« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
mercredi 13 juin 2018
Vulnérabilité de l'ami de la sagesse
Un philosophe attaqué par l'idée du Rien ne fait en général pas de vieux os. Criblées de piqûres, ses radicelles à concepts se boursouflent et prennent l'aspect de chapelets à grains allongés. Ainsi déformées, elles ne peuvent plus puiser les sucs nourriciers de la réalité empirique ; le cerveau affamé languit quelque temps, ne donne que de chétifs syllogismes, mais est incapable de produire le moindre concept ; enfin l'« ami de la sagesse » se dessèche et meurt. « Le puceron a tué sa nourrice » dirait l'entomologiste Fabre.
(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)
Indécomposabilité du « faire »
De même que la sphère tarskienne n'est pas un ensemble de points, étant conceptuellement antérieure à l'idée même de point puisque définie seulement par des axiomes formulés dans le langage de la méréologie de Leśniewski, le processus défécatoire n'est pas un ensemble de « moments fécaux ».
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
Un potager pour créer du lien social
« Christophe Cam, animateur socio-éducatif à l'Afpa 1 de Quimper, n'en revient toujours pas. Le potager qu'il a décidé de créer en juin au sein de l'établissement a trouvé un écho positif auprès des 250 stagiaires que l'Afpa accueille chaque année.
"Créer un potager ? Je partais dans l'inconnu. Et ça a cartonné !", s'ébahit Christophe Cam, qui semble oublier que chez Husserl, c'est justement cette pulsion de connaissance que l'on retrouve dans la visée de "remplissement" du sens qu'est l'intentionnalité et la téléologie qui lui est inhérente. Elle manifeste à plein le souci du phénoménologue de faire droit sans équivoque à la primauté de la compréhension sur le non-sens, ou encore de la satisfaction sur la frustration.
"Moi-même, continue Christophe Cam, j'apprends à jardiner avec la trentaine de stagiaires qui se sont investis dans le projet. On a déjà récolté 40 kg de courgettes, des salades, des aromates..."
"Ce qui m'a le plus surpris, ajoute l'animateur socio-éducatif, c'est que je ne voyais jamais certains stagiaires, sans doute excessivement introvertis, lors des activités culturelles ou sportives que j'organise en marge des formations. Et là, grâce au potager, ils sont venus et se sont ouverts aux autres, passant ainsi sans coup férir de la philosophie de Husserl à une vision lévinassienne de l'existence." » (Ouest France, 1er octobre 2013)
1. L'Association française de phénoménologie acrobatique forme majoritairement des chômeurs et des personnes en contrat d'alternance qui s'intéressent à la pensée d'Edmond Husserl.
(Francis Muflier, L'Apothéose du décervellement)
Un véritable diantre
L'odieux photographe Walter Rizotto, qui apparaît dans Les Bijoux de la Castafiore, se révèle au fil de l'intrigue n'être ni plus ni moins qu'une incarnation du Malin.
Avec son horripilant collier de barbe, son regard lubrique et son lien équivoque avec le très-efféminé Jean-Loup de la Batellerie, il correspond d'ailleurs parfaitement à la définition que donne Freud du diable, à savoir « l'incarnation des pulsions anales érotiques refoulées ».
(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)
Un antidote à la souffrance d'exister
« Le SEL (Système d'Échanges Local) de La Bourboule est, plus que tout autre, fondé sur la solidarité et le lien social comme alternatives à l'individualisme prôné par la société de consommation.
Par l'échange, sa mission est de favoriser la rencontre de personnes d'univers et d'âges différents afin de faire tomber les barrières de l'intolérance et des préjugés.
Si vous souhaitez partager vos connaissances et vos savoir-faire, tisser des liens, proposer des alternatives au système consumériste, favoriser les relations intergénérationnelles, ou encore parler de la sensation que vous éprouvez en permanence de vivre isolé dans un univers de menace et de désolation sans autre perspective que la mort, n'hésitez pas : contactez Bruno Cordier et rejoignez le SEL de La Bourboule. Une alternative JEUNE à l'homicide de soi-même ! »
(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)
Pris de court
Par une paisible journée d'automne, dans un chemin creux saturé des gazouillis du bouvreuil et de la bergeronnette, l'homme du nihil cueillait des mûres lorsqu'une guêpe le piqua à la gorge, et il bascula subito presto dans cet état équivoque qu'on appelle la mort.
