dimanche 24 février 2019

Interlude

Jeune femme lisant l'Appel du nihil de Martial Pollosson

Esthétisme fécal


« Je me persuade que voici l'une des consignes fondamentales de toute pratique défécatoire tant soit peu ambitieuse : du banal, tirer l'inimitable. Au reste, il n'est pas de tâche plus malaisée. » (Edmond Chassagnol, Théorie du trop-plein)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Difficulté de dire le Rien


Comment débusquer les gouleyants phonèmes propres à dire le coulis essentiel du pachynihil ?

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune fille lisant les Exercices de lypémanie de Marcel Banquine

Déréliction


Nul mieux que Sophocle n'a peint l'expérience de la solitude absolue : elle s'incarne dans le personnage du « Suisse » abandonné par Ajax sur le rivage désert de Salamine, après que le héros a laissé sa compagne Tecmesse pour aller — selon ses dires — « se purifier » derrière un buisson.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 23 février 2019

Computation


La computation est, comme le suicide, une méthode de supputation du temps.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune femme lisant la Nostalgie de l'infundibuliforme de Robert Férillet

Projet de roman


Au terme de son cheminement douloureux dans le « désert de Gobi de l'existence », l'homme du nihil ne trouve que solitude, déréliction et angoisse. Son ultime rencontre avec Irène, loin de marquer, comme pour Violaine et Jacques, la détente heureuse dans la confidence d'un amour sacrifié mais toujours vivace, porte au paroxysme de la cruauté le sacrifice qu'il s'impose sans le consommer jamais totalement.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Pyrrhonisme exacerbé


Je ne puis croire à l'existence de ce prosateur lyrique qu'on nomme Luc Pulflop.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

vendredi 22 février 2019

Interlude

Jeune fille lisant Prière d'incinérer. Dégoût de Luc Pulflop

Caractère tabou du « Suisse »


Le tabou qui, dans les diverses sociétés humaines, a toujours entouré l'excrément, correspond parfaitement à la définition que donne Durkheim de ce mot. « On appelle tabou, écrit-il, un ensemble d'interdictions rituelles qui ont pour effet de prévenir les dangereux effets d'une contagion magique en empêchant tout contact entre une chose ou une catégorie de choses, où est censé résider un principe surnaturel, et d'autres qui n'ont pas ce même caractère ou qui ne l'ont pas au même degré. » — Dans le cas du « Suisse », le tabou est destiné à maintenir l'intégrité du monde organisé et en même temps la bonne santé physique et morale du Dasein condamné à expulser de moment en moment des matières fécales. Il empêche celui-ci de mourir et celui-là de retourner à l'état chaotique et fluidique, sans forme et sans repos, qui était le sien avant que les dieux créateurs fussent venus y apporter l'ordre, la mesure et un assortiment d'aliments riches en fibres solubles et insolubles : choux-fleurs, épinards, navets, haricots verts, asperges, etc.

(Théasar du Jin, Carnets du misantthrope)

Aux chiottes Hegel !


La dialectique ? Nous ne goûtons point ces effusions de gerfaut moderato.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune femme lisant l'Océanographie du Rien de Raymond Doppelchor

Vérification expérimentale


« En Amérique Latine, particulièrement aux carnavals de Rio de Janeiro et de Vera-Cruz, où pendant une grande semaine toute la population d'une ville et des environs se mêle, chante et danse, s'agite et expulse des excréments dans une effervescence presque ininterrompue, j'ai pu constater que ma description de l'acte défécatoire, loin d'être chimérique, correspondait pour l'essentiel à des réalités encore vivaces et observables, bien que visiblement en décadence à cause des nécessités de la vie urbaine contemporaine. » (Edmond Chassagnol, Théorie du trop-plein)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 21 février 2019

Bucolisme pachynihilique


Dans l'ample pénéplaine du Rien, où j'erre en quête de fruits suaves, poussent, tapissant interfluves et talwegs, le fameux sabot-de-vénus, le cattleya, et même l'orpin.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune fille lisant les Pensées rancies et cramoisies de J. Zimmerschmühl

