samedi 8 décembre 2018

Chasse au morse


21 juillet. ― Je tente de dissoudre la mélancolie qui m'accable en lisant le Dictionnaire théorique et pratique de chasse et de pêche, de Delisle de Moncel. Un passage retient particulièrement mon attention, celui qui traite de la chasse au morse. Voici ce qu'en dit l'auteur : « On préfère la chasse des morses à leur pêche, parce qu'elle est bien moins dangereuse : on choisit le temps de la basse mer pour les aborder : on marche alors de front vers ces animaux, pour leur couper la retraite : quand on en a tué quelques-uns, on fait une barrière de leurs cadavres, et on laisse quelques gens à l'affut pour assommer ceux qui restent. Quand ces animaux sont blessés, ils deviennent furieux, frappent de côté et d'autre avec leurs dents, brisent les armes des chasseurs, et dans le désespoir où ils se trouvent réduits, mettent leur tête entre leurs pattes et se laissent ainsi rouler dans l'eau. Si le hasard ou le besoin en a rassemblé un grand nombre, ils se secourent les uns les autres, vont à la mer, entourent les chaloupes, et cherchent à les renverser. Le morse, avant la navigation hardie des Européens, ne craignoit aucun ennemi, il avoit réussi à dompter jusqu'à l'ours du Groënland, qui semble le dominateur et le tyran du Nord. »

― Rien n'y fait. La mélancolie y est, elle y est toujours, encore aggravée par l'image de ces morses qui mettent leur tête entre leurs pattes et se laissent rouler dans l'eau.


(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

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