On a beau préparer son suicide de longue date et de façon méticuleuse, on n'est pas à l'abri d'un « accident de la vie » !
Ô absurdité ! Ô néant ! Et comme l'apôtre Paul avait raison de prévenir la chétive créature humaine que l'appariteur du Grand Rien vient le plus souvent « comme un voleur dans la nuit » !
(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)
En voie de disparition
« La production d'excrément, l'acte le plus bestial à inscrire au dossier de l'espèce humaine, existe encore en Australie, mais y disparaît de plus en plus. La plupart des indigènes s'en cachent vis-à-vis des blancs. Si je puis en juger par des renseignements incomplets, il serait plus commun dans Queensland et le Sud que dans l'Ouest. Selon M. Staniland, il ferait totalement défaut dans le Nord. » (Paul Topinard, Races indigènes de l'Australie, In : Bulletins de la Société d'Anthropologie de Paris, G. Masson, Paris, 1872)
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
Bornes atteintes
En analyse réelle, le théorème de Weierstrass ou théorème des valeurs extrêmes énonce qu'une fonction continue sur un segment est d'image bornée. Et Weierstrass ajoute qu'une telle fonction, non seulement est d'image bornée, mais atteint ses bornes, comme fait la patience de l'homme du nihil confronté quotidiennement à la vilenie du « monstre bipède ».
(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)
mardi 12 juin 2018
À la conquête du globe
La rusticité de l'homme du nihil ainsi que sa foncière discrétion font qu'il est facilement transporté par mégarde, soit à l'état de larve, soit dissimulé dans les plis de la réalité empirique où il se réfugie pour fuir le pénible vulgum pecus.
Voyager ainsi « en loucedé » lui permet de conquérir de nouveaux habitats et de répandre partout, tel un moderne Hégésias, sa dangereuse doctrine.
(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)
Nuisibles
Dans son ouvrage intitulé Les hylophtires et leurs ennemis, le docteur Ratzeburg divise les philosophes en trois classes : les très nuisibles, les distinctement nuisibles, et les indistinctement nuisibles. « Les très nuisibles, dit-il, font périr et estropient une grande foule d'esprits en y injectant leurs doctrines pernicieuses pleines de concepts très venimeux. Les distinctement nuisibles tuent et rabougrissent bien aussi çà et là quelques esprits, mais, pour l'ordinaire, ils ne font que les arrêter d'une manière évidente dans leur croissance. Enfin les indistinctement nuisibles sont, ou trop rares pour pouvoir positivement nuire, ou bien, lorsqu'ils sont nombreux — cas, par exemple, des empiristes logiques —, ils ne corrompent que superficiellement la pachyméninge de ceux qui reçoivent leur doctrine. »
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
Cruche
Le monde des objets est-il le nôtre ? Un objet reste-t-il un objet quand il n'y a personne pour le percevoir, ou se transforme-t-il subito presto en une « gélatine d'entourloupette » ? Ce mannequin que je vois dans une vitrine, est-ce un homme en chair et en os ou un personnage en bois ? Autant de questions qui angoissent Heidegger (comme avant lui Husserl).
L'ousiologie logiciste prétend qu'une chose, a thing, une res ou substance est « ce qui existe en et pour soi » (in se et per se) ; une chose est ce qui est identique à soi-même ; elle est exactement ce qu'elle est, pas plus, pas moins. Cependant, ce que le retour à l'expérience perceptive peut nous enseigner — et Heidegger reste un phénoménologue dans l'âme —, c'est l'impossibilité d'une chose absolue, une chose qui serait exactement ce qu'elle est, tout à fait autre que tout ce qu'elle n'est pas, c'est-à-dire pure coïncidence avec elle-même, pure identité. L'objet « complet », l'objet transparent, Heidegger l'affirme, est une illusion de la pensée rationaliste. Une chose n'est déterminée que par ses relations internes à un horizon indéterminé.
