vendredi 25 octobre 2024

Avancement de Syméon Métaphraste

 

Après l'assassinat de Nicéphore Phocas, Syméon Métaphraste devient logothète du drome (il n'était jusque-là que logothète de con).
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Indifférence derridienne

 

Quand on demandait à Derrida ce qu'il pensait de la mort de l'homme, il répondait : « Je m'en Foucault plètement. »
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Toujours plus fort

 

Dans le trente et unième chapitre des Cestes, Jules Africain enseigne l'art de donner au vin la faculté de faire dormir trois jours de suite ceux qui en boivent. Il propose de le mêler avec une certaine quantité d'opium et de suc de jusquiame (l'hyoscyamus des Anciens). Raymond Doppelchor trouve que trois jours c'est court et dit qu'on remplacera le suc de jusquiame par du taupicide si on veut vraiment voir « la vie en beau ».
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Jusque là mais pas plus loin

 

Baruch fut assez intrépide pour se risquer à l'amor Dei intellectualis et au more geometrico, mais inventer le joint spi n'osa.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

jeudi 24 octobre 2024

Gibouleux

 

On est myope ou presbyte, selon que la vision distincte s'opère à une distance moindre ou plus grande que la distance commune. Mais myope ou presbyte, vous pouvez toujours chercher l'adjectif gibouleux dans un dictionnaire, vous ne le trouverez pas (même avec une loupe à fort grossissement et même dans le Trévoux). Un ciel gibouleux.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Inventions

 

Pascal n'est pas plus l'inventeur de la berouette que Spinoza ne l'est du joint spi. Ils avaient assez à faire avec leur philosophie pour s'occuper de bêtises pareilles.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Drap du motus

 

Ludwig Wittgenstein souffrait d'une affection qui, sans être aussi débilitante qu'une fibrose rétractile de l'aponévrose palmaire (maladie de Dupuytren), l'était assez pour lui plomber le moral. Cette affection bizarre se traduisait par une compulsion à taire les choses qu'il ne pouvait dire ; ce qui, on l'avouera, est un drôle de handicap pour un philosophe.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Étymologie

 

Étrange phobie que de ne pouvoir exécuter la moindre tâche du quotidien sans connaître d'abord l'origine du mot couleuvre. Heureusement, Isidore de Séville est là pour nous tirer d'affaire. Selon lui, le vocable colubra (couleuvre) vient des deux mots latins colere umbras, habiter les lieux ombragés.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

mercredi 23 octobre 2024

Un médiocre pastiche

 

La vie est une imitation d'Euripide. On la croit de Sénèque le Rhéteur.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Si Dieu n'existe pas, tout est permis

 

Selon toute vraisemblance, Albert Camus raisonnait ainsi : puisque tout est absurde dans ce « monde de néant », on peut aussi bien faire du gringue à Maria Casarès.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Ribouldingue à Nicée

 

D'après Gélase de Cyzique, le futur patriarche Alexandre prit part, en qualité de prêtre, au concile de Nicée. Il y représentait son évêque, le bien nommé Métrophane de Byzance. Le concile se termina par une ribouldingue à tout casser et Gélase dit que vers minuit, le futur patriarche était déjà « rond comme une queue de pelle ».
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Biais cognitif

 

Tout nous plaît, chez Lactance : son style, sa partialité, ses insinuations malveillantes, ses contradictions... Alors qu'à côté de ça, chez Delerm, rien ne nous satisfait. C'est tout de même bizarre. Serions-nous victime d'un « biais cognitif » ? Oh là là là là ! Monsieur Pipo !
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

mardi 22 octobre 2024

Un saint homme

 

Grouès ! Henri Grouès ! Honte à toi, Henri Grouès ! Nous te prenions pour un saint homme, mais ta cape, ton béret et ta barbe cachaient en fait un odieux satyre. Nous aurions dû le deviner car les indices ne manquaient pas : ta gueule de faux-jeton... ton sossotement... ton obsession des « sans-abris »... Tu as toujours eu l'air franc comme un âne qui recule. Autant l'avouer carrément : nous n'avons jamais pu te sacquer.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Matière « top budget »

 

Dans la doctrine d'Hermogène, la matière est incréée, sans mouvement, sans principe, coéternelle à Dieu, et ce dernier s'en est servi pour former le monde (avant de réaliser l'énorme bourde qu'il avait commise : tout « se barrait en couille » — mais c'était trop tard).
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Breakfast of infamy

 

Que des penseurs réputés pour leur lucidité, des Camus, des Cioran, aient pu s'abaisser à écrire des « lettres d'amour », cela nous laisse pantois. Se vautrer à ce point dans le ridicule ! Pour une paire de « biberons Robert » tout ce qu'il y a de banale, en plus !
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Promesses de la tête de con

 

Au moment où l'on vous jette dans l'être, personne ne vous demande vos préférences : est-ce que vous voulez être sessile ou pédonculé, etc. Vous êtes comme ci et comme ça et il n'y a pas à discuter. Même si vous êtes affublé d'une tête de con, vous devez faire « jore » d'être content. Mais in petto, vous vous dites que « ça promet ».
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

lundi 21 octobre 2024

Cervelle de l'univers

 

