Passé
un certain âge, il devient ridicule de se poser encore la question « comment vivre ». Mais ridicule ou non, on attend toujours
l'illumination.
« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mercredi 25 janvier 2023
À la manière du Grandiloque
Être obsédé par la pensée d'être un raté, tout en n'ayant aucune idée de ce que « réussir » peut bien vouloir dire.
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Chauve qui peut (la vie)
Toute
vie, c'est une banalité de le dire, est un film d'horreur. Et comme il
se doit, ce film comporte un « screamer » : le moment où l'alopécie fait
son apparition.
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
mardi 24 janvier 2023
Scène de plage à Trouville
D'après
Albert Camus, Dostoïevski s'est inspiré d'un personnage réel pour créer
son Kirilov des Possédés, et ce personnage n'est autre que le « peintre
des beautés météorologiques » Eugène Boudin. La version officielle dit
que Boudin est mort d'un cancer, mais en réalité (s'il faut en croire
Camus), il se serait tué pour prouver au vulgum pecus qu'il était Dieu !
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Phénoménologie de l'esprit
Sus ! Sus à la raison qui, chez Hegel, forme le rationnel comme objet de
pensée ! Sus à la raison qui, malhonnête caponne, contrecarre
incessamment les initiatives de l'infini infundibuliforme !
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Instanciation de concept
Au
détour d'une promenade dans les ruelles d'Argenton-sur-Creuse ou sur
les quais du port de Saint-Nazaire, on croise des vieux et l'on se dit : « C'est donc ça ? Les fameuses “personnes âgées” ? Eh bien, ça alors !
C'est plus fort que de jouer au bouchon ! »
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Souvenirs
Au
crépuscule de sa vie, l'écrivain Georges Perec se souvenait du champion
de rugby à XIII Puig-Aubert surnommé Pipette. Il se souvenait aussi de
Paul Ramadier et de sa barbiche. Le nihilique, lui, se souvient du
portrait du général Bagration appendu au mur du salon de Sobakévitch en
compagnie de Miaoulis, Canaris, Mavrocordato, et de l'héroïne Bobelina
aux fortes cuisses.
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
lundi 23 janvier 2023
Un terrible échec
Pas
plus que Maldoror (et ne parlons pas de Georges Dazet), le nihilique
n'a pu trouver la réponse au grand problème de la vie, à savoir la
mortalité ou l'immortalité de l'âme. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir
cherché. Toutes ces heures au « page » à ruminer en vain... Il y a de
quoi l'avoir sec... Mais peut-être n'y a-t-il pas plus d'âme que de
beurre au prose ?
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Cicéron au garage Rochard
« Jusques
à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ? Combien de temps
encore serons-nous ainsi le jouet de ta fureur ? Ça commence à bien
faire, mon ami ! Si ça continue, ça va mal se mettre, ça va bombarder
mais dur ! »
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Bloedworst
Non
content d'avoir un nom désopilant, Eugène Boudin, le « peintre des
beautés météorologiques », était souvent servi avec des tranches ou de la
compote de pomme — ce qui ne laissait pas de l'irriter.
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Fatigue existentielle
Être « un état de fait », cela n'est pas de tout repos. C'est même assez fatigant, à la longue.
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
samedi 21 janvier 2023
Autrui alias Georges Dazet
Dans
les Chants de Maldoror, en plus d'être un poulpe, un rhinolophe, un
pou, un crapaud et un acarus sarcopte, Dazet représente l'autrui
lévinassien, l'éternel empêcheur de tourner en rond. « Va-t-en, Dazet,
que j'expire tranquille... »
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Automatisme céphalo-rachidien
À
cause de ce zozo de Lautréamont, il est impossible — ou du moins très
difficile — d'emprunter la rue de Castiglione sans penser aussitôt à
un rhinocéros. Pourtant, la plupart du temps, on s'en passerait bien.
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
De la certitude
Dans
la vie, on ne sait jamais ce qui va vous tomber sur le coin de la hure — et cette incertitude a de quoi vous rendre maboule. Comparativement,
la certitude, même celle du pire, a quelque chose d'apaisant (ça dépend
quand même du genre de pire).
