jeudi 23 août 2018

Hommage à Alphonse Despines


Il y a bien des façons d'occuper sa vie. On peut, comme l'homme du nihil, « ronger par la racine l'ancolie du doute » et réfléchir incessamment à la meilleure façon de se détruire. On peut aussi collecter des chansons et des noëls en patois savoyard. Tout n'est-il pas louable, en un sens ?

Quoi qu'il en soit, un des plus beaux éloges funèbres de la langue française est, dans son laconisme véridique, celui qu'écrivit en 1877 le philologue Aimé Constantin pour rendre hommage à son collègue Alphonse Despines. Le mal — l'obsession des noëls en patois savoyards —, sa nature, son intensité, tout y est resserré avec une force et un bonheur d'expression suprêmes : « Je considère comme un devoir, avant d'entrer en matière, de rendre hommage au talent et au patriotisme de cet infatigable travailleur qui a consacré de longues années à recueillir tout ce qu'il a pu découvrir en fait de chansons et de noëls en patois savoyard, et qui dans une série d'articles insérés dans la Revue Savoisienne (1864-1870), n'a cessé de faire l'appel le plus chaleureux à tous les amateurs et détenteurs de poésies patoises. [...] La Société Florimontane, dont M. Despines fut un des membres les plus actifs et les plus distingués, a déjà à plusieurs reprises exprimé le désir de reprendre en sous-œuvre et de compléter le travail interrompu. Espérons qu'elle pourra bientôt mettre à exécution sa louable et patriotique intention. En attendant, honneur à ce vaillant champion, mort victime de son zèle pour la science et le bien public, honneur à M. Alphonse Despines ! » (Aimé Constantin, Études sur le patois savoyard, Burnod, Annecy, 1877)


(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

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