en 1927. Il énonce que « tout arbre infini à branchement fini possède une branche infinie — que l'on peut utiliser notamment pour se pendre ».

(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

Interlude

Jeune fille lisant les Scènes de la vie de Heidegger de Jean-René Vif

mardi 14 avril 2020

Théorème de Riesz


Le théorème de Riesz, dû au mathématicien Frigyes Riesz, est un résultat quelque peu scabreux — et d'ailleurs censuré par les autorités hongroises jusqu'en 1991 — d'analyse fonctionnelle. Il énonce qu'un espace vectoriel normé réel est de dimension finie si et seulement si ses boules fermées sont compactes !

(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

lundi 13 avril 2020

Lemme de Whitehead


Le lemme de Whitehead, nommé d'après le mathématicien britannique John Henry Constantine Whitehead, est un résultat d'algèbre abstraite qui permet de décrire le sous-groupe dérivé du groupe général linéaire infini d'un anneau unitaire. D'après l'historien des mathématiques Kurt Vogel, plusieurs algébristes ont détourné ce lemme de sa finalité initiale et l'ont utilisé pour mettre fin à leurs jours (mais il ne précise pas comment).

(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

dimanche 12 avril 2020

Zéro de Siegel


En théorie analytique des nombres, un zéro de Siegel (ainsi nommé d'après le mathématicien allemand Carl Ludwig Siegel) est un contre-exemple à l'hypothèse de Riemann généralisée sur les fonctions L de Dirichlet. Contradicteur universel, l'homme du nihil contredit aussi l'hypothèse de Riemann généralisée, ce qui fait de lui de facto l'un de ces zéros. La précarité de son être est en outre confirmée par un théorème énonçant qu'un tel zéro n'existe que si la fonction de Dirichlet considérée est un symbole de Jacobi.

(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

Interlude

Jeune femme s'apprêtant à lire la Mathématique du néant de Włodzisław Szczur

samedi 11 avril 2020

Paradoxe de Banach-Tarski


En géométrie, le paradoxe de Banach-Tarski est un théorème, démontré en 1924 par Stefan Banach et Alfred Tarski, qui affirme qu'il est possible de couper un suicidé philosophique — que les auteurs nomment, on ne sait pourquoi, une « boule » — en un nombre fini de morceaux, puis de réassembler ces morceaux pour former deux suicidés philosophiques — deux « boules » — identiques au premier, à un déplacement près. Ce paradoxe implique que les suicidés philosophiques, non contents de n'avoir pas de « raison de vivre », n'ont pas non plus de volume !

(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

vendredi 10 avril 2020

Paradoxe de Grelling-Nelson


Le paradoxe de Grelling-Nelson est un paradoxe sémantique formulé en 1908 par Kurt Grelling et Leonard Nelson. Il repose sur la définition du terme hétérologique qui s'applique à un mot qui ne se décrit pas lui-même. Par exemple, long est un mot hétérologique puisqu'il n'est pas long, n'étant composé que de quatre lettres. De même, comme le vocable gloméruleux n'est pas constitué de glomérules 1, il est hétérologique lui aussi. En revanche, le vocable reginglette est dit autologique car il correspond à sa définition (il « regingle »). Le paradoxe de Grelling-Nelson réside en ceci que l'adjectif hétérologique est lui-même hétérologique si et seulement s'il ne l'est pas — ce qui, on l'avouera, est « un peu fort de café » !

1. Une glomérule est une inflorescence dense plus ou moins sphérique de fleurs sessiles, ou une pelote de vaisseaux ou de neurones ayant une forme globulaire.

(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

jeudi 9 avril 2020

Éléments finis


En analyse numérique, la méthode des éléments finis permet de calculer numériquement le comportement d'objets même complexes, par exemple des suicidés philosophiques, à condition qu'ils soient continus et décrits par une équation aux dérivées partielles linéaire : mouvement d'une corde secouée par l'un de ses bouts (Gérard de Nerval), comportement d'un fluide arrivant à grande vitesse sur un obstacle (Edmond-Henri Crisinel), déformation d'une structure métallique (Claude Gauvreau), etc.

(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

Interlude

Jeune femme lisant la Mélancolie bourboulienne de Léon Glapusz

Caractère de Dirichlet


La sauvagerie, la terrible acariâtreté de l'homme du nihil l'ont souvent fait accuser par ses détracteurs d'avoir un « caractère de Dirichlet », c'est-à-dire une fonction à valeur complexe définie dans l'ensemble des congruences sur les entiers.

(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

mercredi 8 avril 2020

Aux limites du dicible


L'angoisse et le désespoir sont les deux données de base de la « philosophie » de l'homme du nihil — données qui se situent toujours aux limites du dicible. Comment, en effet, dire la douleur d'exister, la douleur atroce, implacable, qui décompose le Dasein et exacerbe la conscience, sinon par des approches fragmentaires — au moyen, par exemple, de vocables tels que lagéniforme, gloméruleux et zingibéracé ?

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

mardi 7 avril 2020

Petit monde


Comme l'a finement remarqué son exégète Gragerfis, « toute la métaphysique de l'homme du nihil n'est qu'une psychologie ésotérique ». Ce que confirme l'homme du nihil lui-même : « Je n'ai lu que dans un seul livre, dans mon propre livre, dans moi-même ». C'est donc en lui-même, ce « petit monde » image du « grand monde » (le pachynihil), qu'il a trouvé la clé des problèmes qui le préoccupaient, à commencer par celui de l'haeccéité !

