« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
jeudi 10 mai 2018
Réjouissons nos papilles
Au pied du Sancy, on déguste une salade dite bourboulienne dont Max Brod, dans sa Biographie von Heinrich Heine, prétend qu'elle est « aussi goûteuse que l'ambroisie des Grecs ». Pour la préparer, on procède comme suit.
Après s'être muni d'une salade verte, on coupe des pommes de terre en quatre et on les fait, soit cuire à la vapeur, soit revenir à la sauteuse. On découpe ensuite la croûte supérieure d'un petit saint-nectaire de façon à former une sorte d'écuelle. On place le fromage ainsi creusé dans un plat à four de taille identique, et l'on fait chauffer à 180 degrés pendant environ dix minutes en prenant bien garde de ne pas laisser roussir.
On sert la bourboulienne en garnissant le fromage fondu de salade verte, de pommes vapeur ou sautées, de quelques cornichons recrutés parmi les philosophes de l'endroit, et d'un assortiment de salaisons auvergnates : jambon sec, saucisson et autres denrées, selon ce qu'offre le marché.
Cette salade roborative passe pour être un plat complet, et même aussi complet que le désenchantement de l'homme du nihil, ce qui n'est pas peu dire.
(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)
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