Le « Grandiloque des Carpates » lisant l'Océanographie du
Rien de Raymond Doppelchor et tentant de comprendre la notion de « sinapisation du réel » qui s'y trouve développée.
« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mardi 4 mai 2021
mercredi 21 avril 2021
Antidote
Selon l'homme du nihil, « le vocable
reginglette est, avec le taupicide, le seul antidote possible à
l'angoisse métaphysique qui mine le sujet pensant, et à cette misère
existentielle où les philosophes Kant et Hegel, avec leurs terribles
"concepts", ont plongé l'humanité. »
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mercredi 14 avril 2021
Un réprouvé
Lorsqu'il se voit frappé d'un panaris,
le nihilique, au lieu de trouver son soutien dans la soumission à la
providence, blasphème contre le ciel, trouve tout odieux, se désespère
et, dans son désespoir, goûte toute l'amertume de la douleur. Ne manque
que la pénible Sonia Marmeladova pour faire de lui un complet « héros
dostoïevskien ».
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 12 avril 2021
Sourcils sévères du nihilique
« On
appelle nihiliques les individus dont toute la philosophie se borne à
affirmer que rien n'est. Leurs caractéristiques les plus marquantes
sont : un regard féroce, une grande sévérité sur les sourcils, un grand
silence, une profonde méditation, un désir de la solitude, un amour et
une haine opiniâtres, des présages funestes et des songes tristes. »
(Pierre-Joseph Buc'hoz, Mémoire sur la manière de guérir la mélancolie
par l'homicide de soi-même, Paris, 1806)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 2 avril 2021
Cachot
Ferrière a défini le cachot « un sépulcre
funeste où l'on enferme des hommes vivants, où l'on ne gît que sur la
paille ». Mais cette définition ne convient-elle pas, plus généralement,
pour caractériser le « fétide et rébarbatif réel », ce que les philosophes
appellent la « réalité empirique » ?
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mercredi 31 mars 2021
Acédie
Sujet à des attaques d'acédie monastique,
l'homme du nihil, pour y faire face, suit le conseil d'Évagre le
Pontique et cultive la vertu de persévérance. Ce terme, que les
stoïciens associaient à l'endurance et au courage, exprime en effet la
résistance qu'oppose le nihilique à toutes les pensées qui tendent à le
décourager (par exemple celle d'ingurgiter du taupicide), et surtout la
persistance — dans l'idée que « rien n'est ». Évagre recommande
également le travail manuel, mais l'homme du nihil estime (au dire de
Gragerfis) qu'« il ne faut quand même pas pousser grand-mère dans les
orties ».
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 29 mars 2021
Abstention
Selon le père Bourdaloue, « la pensée du
purgatoire, en nous donnant une idée de la sévérité de la justice
divine, porte notre cœur à la pratique de toutes les vertus
chrétiennes ». Cela est vrai en général, sans doute, mais la crainte de
la justice divine n'empêche pas le nihilique de mettre vices et vertus
dans le même sac et de ne pratiquer ni les uns ni les autres, convaincu
qu'il est que « tout pue ». Sa règle de conduite est « d'attendre que ça se
passe » (l'univers, le soir, lui paraît lourd de non-promesses).
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 22 mars 2021
Objet de propriété
L'homme du
nihil ne pense pas sans frémir qu'il n'est qu'un objet de propriété :
comme une chaise, un presse-purée ou — si l'on veut aller par là —
le mot ours. Mais il doit se rendre à l'évidence : il ne s'appartient
plus, il est l'esclave de cette « cré bon diousse d'idée du Rien » qui le
bourrelle incessamment.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 19 mars 2021
Précipice
« Que penseriez-vous, mes
chers enfants, d'un homme qui ne se plairait que sur le bord des
précipices, qui y établirait sa demeure et y dormirait paisiblement ?
Vous diriez que cet homme est un imprudent, un insensé ; qu'à force de
tourner autour de l'abîme, il finira par y tomber, et qu'il sera victime
de sa témérité. Voilà l'état de l'homme du nihil : il marche, il
s'assoit, il s'endort sur le bord d'un précipice ; et ce précipice,
c'est... l'idée du Rien. Mais oui ! » (Jean-Baptiste Martin, Recueil
d'instructions pour la première communion, Bourg, Bottier, 1841)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 15 mars 2021
L'art de déplaire
Si quelqu'un mérite le nom de « porphyrogénète dévoyé », c'est bien l'homme du nihil. En effet, il est
né dans la pourpre et... il est dévoyé. Mais oui !
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 12 mars 2021
Carmen
À un autre endroit, l'homme du nihil dit que l'homicide
de soi-même « n'est pas sans rappeler le carmen, ce chant fluide de la
chanson éolienne qui peu à peu se ritualise dans le distique ». — Et
c'est bien le cas, en effet !
