Le chanteur Serge Lama, pour ne pas rester « seul avec son
désespoir », se plonge dans l'Océanographie du Rien de Raymond
Doppelchor.
« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
dimanche 10 octobre 2021
samedi 9 octobre 2021
Lunatisme gidien du nihilique
Une immense pitié et
un immense dégoût : voilà les sentiments qu'inspire le « monstre bipède »
à l'homme du nihil. Un jour c'est la pitié qui l'emporte, un autre jour
le dégoût — selon qu'il y a de la lune ou qu'il n'y en a pas.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mercredi 6 octobre 2021
Consolation par le vocable
Rien ne nous console de
la misère d'exister, si ce n'est la beauté de vocables tels que
reginglette et forcipressure dont la folle poignance nous fait « entrevoir l'essentiel » (comme dirait Cioran).
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mardi 5 octobre 2021
Puanteur
Le nihilique transporte
partout avec soi le cadavre de la réalité empirique, et comme ce dernier
finit par sentir, on ne l'invite plus dans les coquetèles — mais le
nihilique, qui s'est habitué à l'odeur, ne comprend pas pourquoi.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 4 octobre 2021
Chimie organique et homicide de soi-même
Le chimiste Kekulé von Stradonitz, connu pour avoir découvert la formule développée du benzène, nécessite une solide enquête.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 3 octobre 2021
Interprétations divergentes
Lao
Tseu prétend que la solitude est une prison. Mais Gragerfis dit qu'il se
trompe et que c'est plutôt une tête de chien couché.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
samedi 2 octobre 2021
Comparaison culinaire
Comme le gaspacho andalou, l'homicide de soi-même est un plat qui se mange froid.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 1 octobre 2021
La nausée
« Alors, mon vieux Mimile, ça boume ?
‒ Ah, Dédé ! Si tu savais ce qui m'arrive ! J'étais assis sur le banc devant ma maison, je regardais les racines du marronnier, et tout à coup, voilà que j'accouche d'une drôle d'idée... l'idée qu'il y aurait comme qui dirait... nib.
‒ Comment ça, “nib‟ ? Mais... et la réalité empirique ?
‒ Nib, je te dis. Peau de balle. Queutchi.
‒ Eh bien... mais... Ça alors !
‒ Asteure, cette sacrée idée m'est entrée dans le ciboulot, j'enfonce dans la bouillasse, et y a rien qui tienne. Non, je te jure, je me sens pas bien, je crois que je vais rendre.
‒ Saperlipopette ! Accroche-toi, mon vieux Mimile ! »
‒ Ah, Dédé ! Si tu savais ce qui m'arrive ! J'étais assis sur le banc devant ma maison, je regardais les racines du marronnier, et tout à coup, voilà que j'accouche d'une drôle d'idée... l'idée qu'il y aurait comme qui dirait... nib.
‒ Comment ça, “nib‟ ? Mais... et la réalité empirique ?
‒ Nib, je te dis. Peau de balle. Queutchi.
‒ Eh bien... mais... Ça alors !
‒ Asteure, cette sacrée idée m'est entrée dans le ciboulot, j'enfonce dans la bouillasse, et y a rien qui tienne. Non, je te jure, je me sens pas bien, je crois que je vais rendre.
‒ Saperlipopette ! Accroche-toi, mon vieux Mimile ! »
(Fernand Delaunay, Glomérules)
jeudi 30 septembre 2021
Un vocable pernicieux
« Ah ! Monsieur, on ne se
méfiera jamais assez du vocable zingibéracé. Il prépare immanquablement
le règne de la confusion, de l'anarchie, et de toutes les déviations
mentales et sentimentales. » (Marcel Aymé, Le Confort intellectuel, 1949)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mercredi 29 septembre 2021
Un démiurge sarcastique
Dieu créa l'homme du nihil
et, ne le trouvant pas assez seul, il créa le « monstre bipède » pour lui
faire mieux sentir sa solitude.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mardi 28 septembre 2021
Lucidité et homicide de soi-même
Il est sans doute
vrai, comme le soutenait l'écrivain antiphysique Jouhandeau, que « beaucoup de suicides ne sont dus qu'à une minute de lucidité ». Mais que
dire de ce long suicide dilué qu'est la vie de l'homme du nihil ? Quand
la minute de lucidité se prolonge, on est paralysé. — Terrible !
