mercredi 17 avril 2019

Hölderlin et le Rien


Dans son étude sur Hölderlin, Edmond Chassagnol insiste sur l'expérience déterminante que fut pour le jeune homme la découverte du Rien. Il n'avait encore vu que des rivières comme le Neckar : apercevoir le Rien l'a bouleversé. Stupeur et saisissement, révélation de l'illimité. De telles rencontres sont à part et peuvent marquer une existence : on sait que les dernières années de la vie de Hölderlin se déroulent dans l'ombre de la folie, chez le menuisier Ernst Zimmer à Tübingen.

Ce n'est qu'après avoir livré la dernière partie de son étude à Katkov que Chassagnol s'aperçut de sa terrible méprise : il avait confondu le Rien avec le Rhin et pris pour Hölderlin le peintre Eugène Boudin !


(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Reptilisme jankélévitchien


Tel un python à tête noire, le temps avance par reptation au moyen des mouvements de ses côtes — monotone, sempiternel processus cérébelleux !

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune femme lisant Forcipressure d'Étienne-Marcel Dussap

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Enchaînement fatidique


Plongé dans le malaise vague et douloureux de l'haeccéité, l'étant existant se prend d'horreur non seulement pour le souvenir et l'espérance, mais pour la pensée même. Il fait alors l'emplette d'un couteau de cuisine ou d'un flacon de taupicide et se lance à corps perdu dans la « jouissance épouvantable » de l'homicide de soi-même.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mardi 16 avril 2019

La vie en société


Régurgitation quotidienne du monstre bipède.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune fille lisant l'Appel du nihil de Martial Pollosson

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Affliction


À l'instar de l'Ecclésiaste, le suicidé philosophique considère que le monde extérieur n'est que néant et vanité : « Que l'on résiste ou que l'on cède à notre environnement, tel un cheval nous galopons vers la fin. N'est-ce pas vraiment affligeant ? Les gens prétendent que l'immortalité existe, mais à quoi peut-elle bien servir ? Le corps se décompose, et avec lui l'esprit. N'est-ce pas la chose la plus affligeante ? » (Songeries néantiques, p. 59)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Fadeur de l'existence


Je cherche des terreurs nouvelles, des vertiges plus larges, des angoisses inéprouvées.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

lundi 15 avril 2019

Interlude

Jeune femme lisant les Exercices de lypémanie de Marcel Banquine

Résurgences lexicales


« Reginglette », « glomérule », « lagéniforme », « zingibéracé » : peut-être s'agit-il simplement d'extraits issus de la parole commune, du fonds social de la conscience linguistique ; mais peut-être aussi, plus passionnellement, de mots très chers, médités par l'homme du nihil en dehors de sa pratique de la dilacération du Moi, ou prononcés par ses « amis » (Gragerfis), ses proches, en des situations précises et traumatisantes dont le souvenir, soudain, vient rider la surface de son « conscient intérieur ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Écharde


Je suis une écharde dans la chair de la « réalité empirique », et réciproquement.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune femme lisant la Nostalgie de l'infundibuliforme de Robert Férillet

Une ribambelle de tribulations


Les déboires auxquels s'expose le Dasein quand il se lance dans la traversée de l'inhospitalier « désert de Gobi de l'existence » sont si nombreux « qu'il faudrait, pour les citer tous, des dénombrements plus longs que ceux d'Homère, de Rabelais ou de Cervantès, quand Don Quichotte désigne à Sancho Pança les illustres paladins qu'il croit apercevoir, à travers la poussière, dans la grande armée des moutons. »

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

dimanche 14 avril 2019

Le plus grand scandale


La mort n'a pas dit « Jacques a dit ».

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune fille lisant Prière d'incinérer. Dégoût de Luc Pulflop

Une affreuse mascarade


Pour le constipé, le séjour périodique dans les « goguenots » est à la fois un exutoire, une torture rituelle d'expiation, un délire surréaliste, une célébration de la folie.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Canard


Faire fondre sur la cuillère chauffée à blanc de l'inaction le canard de la néantisation du monde. (En hommage à Georges Dazet)

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune fille lisant l'Océanographie du Rien de Raymond Doppelchor

Prêcher d'exemple


« Voir clair » (Gragerfis), être « dans l'immédiate proximité du Rien » (Banquine), « écarter les rideaux qui nous séparent du pachynihil » (Doppelchor). Et puis, par l'homicide de soi-même, propager cette révélation, aider les autres à s'ouvrir à leur tour.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 13 avril 2019

Plâtre


La calcination du gypse fournit le plâtre, selon la version perverse d'Irénée.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune femme lisant les Pensées rancies et cramoisies de J. Zimmerschmühl

Grands Anciens


Les suicidés philosophiques nous aident à transcender les structures utilitaires, à retrouver la vie profonde. Ils nous mettent en présence de l'invisible, de l'illimité, de l'indicible que nous portons en nous. — All right, chaps ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Littérature


L'homme du nihil est incapable de concevoir la littérature autrement que sous la forme non-risible du suicide.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

vendredi 12 avril 2019

Interlude

Jeune femme lisant Georges Sim et le Dasein de Maurice Cucq

Éclat de l'éphémère


Grâce au jus de pruneau, le constipé savoure enfin le « prodigieux éclat de l'éphémère ». Ce qui jamais peut-être ne reviendra brille en effet pour lui d'une tragique intensité : « ... le cas n'apprend qu'en sa défaite à embaumer ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

La difficile vie de Luc Pulflop


Je me tords en un spasme congru que presque ne dilue le flux énantiotrope du vocable.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune fille lisant le Monocle du colonel Sponsz de Hermann von Trobben

Nostalgie du Rien


Exclu du rêve, de la contemplation, exempt de tout désir et de tout idéal, l'homme du nihil se sent devenir pierre. Pour lui, le monde est « un brugnon pourri dont le noyau est du vide ». Seule l'autre réalité — le pachynihil — lui permet encore de supporter l'existence. Sans cette ouverture, celle-ci n'est plus que cendre morte, désert de poussière. Le pachynihil, c'est « très exactement cela en nous qui se rétracte quand nous entendons parler de séries algébriques », écrit un auteur qu'il connaît bien, Robert Musil. Mais comment recouvrer cette part d'insaisissable si ce n'est par l'homicide de soi-même ?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Snobisme


Ma lycanthropie est d'un présocratique mondain.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)