« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mercredi 4 juillet 2018
Bulgaria
Poète, comme on l'est toujours à vingt ans, le suicidé philosophique consacre les premiers essais de sa plume à son pays : le Rien. Il le décrit en naturaliste, en archéologue, en moraliste ; puis il se prend à le chanter dans quelques églogues réunies sous le titre d'Une Voix du Morvan.
Les jours et les années passent ; il s'empâte, il perd ses cheveux et ses dents qu'il n'a pas les moyens de faire soigner ; il ne peut plus courir, son dos le fait souffrir, il a souvent mal au crâne, l'arthrose redoutée le gagne ; il se voûte et chaque pas le fragilise...
Il est temps de quitter la Faucille et de redescendre à Mijoux, pour arriver à Saint-Claude par Septmoncel. Peu à peu, il sème les dernières voitures et reste seul sur la route, précédé d'un énorme camion bâché de bleu portant l'inscription Bulgaria. C'est la fin.
(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)
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