mercredi 1 août 2018

Incompatibilité


En 1915, Heidegger, qui jusque-là se destinait à la prêtrise, décide d'abandonner la religion, jugeant celle-ci « radicalement incompatible avec la philosophie ». « Il y a là-dedans trop de tintamarre, trop de brouillamini » confie-t-il à son ami Günther Schmalz, le futur « philosophe du continu ». Désormais, une seule question l'occupe : comment passer de l'étant à l'Être, si possible sans y laisser trop de plumes ?

Sa première idée est de promouvoir l'authenticité, comme possibilité pour la réalité humaine de s'affranchir des illusions du « on » (ce vorace voïvode de la « banalité quotidienne », qui incarne l'anonymat sans originalité, la dissolution des individualités) et d'accéder à la personnalité véritable.

Il a aussi l'intention de dénigrer la technique qui selon lui exprime le vide ontologique le plus total.

Mais bien des points demeurent problématiques... En particulier, il s'agira de montrer que la mort, loin d'être un événement banal, constitue « notre ultime possibilité, le noyau même de notre être ». — Et ça, « c'est plus facile à dire qu'à faire »...


(Jean-René Vif, Scènes de la vie de Heidegger)

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