vendredi 23 juin 2023

Temps de cerveau

 

Comme le poëte Baudelaire, le nihilique pense parfois à la négresse amaigrie et phtisique, mais en général, ça ne dure pas longtemps. Il faut dire qu'il n'a pas que ça à faire. Le Rien l'appelle. Et s'il n'y avait que le Rien... Mais il y a aussi la philosophie de Husserl, avec son terrible cortège de « phénomènes » !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Attention pensée profonde

 

Oh, ces écrivains dont on tire des citations ! Qu'ils sont donc pénibles ! On dirait qu'ils n'ont écrit que pour être cités, les pots de pisse.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

jeudi 22 juin 2023

Déchéance du Dasein

 

Hannah Arendt raconte que Heidegger fut catastrophé quand il vit que sa créature, le fameux « Dasein », sans doute accablée par sa condition d'être-pour-la-mort, s'était mise à fumer de la « beuh ». Il avait donné naissance à un monstre !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Balance de Job

 

Job dit que s'il était possible de peser sa souffrance et ses calamités, elles se révéleraient plus lourdes que le sable de la mer. Mais il ne précise pas si, dans les arbres, il inclut aussi les « arbustres » (par exemple le cornouiller).
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Chanson du constipé

 

Cagare, oh-oh
Cantare, oh-oh-oh-oh
Nel blu dipinto di blu
Felice di stare lassù
Et cætera... 
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Le monde selon Johnson

 

« Dans la meilleure des hypothèses, le monde n'est qu'un conglomérat d'individus qui font les couillons comme ce n'est pas permis. » (Samuel Johnson)
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mercredi 21 juin 2023

Il Cagalibri

 

À Venise, en plein centre du Campo Santo Stefano, se trouve une statue de l'écrivain Niccolò Tommaseo. Cette statue, assez imposante, a été baptisée par les Vénitiens « il Cagalibri » (le « chieur de livres ») à cause des volumes reliés devant lesquels se tient l'écrivain, qui semblent sortir de son fondement à la manière d'un flot diarrhéique. Le pauvre Niccolò se retrouve donc la risée de l'univers, et ce de façon assez injuste. Il paie pour les autres. Car tout écrivain n'est-il pas un « chieur de livres » ?
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Les antifestifs

 

Les foudroyés du destin, ceux pour qui l'irréparable — le vrai, pas celui d'Émile Cioran — est devenu réalité, on se détourne d'eux. Ils ne sont pas festifs.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un-fucking-believable

 

Le nihilique veut bien accepter un certain nombre de bizarreries de la part du monstre bipède, mais qu'il forme des projets, alors là, ça passe les bornes.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Libellula depressa

 

La libellule déprimée est un insecte odonate appartenant à la famille des libellulidés. Très commune en Europe, on la rencontre jusqu'en Asie centrale. Ce qui la distingue des libellules « normales », c'est le sentiment camusien qu'elle éprouve de vivre isolée dans un univers de menace et de désolation sans autre perspective que la mort. Les symptômes qui l'affectent — tristesse pathologique ; perte d'intérêt pour les activités professionnelles, sociales et familiales ; sentiment de culpabilité et d'échec ; diminution de l'estime de soi ; difficultés à se concentrer sur une tâche et à prendre des décisions —, ont un retentissement majeur sur sa vie, notamment sur le plan socioprofessionnel. Le risque de suicide est particulièrement élevé et concerne dix à vingt pour cent de ces petits insectes.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mardi 20 juin 2023

Voir les comédiens

 

Parfois, quand la tristesse de vivre le poigne, le nihilique se dit qu'il devrait peut-être aller voir les comédiens, voir les musiciens, voir les magiciens qui arrivent viens. Histoire de se distraire un peu et d'oublier pour un instant qu'il est un être-pour-la-mort. Mais il les connaît trop, ces comédiens, ces musiciens, ces magiciens. Ce sont des pauvres cons. Ils ne sont même pas distrayants.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Cancel culture

 

« Le père mort, les fils vous retournent le champ. Deçà, delà, partout ; si bien qu'au (Francis) bout de l'an, il en rapporta davantage. » Dans cet extrait du Laboureur et ses enfants, on remarque une allusion à la Milice française, certainement involontaire de la part de La Fontaine mais qui fait un peu tache. Ne vaudrait-il pas mieux remplacer le passage scabreux par « à la (Francis) fin de l'année » ? Par respect pour les victimes ? Quitte à sacrifier la métrique ?
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un « homme de fer » de la philosophie

 

Ludwig Wittgenstein est le Robert Dacier de la philosophie. Comme le célèbre et paraplégique détective, il se livre à des investigations, et d'une. Et de deux, même s'il ne pourchasse pas les brigands en fauteuil roulant, il traque les « limites du sens », et on peut dire que c'est à peu près la même chose (en étant coulant).
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un plan diabolique

 

