dimanche 2 septembre 2018

Vocation


Chez certains individus, la pachyméninge ne connaît jamais de calme plat et c'est en permanence que la pensée de se détruire « siffle et souffle dans la mâture ». L'écrivain italien Cesare Pavese était de ceux-là.

Dans son journal intime, découvert après sa mort et publié sous le titre Il mestiere di vivere (Le métier de vivre), il affirme avoir eu de tout temps une vocation suicidaire : « C'est seulement ainsi que s'explique mon actuelle vie de suicidé. Et je sais que je suis pour toujours condamné à penser au suicide devant n'importe quel ennui ou douleur. C'est cela qui me terrifie : mon principe est le suicide, jamais consommé, que je ne consommerai jamais, mais qui caresse ma sensibilité. » Le 27 août 1950, dans une chambre d'hôtel de Turin, Pavese met pourtant fin à ses jours en absorbant une vingtaine de cachets de somnifère. Il laisse sur sa table un dernier texte, La mort viendra et elle aura tes yeux, terminé par « Assez de mots. Un acte ! »

Selon Gragerfis, ce seraient « une sensibilité morale exacerbée » et « une capacité d'autoanalyse sans complaisance et sans concession sur le plan esthétique » qui auraient porté Pavese à son geste ultime.


(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

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