« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
vendredi 18 janvier 2019
Impudicité fakirique
28 juillet. — « Le désir de se montrer nus dans les rues est si grand chez ces impudiques, qu'ils aiment mieux quitter la vie que d'y renoncer. Bernier vit à Delhi un fakir à qui Aureng-Zeb avait défendu, sous peine de mort, de paraître nu dans les rues ; il n'en continua pas moins ses promenades, et eut la tête tranchée. » (Johann Georg Zimmermann, De la solitude, Paris, J.-B. Baillière, 1840)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Dialectique fécale
La stratification de l'excrément ne laisse pas d'être instructive, et, peut-être, une coupe en profondeur y révélerait, dans les grandes lignes, quelque dialectique.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Félonie des Montcuquois
29 octobre. — « Lorsque, en 1369, tout le Quercy se souleva contre les Anglais, la ville de Montcuq fut la seule qui se piqua de fidélité envers eux. Elle en fut punie par la perte d'une grande partie de sa juridiction qui fut donnée et longtemps conservée aux consuls de Cahors. Les habitants de Montcuq furent d'autant moins excusables dans cette circonstance, qu'en 1351, le roi de France, Jean le Bon, avait pris leur ville sous sa protection spéciale, et promis que jamais les consuls ni les habitants de ce lieu ne cesseraient d'appartenir au domaine royal. » (J.B. Gluck, Album historique du département du Lot avec les vues des principaux monuments et sites de cette partie du Quercy, Paris, Gluck Frères, 1852)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
jeudi 17 janvier 2019
Une idée létale
M. Léon Binet, professeur de physiologie à la Faculté de Médecine de Paris, dans une remarquable monographie consacrée à l'idée du Rien, se permet à son sujet une citation littéraire que le détachement habituel de l'homme de science ne faisait pas prévoir : « Elle épuise, elle tue, et n'en est que plus belle. »
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Spleen de Montcuq (Lot)
Le fessier écrasant de l'ennui précipite l'étant existant dans une aboulie quasi totale, prélude à une néantisation dans la minéralité.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Les choses de la vie
28 novembre. — « Léonce d'Antioche et quantité de moines se privèrent spontanément des organes de la génération pour éviter les tentations de la chair et se conformer textuellement au chapitre IX de saint Matthieu. [...] On doit citer encore, parmi les fanatiques du même ordre, de ce temps, une secte de chrétiens hérétiques, les valéziens, du nom d'un certain Valézius, leur chef, qui n'admettait, dans son sein, que des eunuques, ou des adeptes qui, avant de pouvoir manger de la viande, devaient le devenir. Ces insensés, à l'exemple des prêtres de Cybèle, se mutilaient eux-mêmes, et couraient le monde chrétien, armés d'un couteau, afin de contraindre à les imiter, pour faire acte de religion, ceux qu'ils rencontreraient. Ces coupables superstitions se maintinrent assez longtemps et ne purent être réprimées que par des édits sévères de Constantin et de Justinien. » (J. Gourdon, Traité de la castration des animaux domestiques, Lyon, Savy, 1860)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
mercredi 16 janvier 2019
Totem pestilentiel
Dans le nord de la Mélanésie, les indigènes de l'île du Duc sont divisés en deux clans, dont l'un reconnaît comme totem ko gila le, un insecte mimétique ressemblant à s'y méprendre à la feuille du marronnier, et l'autre, celui des Pikalabas, Kam, qui est sans aucun doute, dit Frazer, l'excrément.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Jeu à la con
Pareil à l'Homme d'Ernest Hello, je jongle avec mon osselet mental.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Pétrification du Moi
17 octobre. — La pétrification du Moi s'opère par une sorte de fluide gazeux, l'idée du Rien, qui se combine avec la matière pétrifiable qu'il convertit en pierre sans altérer son organisation.
(Barzelus Foukizarion, Journal ontologique critique)
mardi 15 janvier 2019
Au centre du Dasein
C'est dans l'acte défécatoire que l'on saisit le mieux, à vif, la collusion des postulations le plus secrètes, les plus virulentes du psychisme individuel et des pressions les plus impératives et les plus troublantes de l'existence sociale. Il n'en faut pas plus pour accorder au « Suisse » une position éminente et pour inciter à ordonner par rapport à lui quelques-uns de ces problèmes essentiels qui touchent à la fois au monde de la connaissance et à celui de l'action.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Je-m'en-foutisme
Aux limites de la ville, la foule hystérique attend un nouveau messie. Dans sa cave, désabusé, l'homme du nihil joue au bridge 1 avec le suicidé philosophique (ce dernier fait le mort).