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 28 février 2021
Pouvoir de la mijole
Grâce à ses « biberons
Robert », à son fondement — de l'historialité du Dasein ? — et à sa « mijole », la femme, malgré son incurable stupidité, est parvenue à
établir son empire sur le monde. Ô vanité ! ô néant ! « ô aueuglement
estrange des hommes, gloriatur in malitia sua ! »
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mardi 23 février 2021
mercredi 17 février 2021
Lectures inutiles
Quoique
douloureusement conscient de « l'opulente inanité d'une érudition
complètement étrangère à sa destinée » — destinée qu'il identifie au
taupicide —, le nihilique lit sans discontinuer. Hélas ! de chaque
livre, il ressort « gros-jean comme devant ». L'auteur, soit fait le
malin, soit « met à côté de la plaque » ! Ô vanité des vanités ! Ô rictus
bestial de l'existence !
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 12 février 2021
Gelée blanche
Ce n'est pas « au séjour des frimas »
que l'homme du nihil va chercher le calme — comme Macedonio Fernández,
il tient à son confort thermique — mais dans la suprêmement onctueuse pensée de se détruire.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 8 février 2021
Réclame
« Vous êtes fatigué d'être
ceci ou cela ? Retrouvez la sérénité primordiale du Rien grâce au
taupicide foudroyant Moulin. Dix grammes, en une seule prise. Une
solution jeune. » (Sur une brochure publicitaire vantant le « taupicide foudroyant Moulin »)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
jeudi 4 février 2021
lundi 1 février 2021
Un destin clownesque
Rien de ce qui est humain n'échappe au ridicule, sauf peut-être la souffrance — en particulier celle due à un panaris.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 29 janvier 2021
Radiations
Le rayonnement de l'idée du Rien, moins abondant que le
rayonnement cosmique solaire, est toutefois suffisamment énergétique 1
pour pénétrer profondément dans la pachyméninge du sujet pensant et
induire des réactions nucléaires — il peut notamment engendrer la pensée de se pendre avec ses bretelles.
1. Le psychologue américain John Tussord évalue son énergie à 10 gigaélectronvolts par nucléon.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
1. Le psychologue américain John Tussord évalue son énergie à 10 gigaélectronvolts par nucléon.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 17 janvier 2021
Melancholia
Le philosophe Baruch Spinoza, un jour
qu'il était « gonflé à bloc », aurait déclaré que « la gaieté ne peut avoir
d'excès, et elle est toujours bonne ; la mélancolie, au contraire, est
toujours mauvaise. » Ce à quoi Leibniz, qui était toujours d'humeur
sombre et voyait dans la vie un « margouillis exophtalmique » (eine
exophthalmische Margouillis) aurait rétorqué : « Oh ! Oh ! Comme tu y
vas, mon ami ! »
(Fernand Delaunay, Glomérules)
jeudi 14 janvier 2021
dimanche 10 janvier 2021
Poétique de l'indicible
L'homme du nihil voit dans
l'homicide de soi-même une poétique de l'indicible, comparable selon
lui à celle de Catulle. « Comme le poëte romain, écrit-il, l'homicide de
soi-même rassemble la violence et la grâce, cultive l'implicite et le
détour, et sait user à l'occasion d'une oralité ludique et festive. » —
Qui pourrait le nier ?
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mercredi 6 janvier 2021
Un taiseux
D'après Gragerfis, les investigations
philosophiques de l'homme du nihil l'avaient conduit à penser que « ce
qu'on ne peut dire, il faut le taire, et ce qu'on pourrait
éventuellement dire, il faut le taire aussi car tout le monde s'en fout
de toute façon. »
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 3 janvier 2021
Pensées coupables
Si la créature
refuse de coopérer à sa grâce — comme c'est le cas de l'homme du nihil —, Dieu ne peut vouloir son salut parce qu'étant souverainement
juste, il doit punir le péché. C'est donc la faute de l'homme du nihil — qui, au lieu de travailler à sa rédemption, se complaît dans des
ruminations sur l'haeccéité, la temporalité du temps, le taupicide,
l'intentionnalité husserlienne, etc —, si Dieu ne le sauve pas.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mardi 1 décembre 2020
mardi 24 novembre 2020
lundi 16 novembre 2020
Schéol
Comme le schéol des Hébreux, la femme est un lieu — un être ? — creux, souterrain, insatiable.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 15 novembre 2020
Un terrible destin
L'état du nihilique ressemble à celui
d'un ver qu'on écrase. Réduit à la condition des morts, il est enfermé
dans la « réalité empirique » comme dans un tombeau. Dans son Journal d'un
cénobite mondain, Gragerfis dit qu'il est « semblable au vil lambeau
d'une ceinture pourrie » (d'autres auteurs le comparent à un tas
d'ossements desséchés). Son malheur est sans ressource et sa plaie
incurable, car malgré ses efforts pour adhérer à quelque chose, il n'est
pas fichu de sortir de l'idée que rien n'est.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 8 novembre 2020
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