jeudi 24 janvier 2019

Cruauté de Commode


27 janvier. — « Aussi lâche que cruel, Commode laissa égorger ses ministres dans des séditions. Il fit tuer sa sœur Lucilla, sa femme Crispina, le grand jurisconsulte Salvius Julianus. Après avoir échappé au poignard de Quintianus et de Quadratus, au complot de Maternus, il fut prévenu par sa concubine Marcia, le chambellan Électus, et le préfet Lætus, qu'il destinait au supplice ; l'athlète Narcisse l'étouffa, après qu'on l'eut assoupi par un poison. » (Charles Dezobry et Théodore Bachelet, Dictionnaire général de biographie et d'histoire, Paris, Delagrave, 1866)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

mercredi 23 janvier 2019

Interlude

Jeune femme lisant l'Apothéose du décervellement de Francis Muflier

Homomorphie


Les exemples d'homomorphie ne manquent pas dans la nature : les Anthocharis cardamines ressemblent à des ombellifères, les chlamys à des graines, les moenas à du gravier, les palémons à du fucus ; le poisson Phyloptérix, de la mer des Sargasses, n'est qu'une « algue déchiquetée en forme de lanières flottantes » 1, comme l'Antennarius et le Pterophryné. Mais il y a plus fort : l'homme du nihil rétracte ses tentacules, incurve son dos, accommode sa couleur, se recroqueville sur son « matelas-tombeau » et ressemble ainsi à un caillou !

1. L. Murat, Les Merveilles du monde animal, 1914, p. 37-38.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Filandrosité du réel


Le réel est trop filandreux.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Âcreté philosophique


19 janvier. — « La philosophie communique aux choses de l'esprit une saveur nauséabonde, très désagréable, et qu'il est extrêmement difficile d'éliminer. Les acides végétaux, tels que le vinaigre et le jus de citron, d'une part, et l'eau bouillante légèrement alkalisée, de l'autre, sont les deux moyens les plus avantageux à employer dans cette circonstance. » (Ambroise Marie François Joseph Palisot de Beauvois, Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, appliquée aux Arts, à l'Agriculture, à l'Économie rurale et domestique, à la Médecine, etc., Paris, Deterville, 1818)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeunes femmes un peu vulgaires lisant Philosopher tue de Jean-Guy Floutier

Tentative de la dernière chance


Après avoir discuté avec Hosteen Frank Sam Nakai, l'homme du nihil décida, plutôt que de se tourner illico vers le taupicide, de se faire exécuter d'abord un « Chant du Sommet de la Montagne » afin de voir s'il pourrait retrouver hozho. Il serait toujours temps d'aviser ensuite...

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mardi 22 janvier 2019

Hume enfin réfuté


Rien ne saurait « découler de ce qui précède ».

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Le silence du pylore


24 janvier. — « À cette époque, mon pylore fonctionnait encore sans à-coups. Il faisait son travail en silence, modeste rouage de la grande machine de l'univers. Je ne lui accordais pas même une pensée, trop occupé que j'étais à conchier l'haeccéité, le Moi, l'idéalisme fichtéen, toutes choses qui faisaient de moi, pensais-je, le plus infortuné des hommes. Hélas ! Ce silence du pylore, c'était le bonheur et je ne le savais pas. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant les Scènes de la vie de Heidegger de Jean-René Vif

Mimétisme stercoral


On le sait depuis les travaux de Frobenius, les « crottes » sont capables de prendre à peu près n'importe quelles forme et couleur pour se fondre dans l'environnement où le hasard les a placées. Ce mimétisme de l'excrément illustre de façon quelquefois hallucinante le désir humain de réintégration à l'insensibilité originelle, qu'il faut rapprocher de la conception panthéistique de la nature, fréquente traduction philosophique et littéraire du retour à l'inconscience prénatale, autrement dit au pachynihil.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Retour à la réalité empirique


S'éveiller, c'est réintégrer la fosse anaphrodisiaque du réel, retomber dans le prisme néfaste de la volition.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Non loin de Montcuq (Lot)


23 janvier. — « Dans le cours de l'année 1214, un des principaux barons du Quercy, Déodat de Barrasc, seigneur de Béduer et autres lieux, vint à la rencontre de Simon de Montfort, et conclut avec lui, non loin de Montcuq, un traité par lequel il promit de démolir toutes les fortifications de ses domaines. » (J.B. Gluck, Album historique du département du Lot avec les vues des principaux monuments et sites de cette partie du Quercy, Paris, Gluck Frères, 1852)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

lundi 21 janvier 2019

Interlude

Femme lisant la Mathématique du néant de Włodzisław Szczur

Sacralité du « cas » en Provence


Il semble qu'il faille se ranger à l'opinion de De Bomare qui écrit que, dans toute la Provence, l'excrément est regardé comme sacré, et qu'on évite de lui causer le moindre dommage.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Gélose