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 27 septembre 2021
Existentialisme ichtyologique
L'anchois n'a pas à être sa propre potentialité sur le mode du pas-encore. Ni le pilchard, d'ailleurs.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 26 septembre 2021
Misère de l'en soi
Le philosophe Jean-Paul Sartre
était, comme on le sait, un scélérat doublé d'un « mange-merde »
(Gragerfis), mais il a tout de même exprimé une pensée juste : « L'en soi
n'a pas à être sa propre potentialité sur le mode du pas-encore ».
(Fernand Delaunay, Glomérules)
samedi 25 septembre 2021
Genèse
Au commencement était le
verbe acerchier (qui signifie parcourir, fouiller, chercher). Puis
vinrent quelques adjectifs : gloméruleux, exophtalmique, zingibéracé...
Enfin parut le vocable reginglette : les jeux étaient faits, rien
n'allait plus.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 24 septembre 2021
Déchéance
On a trente ans, puis quarante, puis
cinquante, etc., et on se transforme insensiblement en « vieux jeton ».
C'est intolérable, il y a de quoi devenir maboul, mais personne ne dit
rien. Tout le monde fait « jore ». Oh, bon Dieu !
(Fernand Delaunay, Glomérules)
jeudi 23 septembre 2021
Bon à rien
Pour agir, il faut une forte dose de
fatuité. Un homme sans prétention — un homme « à la bonne franquette »,
qui ne brigue pas le titre glorieux de « Dasein », un homme dans le genre
de celui dit « du nihil » — n'est bon à rien. Ou plutôt, il n'est bon à presque rien — car il peut toujours ratiociner sur l'haeccéité, la
temporalité du temps, la mortalité de l'être mortel, et cetera, et ça,
ce n'est pas exactement « rien ».
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mercredi 22 septembre 2021
What the world needs now
L'homme n'est pas fait
pour vivre longtemps : il est vite corrompu par la « réalité empirique »
et son hideux cortège de « phénomènes ». Le monde n'a besoin que de
jeunesse et de suicidés philosophiques.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mardi 21 septembre 2021
La paix maintenant
Avez-vous
jamais essayé de convaincre une bourrelle de sa vilenie ? Impossible,
direz-vous. Et ça l'est en effet. Ce que l'on peut faire, en revanche,
c'est mettre un terme définitif à la vilenie de ladite bourrelle en
l'amenant à avaler du taupicide. Pour y parvenir, la technique consiste à
lui tirer l'oreille pour l'obliger à desserrer la mâchoire. La
bourrelle ne récrimine guère, c'est tout juste si elle maugrée
vaguement, heureuse de s'en tirer à si bon compte. Son éloquence ravalée
avec le pharmakon, elle n'émet que des borborygmes avant de se taire à
jamais.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 20 septembre 2021
Contamination langagière
D'après Gragerfis
(Journal d'un cénobite mondain), l'homme du nihil, de retour d'un bref
séjour à Bondy (Seine-Saint-Denis), montrait un comportement des plus
bizarres. Il accusait le réel de le « mal regarder », il lui intimait
l'ordre de « baisser les yeux », et quand le réel s'exécutait, il
s'écriait : « Voilà ! »
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 19 septembre 2021
Quiproquo
Jean Giono se trompe : ce n'est pas dans
la « sensualité » qu'il y a « une sorte d'allégresse cosmique » mais dans
l'homicide de soi-même. Dans la sensualité, l'allégresse — si tant est
qu'elle existe — n'est que comique.
(Fernand Delaunay, Glomérules)
samedi 18 septembre 2021
Impudence
Non seulement le monstre bipède, à
l'instar de la plus infime paramécie, veut être, mais en plus, comble
d'impudence, il veut « être quelqu'un » !