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

Interlude

Jeune fille lisant Forcipressure d'Étienne-Marcel Dussap

lundi 6 avril 2020

Muraille


Chez l'homme du nihil, la muraille n'est jamais assez close ni assez épaisse. Mais il ne fortifie que par acquit de conscience — car il ne le sait que trop : l'affreux finit toujours par s'infiltrer.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

dimanche 5 avril 2020

Revigoration nihilique


« Rien de tel que de se retremper dans le flot torrentueux du pachynihil, pour en retirer des vestiges mouvants et pour humer directement sa force. » (Lettre de l'homme du nihil à Balthus datée du 19 juillet 1934)

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

samedi 4 avril 2020

Secousse


La vision du Rien, par sa puissance, par sa vastitude, ne peut que bouleverser la normalité d'une existence soumise à la médiocrité et au sordide de la « réalité empirique ». À l'équilibre banal du quotidien succèdent les tensions de la condition charismatique. Tous les récits de l'homme du nihil insistent sur le radical contraste entre la détresse qui précède la révélation du pachynihil et la sublimité de l'illumination elle-même. Dans une lettre à Georges Ribemont-Dessaignes, il déclare vivre dans une angoisse permanente : « Je suis continuellement empli d'une crainte qui me fait trembler ».

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

jeudi 2 avril 2020

Interlude

Jeune femme lisant l'Appel du nihil de Martial Pollosson

Connaissance par le Rien


Chez l'homme du nihil, l'idée du Rien n'est pas seulement un guide spirituel mais aussi une source de connaissance. Il l'écrit clairement dans son journal (à la date du 17 octobre 1948) : « Au reste, pourquoi lire Spinoza, Fichte ou Gabriel Marcel, là où préexiste un enseignement intérieur, là où l'onction du pachynihil instruit de tout ? »

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

mercredi 1 avril 2020

Un point de vue imprenable


Celui qui s'est choisi le Rien pour demeure — comme c'est le cas de l'homme du nihil — circonscrit d'un seul regard la cylindrique inanité de l'être.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

mardi 31 mars 2020

Ascèse intellectuelle


En choisissant de signifier le Rien par le grumeleux vocable reginglette, l'homme du nihil s'oppose à toute tentative d'inclure le pachynihil dans une notion qui se tiendrait pour suffisante à le définir ; il attend donc de nous la modestie qu'il pratique si naturellement lui-même et le consentement à une ignorance finale qui est, selon lui, le vrai savoir ; bref, il attend de nous plus de renoncements qu'il ne nous promet de satisfactions dogmatiques.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

Interlude

Jeune femme lisant les Exercices de lypémanie de Marcel Banquine

lundi 30 mars 2020

Immanence du Rien


L'homme du nihil trouve dans l'étude du Rien un enseignement supérieur à celui de la Bible : « Le Rien est la force qui dans chaque objet et depuis sa création agit sur l'intrinsèque. Le Rien est partout dans le cosmos. Sa présence et son immanence assurent la structure harmonieuse du créé. »

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

dimanche 29 mars 2020

In extremis


Dans sa Philosophie morale, Jankélévitch prétend que « si la mort est bien ce qu'elle doit être, à savoir un indéchiffrable et profond mystère méontique, elle est tout le contraire d'une solution ». Et il ajoute que « la guérison de la migraine par le revolver est une solution qui n'en est pas une, puisqu'il nous enlève la vie en même temps que la douleur ». — « Ça alors ! » s'exclame l'homme du nihil qui, n'ayant jamais considéré cet aspect de la question, s'apprêtait justement à traiter son « asthénie existentielle » à l'aide d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe. 

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

samedi 28 mars 2020

Ludus


À la suite de Paracelse, l'homme du nihil nomme ludus le sédiment qui s'attache au fond des pots de chambre. Par analogie, il emploie aussi ce terme pour désigner le fonds de lieux communs qui constitue la « pensée » du monstre bipède.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

Interlude

Jeune femme lisant la Nostalgie de l'infundibuliforme de Robert Férillet

vendredi 27 mars 2020

Experienta et experimentum


Le Rien a ceci de remarquable que non seulement il rend compte de l'homme en sa totalité, mais qu'il explique aussi les cas particuliers. En ce sens, il est à la fois experienta et experimentum.

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

jeudi 26 mars 2020

Concepts impensables


Selon Gragerfis, « ce qu'il est permis d'espérer de la métaphysique du pachynihil, c'est qu'elle expose les paradoxes de l'être et du néant au point de semer le doute sur la possibilité de les penser ».

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)

mercredi 25 mars 2020

Mensonge universel


Pour l'homme du nihil, le monde entier « avec les étoiles et les éléments » n'est qu'un « immense fleuve excrémentitiel ». Pour lui, la terre, les pierres et les métaux, la mer, le ciel, les astres et le soleil, tout est néant, « balmuche », « peau de balle », et en outre « tout pue ». Tout dans l'univers n'est que « mensonge et escroquerie », et les prétendus « êtres vivants », dans leur pseudo-vie, n'expriment en fait que la mort et la toute-puissance de l'« absolu ténébreux ».

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)