samedi 1 septembre 2018

Paranoïa philosophique


« Au début de sa carrière, le philosophe est exclusivement préoccupé des intérêts de ce qu'il nomme la "vérité", qu'il croit incessamment compromise.

Plus tard, après qu'il a créé quelques concepts, il s'aperçoit que ces derniers ont une incidence nulle sur la réalité empirique, et à peu près autant d'utilité qu'un clystère dans le traitement d'un panaris. On le voit devenir inquiet, fantasque, impérieux, et singulièrement irritable ; il change ses habitudes, modifie son hygiène, ne se lave plus les pieds, etc. Il en vient à supposer que ses aliments sont empoisonnés, ou tout au moins qu'ils renferment des substances qui lui occasionnent des sensations pénibles. 

Des hallucinations surgissent alors, et c'est dans cette période de la maladie que l'on observe une infinité de suicides, auxquels les "amis de la sagesse" sont poussés par la crainte de subir des supplices terribles, et pour se préserver du déshonneur et de l'infamie : or, chose remarquable, presque tous les philosophes ont une terreur invincible de la mort. » (D. Aubert, De la démence, Paris, Rignoux, 1862)

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

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