Macrobe dit (Somnium Scipionis, chap. 14 et 20) que le soleil est la cervelle de l'univers. Mais on sait qu'il avait la réputation d'être un « gros déconneur ». Il ne faut pas prendre tout ce qu'il dit au pied de la lettre.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Un stakhanoviste de la sémiologie

 

« C'est un travail de titan que Barthes abat, dans la rue des Martyrs. » (Tzvetan Todorov, Critique de la critique)
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

À bas Barthes


La vie, ç'aurait peut-être été supportable s'il n'y avait pas eu toute cette bêtise. Nous en voulons particulièrement à Gaëtan Picon. En matière de bêtise, les intellectuels sont les pis.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Harangues

 

Les harangues de Salluste sont d'une force, d'une vivacité, d'une éloquence auxquelles on ne saurait rien ajouter. Pour haranguer aussi bien que Salluste, il faut se lever de bonne heure. Ce n'est même pas la peine d'essayer, en fait. Alors puisque c'est comme ça, oublions les harangues et écoutons plutôt le Grandiloque, qui conseillait de rester allongé et de gémir. Il n'y a rien de tel pour entrevoir l'essentiel, d'après lui. C'est bath.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

dimanche 20 octobre 2024

Dialogue avec la mort

 

Quand la mort se présenta devant lui, l'écrivain Pavese lui dit qu'elle était si belle que la regarder était une souffrance. La mort, surprise, lui rappela que pas plus tard que la veille il disait que c'était une joie. Piqué au vif, il rétorqua que c'était à la fois une joie et une souffrance. Elle déclara alors que tout ça était bien gentil mais qu'il allait falloir y aller ; qu'il n'était plus l'heure de faire des phrases.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Écrasement du « conscient intérieur »

 

Quand vous êtes malade au point de devoir rester assis dans un fauteuil, courbé en avant, pâle, l'œil hagard, la parole et la respiration entrecoupées, quand le moindre mouvement vous arrache des cris de douleur, vous ne pouvez réfléchir avec toute la sérénité voulue à la notion de souci chez Heidegger. La masse rouge du viscère bouche votre horizon mental et écrase votre « conscient intérieur » comme ferait une énorme valise en cuir de vache.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Barszcz

 

Beaucoup d'auteurs ont essayé, sans vraiment y parvenir, de fixer notre attention sur un mets polonais nommé barszcz. C'est une soupe composée d'orge ou de gruau, cuits avec des carottes ou des choux acides, et qui, paraît-il, forme un mets aussi sain qu'agréable au goût. Mais nous, la seule chose qui nous intéresse, c'est que nous allons clamecer — alors le « barszcz »...
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Conseil au désespéré

 

Dans sa Pharmacopée chirurgicale théorique et pratique (Hérissant le Fils, Paris, 1771), Jean Nicolas explique ce qu'il faut faire quand on a perdu tout espoir : « Prenez un scrupule de résine jaune, cinq grains de rhubarbe, dix grains de conserve de roses rouges, et du sirop simple autant qu'il en faut. Mêlez et formez-en un bol. Ensuite... Ensuite... Ma foi... Euh... » — On voit le genre.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

samedi 19 octobre 2024

Gros lobule

 

Le docteur Frigerio, directeur de l'asile d'aliénés d'Alexandrie, dit avoir observé, à la prison de Pesaro, un criminel fou homicide à type félin qui avait un énorme lobule de l'oreille — ce qui pourrait laisser penser qu'il existe un lien entre l'hypertrophie du lobule et vous-savez-quoi.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Épreuve de vérité

 

Pour pénétrer quelqu'un, pour le connaître vraiment, il suffit de voir comment il réagit à la phrase « Guy Debord est un con ». S'il s'offusque, s'il émet des objections, pis, s'il fait du barouf, inutile de continuer : il est lui-même un con.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Ignorement de Marguerite Urcelar

 

Ce n'est pas Marguerite Urcelar mais le siège de Potidée qui fut, selon Thucydide, l'une des causes majeures du déclenchement de la guerre du Péloponnèse. L'historien ne parle même pas de Marguerite Urcelar. Il préfère l'ignorer, et c'est ce que nous devrions tous faire si nous avions un minimum de jugeote.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

Vents à la Saint-John Perse

 

Quand Heidegger souffrait de constipation conceptuelle opiniâtre, il rendait des vents très fétides, d'après Hannah Arendt. Or justement, Hippocrate dit que si le malade rend des vents très fétides, il doit se servir d'un suppositoire ou de lavements jusqu'à ce que les excréments soient descendus dans les intestins inférieurs. Et bien sûr, boire de l'oxymel. Pourquoi Heidegger ne le faisait-il pas ? Mystère.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

vendredi 18 octobre 2024

Sans issue

 

Husserl a raison à propos de la conscience : il est bien le cas que toute conscience est conscience de quelque chose. Il n'y a rien à faire, on ne peut pas en sortir. On peut imiter Henri Michaux et fumer de la « beuh » ou du « shit », ça ne change rien. D'où la question : quel est l'intérêt de fumer de la « beuh » ou du « shit », si c'est comme ça ?
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)