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Anticlimax
On entre dans la vie en fanfare, mais très vite, on est démoralisé par la lecture de Georges Perec (entre autres choses).
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
vendredi 20 janvier 2023
Une excuse de merde
Au
dire de son ami Gérard Lebovici, le pénible Guy Debord « tournait en
rond dans la nuit et était dévoré par le feu ». Mais cela n'excuse pas
tout ! Si tous les gens qui tournent en rond dans la nuit et sont
dévorés par le feu s'adonnaient à des passe-temps aussi stupides que le « lettrisme » ou le « situationnisme », nous ne serions pas sortis de
l'auberge !
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Barnacle Bill
Les
bonnes femmes aiment les choses simples. Elles s'accrochent à la
réalité empirique comme des mollusques bivalves à leur rocher. Quand on
est un ambulant théâtre de l'absurde, on ne doit pas s'étonner de ne pas
avoir de succès auprès des bonnes femmes.
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Problème d'extraction
Confucius a dit que la joie était en tout, qu'il fallait juste savoir l'extraire. Puis le « maître » a attrapé un panaris...
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Cécité volontaire
Dans
l'ensemble, le réel est sordide. Mais le monstre bipède, prisonnier il
faut croire du « moment dialectique » hégélien — où « les déterminations
finies se suppriment elles-mêmes et passent dans leurs contraires » —
fait « jore » qu'il ne s'en aperçoit pas.
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
jeudi 19 janvier 2023
Leibniz vs. Pilli
Selon
le capitaine Oscar Pilli — qui s'oppose sur ce point à Heidegger et à
Leibniz — la question n'est pas tant de savoir « pourquoi il y a en
général de l'étant et non pas plutôt rien » que d'établir « qui a tué le
chacal ami de l'homme (pour l'amour que je te porte) ».
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Cocktail lytique
La
solitude et le silence sont nos deux biens les plus précieux. Ils
forment une sorte de « cocktail lytique » qui atténue un tant soit peu la
souffrance d'exister.
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Au cul, les mots de Bobin !
Parce qu'il n'aime pas le style pleurnichard, le nihilique se colle au prose les mots de Bobin.
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
mercredi 18 janvier 2023
Un fameux casse-tête
Chercher
la vérité de l'être, autant chercher une aiguille dans une botte (ou
une meule) de foin. À la limite, du coup, comme même, ce qu'on peut
faire, c'est chercher la vérité de son être. Mais même ça...
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Modèle de Lewis
L'humanité,
tel un gâteau licorne à la framboise, se divise en trois couches
superposées. Celle du bas, la plus peuplée, est celle de l'animalité et
des survêtements. Au-dessus, la couche intermédiaire rassemble les gens
semi-éduqués (ce sont les plus sournois et les plus pernicieux). Enfin,
la couche supérieure est habitée par les amis du Rien. Ceux-là, en
vérité, il faut les plaindre !
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Contingence du Moi
Tout
individu est le produit d'une suite de hasards plus ou moins
malencontreux. Il n'y a pas de quoi pavoiser ! Et pourtant, il ramène sa
fraise, le salop !
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Vasière existentielle
Il
faut pourtant faire quelque chose de sa vie. Mais quoi ? Quelque chose
d'utile, si possible. On ne va quand même pas « aider les migrants ».
Peut-être écrire un livre sur le suicide chez les Romains ? Oh, et puis
merde.
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
mardi 17 janvier 2023
Pose littéraire
Il
faut vraiment aimer faire l'intéressant pour prétendre que la mort
possède une « froide beauté de jonquille ». Le Rien, peut-être. Mais la
mort !
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
Rhinocéros
Après
s'en être pris aux mutilés de cul dans Les Chaises, Ionesco, dans sa
pièce Rhinocéros, tire à boulets rouges sur les rhinocéros, ces
mammifères herbivores à peau épaisse et peu poilue. Tout en éreintant
ces débonnaires pachydermes, le dramaturge pose une question « philosophique » : est-il possible de rester humain lorsque toutes les
personnes autour de vous acceptent de se transformer en rhinocéros ? On a
tendance à répondre que peut-être (il faudrait d'abord définir ce qu'on
entend par « humain ») — mais c'est du « théâtre de l'absurde », alors
attention, hein !
(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)
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