vendredi 3 août 2018

Couardise du Moi


Un ancien rapport de police relate un incident qui peint le Moi tout entier et tout nu : « Il y a six mois environ, le Moi se trouvant dans un café à côté du sieur Férillet son souffre-douleur, et ayant liché plus que de raison, se mit à engueuler le sieur Férillet qui lui envoya le lendemain deux témoins. On va sur le terrain, le Moi chantonne, mange une queue de rose, fouette les herbes de sa badine, pirouette ; bref, les fers s'engageant et au moment où le témoin dit "Allez Messieurs", le Moi baisse son épée et dit : "Pardon, j'ai deux mots à dire en particulier à M. Férillet". Les témoins s'écartent, les deux opposants se promènent vingt minutes et au bout de ce temps Férillet dit à ses témoins : "Messieurs, en présence des explications de mon adversaire, l'affaire n'a plus de raison de suivre son cours". Chacun s'en alla comme il était venu. Le Moi toujours chantonnant, faisant siffler sa badine et mâchonnant sa rose ; mais singulièrement déchu dans l'estime de ses témoins. »

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

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