La femme est une créature essentiellement vénale. Son rêve est d'épouser un riche laboureur sentant sa mort prochaine. Mais c'est rare que ça marche.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

lundi 19 juin 2023

Bonhomme Charon

 

Chaque fois qu'un Polacre dit « no to nie », le nihilique a envie de lui demander « des Enfers ? »
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Merveilleux Jacques Aubert

 

Honneur ! Honneur à Jacques Aubert, ce grand spécialiste de Joyce ! Dont les splendides traductions ont enchanté notre enfance ! Euh...
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Aspects du mythe

 

Mircea Eliade était féru de mythes, c'était chez lui une véritable obsession. Il parlait même de mythes à l'abbesse. Et quand son ami le négateur lui en faisait le reproche, il répondait que ce n'était pas grave, qu'il s'agissait seulement de mythes abolis.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

À dormir debout

 

Dans Mon voisin le Totoro, le Totoro est une sorte de gros patapouf qui joue de l'ocarina. Il y a aussi des créatures qui ressemblent à des boules de suie et qui portent le nom de susuwatari. En général, l'histoire est « à dormir debout ». Mais la vie du nihilique ? N'est-elle pas, elle aussi, « à dormir debout » ? Et le nihilique n'a pas même l'excuse d'avoir été créé dans les studios Ghibli ! Puisqu'il est de Bezons !
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

dimanche 18 juin 2023

Artisanat

 

Le nihilique n'aime pas trop qu'on lui demande s'il a « un projet dans l'artisanat ». Par politesse, il répond quand même (il dit que non). Jusqu'à preuve du contraire, pense-t-il, l'homicide de soi-même, ce n'est pas de l'artisanat.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Colloque de Buenos-Aires

 

Bioy Casares : Dis donc, Roré ?
Borges : Si ?
Bioy Casares : Donde esta la tortilla ?
Borges : Qué ? 
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Du beau ! Du sublime !

 

Le pire qu'il puisse arriver à un écrivain, c'est d'être lu. Surtout par des pochetées qui s'amusent à lui saper le moral en lui disant que ce qu'il écrit est « très beau et très fort », « d'une beauté transcendante », ou encore « lucide, sublime et bouleversant ». S'il n'arrête pas d'écrire après ça, c'est qu'il en tient une bonne couche.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Un volucre superlatif

 

Plus véloce qu'un pouillot, plus fascié — et plus pupulant ! — qu'une huppe, plus proyer qu'un bruant, plus à gorge blanche qu'un rougequeue, le nihilique est la quintessence des oiseaux de nos campagnes. Dans ses rêveries d'un promeneur solitaire, tout au moins.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

samedi 17 juin 2023

Mieux que le jus de pruneau

 

Avec l'homicide de soi-même, finis les problèmes de constipation (conceptuelle et autre).
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Vie machinale

 

Il faudrait pouvoir vivre machinalement. Sans y penser. Comme Henri Michaux dans ses bons jours. Mais lui était belge. Quand on est de Bezons, c'est une autre histoire.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Ce cher visage du passé

 

Que reste-t-il des billets doux ? Hein ? Et des mois d'avril ? Et des rendez-vous ? Quand on est un « vieux jeton » ? C'est simple : il en reste peau de révérence parler zob. L'impression malaisante d'avoir été pris pour un couillon. C'est tout.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Les polyèdres

 

En société, il faut faire très attention, on a vite fait de passer pour un original — ou pis ! — si on ne surveille pas ses paroles. Mais heureusement, dans le secret de son « conscient intérieur », on peut faire l'andouille tout son saoul, on peut proclamer que le réel est zingibéracé, l'infini infundibuliforme, etc. Pourtant, il y a des gens, on mettrait sa tête à couper qu'ils ne font jamais les andouilles, même intérieurement. Ça fait un peu peur, des gens comme ça.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

vendredi 16 juin 2023

Ponérologie

 

« Dans le vocabulaire de la théologie, le terme ponérologie désigne l'étude du mal. Et surtout de la genèse du mal.
— Sans blague ? Et ça se fait comment, cette étude ?
— Ça consiste surtout à observer les personnes du sexe. Elles sont toujours à tramer quelque chose, tu vois.
— Ah.
— Ouais »
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Tentation d'exister

 

Le nihilique, c'est bien simple : moins il existe, plus l'existence le fait chier. D'ici à ce qu'il décide de changer son fusil d'épaule et succombe à la « tentation d'exister », comme Mimile... Mais non.... Il ne faut quand même pas pousser grand-mère dans les orties... Il ne va pas se mettre à écrire des aphorismes. C'est déjà assez gênant.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

Littérature bovine

 

Albert Cohen n'est pas tellement fameux comme écrivain, mais il a traité Marguerite Yourcenar de grosse vache, et ça, c'est quand même quelque chose. « Comment une pareille grosse vache, et aussi moche, peut-elle écrire ? » a-t-il dit, exprimant tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)