jeudi 24 mai 2018

Premières investigations nihiliques


Heidegger, qui a commencé à s'interroger sur l'être, décide, pour être fair-play, d'enquêter également sur le néant. Il s'informe chez Hegel et découvre que ce dernier caractérise le néant par trois traits. Primo, le néant est la négation de la totalité de l'étant ; deuzio, cette négation est un acte d'entendement logique ; tertio, le néant est indicible et impensable.

On pourrait penser que tout est dit et que l'affaire est entendue, mais Heidegger sent pourtant qu'il y a une « couille dans le pâté » 1. Après mûre réflexion, il identifie cette « couille ». Selon Heidegger, Hegel manque le néant parce qu'il ne le considère que comme un non-étant, parce que sa négativité n'est pas le « frémissement de l'Être » mais l'activité de la subjectivité représentative et parce que l'entre-appartenance de l'être et du néant ne traduit que leur indétermination et immédiateté.

« Mais peut-on en rester là ? », se demande-t-il.

En effet, peut-on en rester là ? Ne doit-on pas mener le raisonnement à son terme et... se pendre ?


1. Dans le Bade-Wurtemberg, la couille ou touille désigne une grande cuillère en bois qui sert à cuisiner.

(Jean-René Vif, Scènes de la vie de Heidegger)


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