Entre deux mondes


La Weltanschauung du constipé est double : elle oppose au monde où le Dasein vaque librement à ses occupations, exerce une activité sans conséquence pour son salut, un domaine où la crainte et l'espoir le paralysent tour à tour, où, comme au bord d'un abîme, le moindre écart dans le moindre geste, la moindre carence en fibres, solubles ou insolubles, peuvent infiniment le perdre. Ce domaine ténébreux, festonné de toiles d'araignée, où celui qui entre fait bien d'abandonner toute espérance, est celui des terribles « goguenots ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Aux chiottes Spinoza !


À l'homme du nihil, le rictus tient lieu de philosophie.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

mercredi 20 février 2019

Interlude

Jeune fille lisant Georges Sim et le Dasein de Maurice Cucq

Djoudjou


L'être consacré au Rien — le fameux « homme du nihil » de Raymond Doppelchor — peut n'être, par cette consécration, nullement modifié dans son apparence. Il n'en est pas moins transformé du tout au tout. À partir de ce moment, la façon dont on se comporte à son égard subit une modification parallèle. Il n'est plus possible d'en user librement avec lui. Il suscite des sentiments d'effroi et de vénération. Il se présente comme « interdit » (djoudjou). Son contact est devenu périlleux. Un châtiment automatique et immédiat frapperait l'imprudent aussi sûrement que la flamme brûle la main qui la touche : le Rien est toujours plus ou moins « ce dont on n'approche pas sans mourir ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Profession ?


Historiographe de la fécalité d'exister.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune femme lisant le Monocle du colonel Sponsz de Hermann von Trobben

Investissement à fonds perdus


« C'est en effet une caractéristique de l'acte défécatoire qu'il ne crée aucune richesse, aucune œuvre digne de ce nom. Par là, il se différencie du travail ou de l'art. À la fin de l'opération, tout peut et doit repartir au même point, sans que rien de nouveau (ou presque) n'ait surgi : ni objet manufacturé, ni chef-d'œuvre de la statuaire, ni capital accru. La défécation est occasion de dépense pure : de temps, d'énergie, d'ingéniosité, d'adresse et souvent d'argent pour l'achat des accessoires (papier toilette) ou pour payer éventuellement la location du local. » (Edmond Chassagnol, Théorie du trop-plein)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

mardi 19 février 2019

Un maître du drapé


Le suicidé philosophique est un artiste reconnaissable aux libertés qu'il prend avec l'iconographie traditionnelle — où il insère des élégances gothiques, des finesses teintées de byzantinisme —, et au caractère dramatique lui venant de Giotto.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Interlude

Jeune fille lisant l'Apothéose du décervellement de Francis Muflier

Lime sourde


« L'idée du Rien est une lime sourde » a écrit Montesquieu quelque part, voulant dire par là, et le disant très bien, que la lueur du pachynihil, destinée à vaincre un jour les menteuses ténèbres de la « réalité empirique », ne progresse que lentement et sans faste.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Streptobacille


Le streptobacille est un bacille qui forme des colonies en chaînes. Des streptobacilles fécaux.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

lundi 18 février 2019

Interlude

Jeune fille lisant Philosopher tue de Jean-Guy Floutier

Définition du « faire »


« Sous l'angle de la forme, on peut donc, en bref, définir la défécation comme une activité libre, située en dehors de la vie courante, capable néanmoins d'absorber totalement le sujet déféquant ; une action qui s'accomplit en un temps et dans un espace expressément circonscrit — les "goguenots" —, se déroule avec ordre selon des règles données et suscite dans la vie des relations de groupe s'entourant volontiers de mystère ou accentuant par le déguisement leur étrangeté vis-à-vis du monde habituel. » (Edmond Chassagnol, Théorie du trop-plein)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)