Pour Heidegger, le parangon de la chose est la cruche — et, séducteur chevronné, il sait de quoi il parle. La cruche, dit-il, est pour l'entendement commun une chose, qui comme « contenant » se tient en elle-même. En considérant sa production par les mains du potier travaillant l'argile, nous ne quittons pas l'objectivation de l'objet et nous ne trouvons pas le chemin de la « choséité » de la chose. Ce qui est propre à la manière d'être de la cruche n'est jamais fabriqué par la production. « Non, mes amis, ce qui fait de la cruche une chose ne réside aucunement dans la matière (ici dans les parois) mais dans l'apparition du "vide qui contient". Ce qui fait de la cruche une cruche déploie son être dans le versement de ce qu'on offre, dans le don de boisson, vin ou eau. ».
Problème de cohabitation avec une belle-mère envahissante ? Sentiment de culpabilité lié à son statut d'être-en-faute ? Besoin compulsif de « faire le zouave » ? Peut-on jamais savoir avec certitude ce qui pousse un homme à disserter sur la cruche ?
(Jean-René Vif, Scènes de la vie de Heidegger)
Une absurde prophétie
Dans l'Apocalypse, Jean cherche à effrayer les candidats au suicide philosophique : « En ces temps-là, dit-il, les hommes chercheront la mort et ils ne la trouveront pas ; ils désireront mourir et la mort fuira loin d'eux. »
Mais il est vrai que Jean ne pouvait pas prévoir l'invention du taupicide !
(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)
Grand Œuvre
L'idée du Rien n'est pas, à la vérité, appropriée aux ouvrages du quotidien, mais elle l'emporte sur le stoïcisme, le nominalisme, l'idéalisme allemand, le positivisme, la phénoménologie, l'empirisme logique, et toutes les autres doctrines philosophiques lorsqu'il s'agit de réaliser l'ouvrage par excellence, l'homicide de soi-même.
Par rapport au peuplier, à l'orme gras, à l'ypréau, au tremble, et autres espèces de bois feuillus, elle a aussi l'avantage de ne pas se déjeter, et de se conserver sous l'eau.
(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)
Frustration
Être un homme corrosif, exécrer le monstre bipède, vomir la réalité empirique, et ne rien brûler, ne rien décapiter, ne rien exterminer !
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Concombre d'âne
Les Canaques de Polynésie croient — et l'homme du nihil n'est pas loin de leur donner raison — que la vie est une courge amère. Ils se la représentent sous la forme d'une plante dont les tiges sont couchées sur la terre, rampantes, très branchues, épaisses et chargées d'aspérités qui les rendent rudes et piquantes au toucher. Ils lui donnent aussi le nom, qui lui va comme un gant, de concombre d'âne.
(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)
Plumes (Raymond Carver)
Un copain de travail, Bud, nous a invités à dîner, Fran et moi. Je ne connaissais pas sa femme et il ne connaissait pas la mienne. Comme ça, on était à égalité. Je savais qu'il y avait un bébé, chez Bud. Il devait avoir dans les huit mois à l'époque de l'invitation. Ce qu'ils avaient passé vite, ces huit mois ! Et ce que le temps a passé vite, depuis, nom de Dieu ! Mais comme l'a dit Jankélévitch, si le temps s'oppose irréductiblement à la rétrogradation, il ouvre une carrière infinie à la liberté. L'homme peut s'ouvrir à l'idée du futur et confirmer ce que le temps affirme : il s'agit d'apprendre le consentement à l'irréversible temporalité avec ses irréparables et ses irrévocables, contre toute nostalgie décevante et démissionnaire. Jankélévitch démontre en fin de compte que l'irréversible n'admet qu'un seul remède : le consentement joyeux de l'homme à l'avenir.
Mais ça nous paraissait un peu prétentieux, à Fran et à moi, alors à la place, on a décidé d'apporter un pain maison.
(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)
lundi 11 juin 2018
Dynamique du « Suisse »
Une autre singularité signifiante s'attache à l'image du « Suisse » : le sens du mouvement. L'excrément, par essence, est une dynamique vivante. Ce refus de l'immobilité, qui le pousse continûment vers l'Ouvert, répond à une « psychologie de l'intensité », comme dirait Bachelard.