L'idée du Rien, par sa gluance molle, évoque assez la gélose, cette substance mucilagineuse extraite d'algues marines du Pacifique ou de l'océan Indien.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

À propos du zététique Pyrrhon


27 novembre. — « Pyrrhon, célèbre philosophe d'Élide, fils de Pistorade, et disciple d'Anaxarque, exerça la profession de peintre avant de s'attacher à l'étude de la philosophie. Il flottoit dans un doute perpétuel, trouvoit partout des raisons d'affirmer et de nier, et après avoir bien examiné le pour et le contre, il suspendoit son jugement, et se réduisoit à dire : cela n'est pas évident. Ainsi il chercha toute sa vie la vérité, et ne voulut jamais convenir qu'il l'eût trouvée. C'est cet art de disputer sur toutes choses, et de douter toujours, que l'on appela scepticisme ou pyrrhonisme. Les disciples de ce philosophe prirent le nom de sceptiques. On les appeloit aussi inquisiteurs, douteux, examinateurs. Pyrrhon se flattoit de posséder une situation d'esprit exempte de trouble par le moyen de l'ataraxie qui règle les opinions, et de la métriopathie qui modère les passions. » (Mathieu Christophe, Dictionnaire pour servir à l'intelligence des auteurs classiques, grecs et latins, comprenant la géographie, la fable, l'histoire et les antiquités, Paris, Duprat-Duverger, 1805)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant la Mélancolie bourboulienne de Léon Glapusz

Métamorphoses florales


Par une condensation intense de sa volonté, par une exaltation prodigieuse de son dynamisme fluidique, l'homme du nihil parvient parfois à prendre l'apparence d'une anémone verdâtre, ou d'une simple et merveilleuse orchidée. Ces métamorphoses florales à la faveur desquelles il retourne au règne végétal complètent à la fois ses étonnantes capacités d'automatisme et l'attitude désinvolte dont il use vis-à-vis de la mort. Esquisses d'un retour à l'inanimé, elles donnent, selon Gragerfis qui les a maintes fois observées, l'image sensible d'une démission de la vie.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Falaise


Le suicidé philosophique cherche d'efficaces escarpements, où précipiter son intérieur frit.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

dimanche 20 janvier 2019

Dégoûtants Gioghis


29 novembre. — « Enfin Walther Schulzius (Ost-indianische Reise, lib. 4, c. 10) cite une tribu de l'Inde, dite Gioghi, qui ne prend aucun aliment sans y ajouter de la bouse de vache, et qui se barbouille la face et les cheveux avec cet excrément. » (Pierre Jannet, Jean-François Payen et Auguste Veinant, Bibliotheca scatologica, 1850)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune fille lisant Forcipressure d'Étienne-Marcel Dussap

Tétanose cataleptique


« Il n'est guère de réactions que ne soit capable d'exécuter le suicidé philosophique, alors même qu'il ne dispose d'aucun centre de représentation et d'activité volontaire puisqu'il est, comme qui dirait, "décédé" : il peut ainsi marcher, retrouver son équilibre, pratiquer l'autotomie d'un de ses membres menacés, prendre l'attitude spectrale et, ce qui est proprement déroutant, tomber, en face d'un danger ou à la suite d'une excitation périphérique, dans une fausse immobilité cadavérique : je m'exprime exprès de cette façon indirecte, tant le langage, me semble-t-il, a peine à signifier, et la raison à comprendre, que, mort, le suicidé philosophique puisse simuler la mort. » (E.-L. Bouvier, La vie psychique des suicidés philosophiques, Paris, Flammarion, 1918)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Musique funèbre


Le désenchantement, la lassitude mortelle, la noire mélancolie qui suintent des orfrois sonores du vieux Palestrina rappellent à l'homme son affreuse condition de « perdant de la mondialisation » et lui révèlent le sens du vocable reginglette.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Herbivore


16 septembre. — Héraclite, dit-on, prit une si grande aversion pour les hommes qu'il vécut d'herbes au milieu des bêtes féroces.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune fille lisant l'Appel du nihil de Martial Pollosson

samedi 19 janvier 2019

Contre les poëtes


Je t'en foutrai des « phraguements », moi, tuouaouar !

(Robert Férillet, Voyage autour de Montcuq (Lot))

Abrégé de médecine générale


La seule maladie est celle d'exister ; la seule thérapeutique, celle du suicide.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Épigastre qui s'encastre


21 août. — « Des maladies chroniques du tube digestif et des organes thoraciques, des altérations profondes de la rate, suites de la répétition de la fièvre, l'anémie, le découragement, la nostalgie et un sentiment aigu de la mortalité de l'être mortel caractérisèrent particulièrement cette deuxième période de mon existence. » (Stylus Gragerfis, Journal d'un cénobite mondain)

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)