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 17 septembre 2021
Histoire de Ouin-Ouin
« C'est Ouin-Ouin qui va chercher sa femme à la gare de Neuchâtel.
― Et ?
― En cours de route, il change d'avis ; il décide de mettre fin à ses jours et se jette dans le lac.
― Ça alors !
― Oui.
― Voilà qui rappelle étrangement l'histoire d'Edmond-Henri Crisinel.
― Sauf que ce dernier n'était pas marié.
― Mais il s'est quand même suicidé, va savoir pourquoi.
― Il paraît qu'il avait une vision quasi mystique de l'être.
― Ah. Ça doit être ça. »
― Et ?
― En cours de route, il change d'avis ; il décide de mettre fin à ses jours et se jette dans le lac.
― Ça alors !
― Oui.
― Voilà qui rappelle étrangement l'histoire d'Edmond-Henri Crisinel.
― Sauf que ce dernier n'était pas marié.
― Mais il s'est quand même suicidé, va savoir pourquoi.
― Il paraît qu'il avait une vision quasi mystique de l'être.
― Ah. Ça doit être ça. »
(Fernand Delaunay, Glomérules)
jeudi 16 septembre 2021
Nœud du problème
« Il était né, voilà ce qu'il avait. » (Gragerfis, à propos de la mélancolie de l'homme du nihil)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mercredi 15 septembre 2021
Prière
Les êtres nobles aiment
rarement la vie, ils lui préfèrent le pachynihil. Ceux qui se contentent
de la vie et se livrent avec délices à de coupables exsufflations sont
toujours des ignobles. Seigneur ! épargnez-nous de ressembler à
l'affreux « monstre bipède » !
(Fernand Delaunay, Glomérules)
mardi 14 septembre 2021
Un être néantique
La femme, avec son terrible
cortège de duplicité, d'absence d'âme et de sottise satisfaite
d'elle-même, représente non pas la vie — comme le croient certains
esprits simplets américanisés — mais « le néant du monde en proie à sa
grimace ».
(Fernand Delaunay, Glomérules)
lundi 13 septembre 2021
Agression chosesque
On se croit
complètement désabusé, on pense s'attendre à tout, être revenu de tout,
quand soudain surgit... une théière ! Oh, bon Dieu !
(Fernand Delaunay, Glomérules)
dimanche 12 septembre 2021
Un imposteur
Considérez un homme
taraudé incessamment par l'idée du Rien. Pouvez-vous l'imaginer un seul
instant se livrer au canotage ? Non. Bien sûr que non. Pourtant, le
satiriste roumain Emil Cioran, qui passe pour le champion toutes
catégories de la désespérance nihilique, écrit (dans ses Aveux et
anathèmes) : « Étang de Soustons, deux heures de l'après-midi. Je
ramais. » Je RAMAIS ! — Conclusion ?
(Fernand Delaunay, Glomérules)
(Fernand Delaunay, Glomérules)
samedi 11 septembre 2021
Aux chiottes les phénomènes
« Le
réel est un salop et je le crèverai » aurait déclaré le « penseur privé »
Robert Férillet au phénoménologue Edmond Husserl au cours d'une
réception pour les soixante-dix ans de ce dernier. Avant d'ajouter : « Aux chiottes, les phénomènes ! » — D'après Karl Jaspers qui assistait à
la scène, le philosophe en resta « comme deux ronds de frite ».
(Fernand Delaunay, Glomérules)
vendredi 10 septembre 2021
Synthèse
Pour qui sait lire entre les lignes, tout
ouvrage de littérature peut se résumer en une phrase : « Untel est un
salop et je le crèverai. » Shakespeare, Cervantes, Dostoïevski, Flaubert,
et avec eux tous les écrivains depuis l'Antiquité, n'ont finalement
écrit que cela : « Untel est un salop et je le crèverai. »
(Fernand Delaunay, Glomérules)
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