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
Un maniaque de la persévérance dans l'être
« Même ceux d'entre nous qui vivent vieux, meurent trop jeunes », aurait déclaré Élie Metchnikoff un jour qu'il se sentait « gonflé à bloc ». Gragerfis, qui assistait à la scène, confie dans son Journal qu'une telle bêtise le laissa sans voix. « Il est heureux, ajoute-t-il, que le grand zoologiste ait mieux étudié le ténia de la grenouille que l'homme ».
(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)
Nilpotence
On sait qu'en mathématiques, une algèbre de Lie, nommée en l'honneur du mathématicien Sophus Lie, est un espace vectoriel qui est muni d'un crochet de Lie, c'est-à-dire d'une loi de composition interne bilinéaire, antisymétrique et qui vérifie la relation de Jacobi. Une algèbre de Lie est un cas particulier d'algèbre sur un corps.
C'est sur la structure des algèbres de Lie que porte le théorème de Engel. Sommairement, il affirme que les deux notions de nilpotence que l'on peut définir pour une algèbre de Lie coïncident.
La nilpotence ! Le pouvoir du Rien ! N'y a-t-il pas là de quoi émouvoir au suprême l'homme du nihil et lui faire embrasser une carrière d'algébriste, quitte plus tard, si les résultats ne sont pas au rendez-vous, à se suspendre par le cou à un crochet de Lie ?
(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)
Interprétations divergentes
Certains glossateurs louent d'abord en l'excrément la « clairvoyance », la « perspicacité », la force rare d'une créature qui sait esquiver les pièges du « boyau culier » et négocier avec adresse tous ses méandres (Roger Caillois). Mais d'autres, d'accord certes avec cette admiration, la justifient par des raisons tout opposées, voient dans la défécation la revanche de l'irrationnel, l'affirmation fulgurante des forces obscures, l'explosion volcanique de nappes souterraines, incandescentes (Julien Gracq).
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
Patronymes inappropriés
Certaines personnes portent bien mal leur nom. C'est le cas de l'empereur romain Commode (161-192) qui, au dire des historiens Vopisque et Jules Capitolin, ne l'était pas tellement, mais aussi celui d'Ivan Ivanovitch Sakharine, le collectionneur de maquettes du Secret de la Licorne, dont l'apparence, qui évoque celle de Raspoutine — longue barbe noire, cheveux gras plaqués et petits yeux cruels —, est tout sauf sucrée !
(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)
Penser contre soi-même
Accablé par la conscience de son propre néant, l'homme du nihil trouve insupportable de devoir subir par-dessus le marché la tyrannie d'un Moi hâbleur et présomptueux.
Si l'on excepte les expédients brutaux que sont l'homicide de soi-même et le muscadet, sa seule ressource, pour dompter le « sinistre polichinelle », est de retourner sa pensée contre lui-même.
Hélas ! Quand on s'engage dans cette voie, il est difficile de garder la mesure. Et c'est ainsi qu'entraîné sur la pente de l'ironie envers soi-même, l'homme du nihil va jusqu'à proclamer son affection pour les pigeons, alors qu'il a toujours trouvé ces volucres suprêmement importuns !
(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)
Bipolarité du désespoir
Dans son essai sur Gabriel Marcel et Karl Jaspers, l'« ami de la sagesse » Paul Ricœur distingue deux types de désespoir : d'un côté « un désespoir de l'objectivité pure, qui est un désespoir de spectateur et s'étale sur le plan du problématique » — Ricœur fait sans doute ici allusion au désespoir du spectateur ulcéré de ne rien voir parce qu'une « grosse dondon » obstrue son champ visuel à la manière d'un glaucome ; de l'autre un désespoir de l'existence, « qui procède de la méditation même de l'haeccéité, étreint la mort avec sérieux et s'enfonce dans une métaproblématique du néant ».
Il y a sans doute du vrai là-dedans, mais à l'estime de l'homme du nihil, ce vaillant champion de l'enfoncement dans la « métaproblématique du néant », seule la seconde catégorie mérite le beau nom de désespoir.
(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)
dimanche 10 juin 2018
Inexistence de l'espace
Comme Zénon, l'homme du nihil conteste non seulement l'existence du mouvement et celle du temps, mais encore celle de l'espace. À ceux qui soutiennent que l'être se trouve dans l'espace, il demande : Quel être ? Où avez-vous vu de l'être ? — [silence embarrassé] — Et où se trouve cet espace ? — Dans l'espace, lui répond-on. — Et cet espace ? — Dans un autre espace. Récursivité infinie de laquelle il tire logiquement que l'espace en soi n'existe pas. Il en profite pour se recoucher, et gémir.