1. Il s'agit évidemment d'une variante à deux joueurs, comme dans la nouvelle La Tempête de neige de Pouchkine.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Beauté de Virgile
« Par-delà les affreux rivages et les rauques torrents du Cocyte »... — Comme cela est beau et nous émeut au suprême !
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
lundi 14 janvier 2019
Omnia vanitas
L'idée du Rien — comme d'ailleurs la matière fécale qui en est en quelque sorte le corollaire — avertit l'homme qu'il n'y a pas d'entreprise à ce point pressante et incontestable qu'il ne trouve pas avantage à maintenir à son égard une distance salutaire. Elle lui donne la hauteur voulue pour voir l'objet de sa préférence ou de son obstination comme une sorte de mirage inconsistant, que quelques gouttes de taupicide suffisent à dissiper.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Réveil douloureux
En même temps qu'elle lui fait prendre conscience de son corps vécu, la douleur physique révèle à l'homme l'exorbitante absurdité de « créer des concepts ».
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Page de journal
26 octobre. — « Cosse est le nom vulgaire donné aux valves des gousses et des siliques. Tout le monde connaît les cosses du pois et du haricot. » (J.-C. Philibert, Dictionnaire universel de botanique, tome premier, Paris, Merlin, 1804)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Contamination
Ce n'est pas par ceux de ses aspects qui l'opposent à la réalité que la matière fécale est redoutable et insidieuse, mais tout au contraire par ceux qui l'en rapprochent — la taciturnité, la noirceur, la fétidité — et qui parviennent à la fin à faire planer sur elle, par contre-coup, un soupçon décisif d'irréalité.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Passalorynchites et tascodrugites
Les cyniques de l'Antiquité, hirsutes précurseurs des ascètes chrétiens, ont épuisé la pensée métaphysique, ontologique et autre jusqu'à la nausée. Il nous reste à épuiser le langage — à exténuer le dictionnaire.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Canaques
28 novembre. — Les Canaques des Nouvelles-Hébrides sont des sauvages anthropophages de même origine que les Canaques de la Nouvelle-Calédonie et non moins redoutables qu'eux. Selon M. Leroy-Beaulieu, en plus d'être anthropophage, le Canaque est à la fois très belliqueux, voleur et assassin. Pour d'Entrecasteaux, il est cruel et sournois. Triste spécimen d'humanité que le Canaque ! Un point en faveur des Canaques de la Nouvelle-Calédonie, cependant, est qu'ils ont montré un réel esprit de progrès au point de vue agricole.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
dimanche 13 janvier 2019
Un fascinant bibelot
Que la contemplation d'un « cigare japonais » bien moulé engendre une fantasmagorie chatoyante, née du regret et du désir, créatrice de simulacres évanescents, personne ne le niera. Mais là n'est pas l'apport principal du « cas ». Il réside plutôt dans sa capacité de fascination. L'excrément manifeste en effet quelle souveraine aisance jaillit, quand sont abolis les contrôles qui permettent l'œuvre constructive et diurne de l'homme.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Borchtch phrastique
Transmuer les remugles du « conscient intérieur » en un minestrone adjectival, voilà le but vrai de la littérature.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Fétichisme
25 novembre. — « Par fétiche, on entend toute sorte de choses animées ou inanimées, que les prêtres de ces religions font regarder aux sauvages comme des êtres enchantés ou doués de quelque force magique et divine. Ces superstitions, les plus absurdes de toutes, règnent parmi les nations abruties de la côte de Guinée, et chez beaucoup d'autres sauvages. Elles se sont mêlées à toutes les croyances religieuses. Le bœuf Apis et le chien Anubis étaient peut-être des fétiches des Égyptiens ; la pierre noire adorée à la Mecque avant Mahomet, le dieu Phallus des Romains, l'étaient indubitablement. » (Conrad Malte-Brun, Précis de la géographie universelle, vol. 2, Paris, Buisson, 1810)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
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