L'homme
du nihil raconte que dans son enfance, le boueux empoignait la poubelle
à main nue, la hissait sur son épaule, et en déversait le contenu dans
une carriole tirée par un tracteur ou par un « bourrineau ». À la fin de
sa tournée, le boueux vidait la carriole dans un énorme trou creusé à la
sortie du village : le dépotoir. On n'avait pas encore inventé les « déchetteries », en ce temps-là. Les hommes étaient plus proches de la
nature, moins chochottes, et par conséquent moins névrosés. Des « déchetteries » !!! — « Ô boueux de mon enfance ! Qu'êtes-vous devenus ? », s'exclame, pathétique, l'homme du nihil (au dire de Gragerfis).
(Fernand Delaunay, Glomérules)