« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
dimanche 24 mars 2019
Retour à soi-même
La décision de se détruire peut-être vue comme le retour — douloureux, triomphant — d'une conscience accrue, la nouvelle naissance du sujet à lui-même, la dépossession surmontée. Une fois secoué le joug de la raison pure, l'étant existant se retrouve sous la lumière d'un savoir acéré qui exige la mort.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Un ignoble séjour
Comme la « réalité empirique » elle-même, les cahutes des Arabes sont faites de boue et de paille.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Laconisme coupable de Prosper d'Aquitaine
15 mars. — Prosper d'Aquitaine raconte que les Burgondes, juste avant la mort de Jovin, reçurent des terres sur la rive gauche du Rhin, sans autre précision.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
samedi 23 mars 2019
Musset dépassé
Énervé par l'idéalisme fichtéen, démoralisé par la lecture de Georges Perec, glacé par le doute, l'homme du nihil en arrive à envier la froideur et l'impassibilité du cadavre. C'est aller plus loin encore que Musset dans le désabusement : il n'était pas descendu jusqu'à ces fatales profondeurs, le chantre malheureux de Rolla !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Résection
Ce petit couteau est pour extraire de l'humain l'aberration de la pensée.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Bélier
11 mars. — Vitruve (liv. X, ch. XIX) prétend que le bélier fut imaginé par les Carthaginois au siège de Gades. Il fut, par la suite, perfectionné par Cétras de Chalcédoine ; enfin, au siège de Byzance, par Polyde le Thessalien, qui servait sous les ordres de Philippe, roi de Macédoine et père d'Alexandre.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Un terrible fiasco
Oubli, mort, néant, tel est le rêve de l'homme du nihil. Las de vivre, il a essayé de fermer son âme aux impressions humaines et de chercher la paix au désert. Vaine attente ! Au lieu de la béatitude de l'ascète, il n'a trouvé, outre des ronces, des reptiles affreux et quelques rocs retors, que « la morne impuissance et l'incurable ennui » !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
vendredi 22 mars 2019
Page de journal
12 mars. — Pomponius Mela raconte que chez un certain peuple de l'Afrique, les habitants se couchent, pour dormir, sur les tombes de leurs ancêtres, et croient qu'ils trouvent, dans les rêves qu'ils y font, de sages conseils des morts.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Pas d'entraves pour le génie
Comme l'art poëtique (selon Victor Hugo), l'homicide de soi-même « n'a que faire des lisières, des menottes et des bâillons ». Voilà pourquoi on y voit le triomphe de l'enjambement (Jean-Pierre Schlunegger, du parapet d'un pont) et de la césure libre (Adalbert Stifter, du gosier, à l'aide d'un rasoir, dans la salle de billard).
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Édifice branlant
La conscience n'affirme que la perpétuelle imminence de son effondrement.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Hymnographe
10 mars. — Saint Clément l'Hymnographe est fêté le 30 avril. L'office, anonyme, publié par le P. Pétridès d'après les cod. S. Sab. 72 et 241, nous apprend qu'il a vécu sous les empereurs iconoclastes et qu'il est mort exilé pour la foi orthodoxe.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
jeudi 21 mars 2019
Gerbille de Mongolie
Pour que le mélancolique ne s'enfonce pas dans la « solitude bestiale » qui caractérise l'extrémité de cette maladie, André du Laurens, qui fut le premier médecin de Henri IV, recommande dans son Discours des maladies mélancoliques de lui procurer la compagnie d'une gerbille. « Ce petit rongeur, écrit-il, est un animal de compagnie idéal car il est très facile à apprivoiser, à élever et à entretenir. On en trouve à présent de toutes couleurs dans les animaleries. Mais attention : on doit veiller à fournir à ces animaux une cage solide, garnie d'une litière et de matériaux (bois, carton) leur permettant de creuser et de faire leur nid, comportant également des cachettes (tunnels et maison), du foin, du sable ou de la terre à chinchilla pour faire leur toilette, avec évidemment des récipients propres pour l'eau et la nourriture. »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Soupçon
21 mars. — Le Père Hardouin soupçonne que l'horconia de Pline est l'arelaca de Columelle.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Discrétion et modestie du suicidé philosophique
La poësie moderne nous a accoutumés à des violences verbales, à des gesticulations effrénées, cris de révolte, sarcasmes claironnants, vastes incantations, etc. Chez le suicidé philosophique, rien de tel. Une voix sourde, presque terne, discrètement mesurée. Pas de formules impérieuses et lapidaires comme chez le pénible René Char, nulle de ces retentissantes « métaplaques métalliques » chères à Ghérasim Luca. Comme si le suicidé philosophique tenait à passer inaperçu, non point par quelque fausse vanité, mais par une réelle tendance à sous-évaluer son œuvre, ce monument pourtant pharamineux qu'est l'homicide de soi-même. « Accepter sans histoire ses limites, son manque d'éclat, son incertitude, réussir à ne pas feindre le génie, mais se brûler la cervelle élégamment et proprement » (Songeries néantiques, p. 178). Curieusement, cette absence d'éclat, cette pudeur — parfois un peu crispée —, cette réserve à la limite du silence attirent la sympathie et ouvrent à une relation quasi personnelle avec le chantre de la révolvérisation du Moi. On aurait presque envie, soi aussi, de « se faire sauter le couvercle ».
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
mercredi 20 mars 2019
Laconisme coupable de Sulpice Sévère
13 mars. — Sulpice Sévère fait mention, à la fin de son second Dialogue, d'un concile tenu à Nîmes du temps de saint Martin ; mais il ne nous apprend rien de ce qui s'y passa.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Paniers d'osier
Selon Gragerfis — qui l'a sûrement lu dans Cassien —, le travail manuel est le seul moyen que les Pères de l'Église aient trouvé pour lutter contre la mélancolie de la vie solitaire. De son côté, l'homme du nihil est parvenu à la même conclusion ; et c'est en tressant des paniers d'osier qu'il tente de se soustraire au harcèlement de l'ennui, au vertige du temps vide. Ces paniers d'osier sont pour lui un moyen de se cramponner aux lieux que l'acédie l'invite à quitter pour les lointains séduisants du pachynihil. Mais c'est en vain : il arrive un moment où il envoie au diable la vannerie pour presser la queue de détente d'un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe. — Adieu paniers d'osier ! Adieu gravelle et rhumatismes ! Adieu Bourboule aimée, dont la tête hardie défie les hauteurs des cieux ! Adieu philosophie marcellienne !
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Une vraie boucherie
La prismatique idée du Rien décompose le tangible et en expose les viscères exulcérés sous le portique alogique et ô combien branlant de la raison pure.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Inqualifiable perfidie de Ricimer
9 mars. — « Je n'aurois pas parlé d'un animal aussi connu que le sont les marmottes, si elles n'avoient eu quelque chose de relatif à la rhubarbe. Quand on aperçoit vingt ou trente pieds de cette plante, on est sûr de trouver plusieurs terriers de marmottes sous leurs larges feuilles ; peut-être la mangent-elles, ainsi que la racine ; toujours est-il probable que l'engrais qu'elles déposent autour ne contribue pas peu à sa vigueur, et que la terre qu'elles jettent dessus lui fait pousser de nouveaux jets et se multiplier. » (John Barrow, Voyage en Chine, formant le complément du voyage de Lord Macartney, Trad. J. Castéra, Paris, Buisson, 1805)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
mardi 19 mars 2019
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