(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)
L'heure du châtiment
Dans mon rêve, le Moi était condamné à faire amende honorable devant la principale porte de la ville, où il devait être conduit dans un tombereau, nus pieds, nue tête et en chemise, tenant en ses mains une torche de cire jaune du poids de deux livres, ayant la corde au cou et un écriteau devant et derrière portant ces mots « Empoisonneur du sieur Doppelchor, son hôte et bienfaiteur », puis à être mené en place publique pour y être rompu vif et jeté subito presto dans un bûcher ardent.
(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)
Résolution devançante
Les gardiens de la paix du commissariat central de Montpellier qui sont intervenus ce dimanche matin dans une rue du quartier du Millénaire assurent que c'est la première fois de leur carrière qu'ils étaient confrontés à pareille scène macabre : un homme pendu avec sa ceinture de sécurité !
C'est un témoin qui a donné l'alerte aux sapeurs-pompiers du Sdis 34, et ces derniers sont rapidement intervenus avec un médecin, dans une impasse située entre le rond-point de Richter et le Millénaire. À leur arrivée, il ont trouvé le conducteur d'une voiture décédé par pendaison, sa ceinture de sécurité passée autour du cou. Des patrouilles de police-secours et un officier de police judiciaire de permanence à la sûreté départementale de l'Hérault, rapidement sur place, ont cru dans un premier temps que la victime s'était étranglée accidentellement avec la ceinture.
C'est le médecin légiste appelé pour faire un examen sommaire du corps qui a exclu cette hypothèse pour privilégier un geste volontaire. Un suicide qui aurait été confirmé depuis ce matin par les investigations policières.
Le trentenaire paraissait dépressif. Il avait d'ailleurs commencé il y a quelque mois une thèse de doctorat sur La mort à travers l'ouverture du Dasein où il se proposait de mettre en rapport le problème de la mort avec les thèmes qui interviennent dans la deuxième section d'Être et temps : la conscience, la temporalité et l'historialité. Plus précisément, il voulait, selon les enquêteurs, « révéler la multiplicité des liens rapprochant les deux dimensions de l'être du Dasein, afin d'éclairer la possibilité d'une unité du phénomène originaire de la résolution devançante (vorlaufende Entschlossenheit) — quoi que cela puisse vouloir dire ». (e-Métropolitain, 28 janvier 2018)
(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)
Avantage qualitatif
Les membres supérieurs de l'homme du nihil, restés libres pour la préhension, diffèrent nettement de ses membres inférieurs, qui lui servent essentiellement à la marche dans le « désert de Gobi de l'existence ».
Quand il s'agit de se détruire, cette asymétrie lui confère un avantage inappréciable sur l'orang-outan des îles de Sumatra et de Bornéo, le chimpanzé et le gorille de Guinée, et même sur les gibbons dont les différentes espèces vivent sur le continent de l'Inde ou dans les îles qui s'en rapprochent.
(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)
Limites du doute systématique
« Le sceptique Timon de Phlius enseignoit que quiconque aspiroit à être heureux, devoit tenir toutes choses pour incertaines et indifférentes ; que les sens et les opinions ne nous apprennent point ce qui est vrai, ni ce qui est faux ; qu'ainsi nous ne devions incliner notre esprit, ni d'un côté ni d'autre ; qu'il ne falloit rien assurer, mais que de quelque chose que l'on parlât, il ne falloit pas plutôt dire qu'elle est, que de dire qu'elle n'est pas : et que quiconque demeureroit dans cette disposition, ne seroit exposé à aucun trouble d'esprit, ni à aucune inquiétude. » (Pierre Daniel Huet, Traité philosophique de la foiblesse de l'esprit humain, Amsterdam, 1723)
Malgré ces promesses pompeuses, le suicidé philosophique préfère s'en remettre à son colt Frontier. Une arme dogmatique, certes, mais qui, selon son fabricant, élimine trouble d'esprit et inquiétude plus sûrement que le pyrrhonisme.
(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)
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