vendredi 13 janvier 2023

Horreur et putréfaction


Il est tout de même malheureux qu'un être aussi raffiné que la femme produise une matière aussi immonde que la révérence parler merde. Il paraît que cela s'effectue par un processus de « digestion » impliquant un « transit intestinal » — on frémit rien qu'à employer ces termes.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

jeudi 12 janvier 2023

Aux ouataires

 

Toute personne bien informée sait que la vie est faite d'une multitude de petits riens plus ou moins sordides. Mais il vaut mieux ne pas trop y penser. Pour conserver son équilibre et un semblant de dignité, il vaut mieux ne pas penser au nombre d'heures qu'on aura consacrées dans sa pondéreuse existence à se torcher le fondement de l'historialité du Dasein.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Théorie douteuse

 

Selon le pénible Lacan, « le mot est le meurtre de la chose, on la tue en la symbolisant ». C'est peut-être vrai pour certains vocables, mais une chose est sûre : ça ne marche pas avec bourrelle.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 11 janvier 2023

Les petits pois du désespoir

 

À celui qui ne supporte ni ses semblables ni la solitude, il ne reste qu'à manger des petits pois. Mais c'est une amère potion !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Anus mundi

 

Dans ses mémoires, Salvador Dali raconte que le 19 septembre 1963, il ressentit en la gare de Perpignan une « extase cosmogonique » qui lui procura « une vision exacte de l'univers ». Cette expérience lui révéla entre autres que ladite gare était « le centre du monde ». En 1965, en compagnie de son épouse Gala, il visita Montcuq (Lot), mais là, malgré une condensation intense de sa volonté, malgré une exaltation prodigieuse de son dynamisme fluidique, rien : pas d'extase cosmogonique. Comme quoi !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Itinéraire de Paris à Jérusalem

 

Pour aller en voiture de la mairie de Bezons à la gare de Houilles, il faut compter environ douze minutes quand le trafic est fluide. Le mieux est de passer par la rue Albert 1er.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 10 janvier 2023

Un paria

 

Celui qui révoque en doute la réalité du « monde réel » est mis au ban de la société des hommes car « on ne rigole pas avec ces choses-là ». Sa situation rappelle celle de l'arien Théonas de Marmarique, condamné par le concile de Nicée à manger des choux-fleurs à la merde pour avoir contesté la divinité du Christ.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

L'accent de Bezons

 

Dans Pierrot mon ami, Léonie dit à un fakir qui se prétend du Sud tunisien : « Blague dans le coin, je parie que vous êtes de Houilles ou de Bezons, peut-être même de Sartrouville, je reconnais ça à votre accent. »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Lecture fatale

 

On lit du Luc Pulflop, on va se promener en forêt, on boit dans une humeur contemplative un petit verre de taupicide, et puis on se couche pour s'endormir et ne plus jamais se relever.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

lundi 9 janvier 2023

Mémoires d'un gluon, by Louis Ribémont

 

“Mémoires d'un gluon is a groundbreaking achievement, impeccably researched and brilliantly argued. Louis Ribémont's work is accessible but also comprehensive, really turning the topic on its head and taking an unflinching look at the concept of pachynihil. This is an ambitious and timely piece that absolutely cannot be ignored.”

(The Paris Review)

Vade-mecum du zérumbet zététique

 

Règle numéro un : ne jamais s'imaginer que l'on sait quelque chose.
Règle numéro deux : ne jamais avoir l'air de savoir quelque chose.
Règle numéro trois : croire qu'il est possible qu'il pleuve plus tard.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

The ultimate pick me boy

 

Était-il ainsi dans la réalité ? En tout cas, dans les Évangiles, Jésus n'arrête pas de faire le « pick me » (il se déprécie dans l'espoir que l'autre va le contredire). Voir notamment l'épisode avec Zachée.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Histoire de Job (suite)

 

Après que Job l'eut appelé un « pot de pisse », Dieu dit à Simon dit Pierre : « T'as entendu ?! Il m'a traité ! »

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

dimanche 8 janvier 2023

Histoire de Job

 

Job ne va pas du tout. Quand Bildad lui a demandé si ça boumait, il a répondu « comme ci comme ça », mais c'était uniquement pour être poli. On lui a tout pris et il l'a sec. Ça ne va pas se passer comme ça. Si Dieu vient l'asticoter, il le traitera de conifère ou de pot de pisse. Ça ne changera sans doute rien mais ça le soulagera un peu.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Mémoires d'un gluon, by Louis Ribémont

 

“A rollicking good time! Louis Ribémont is known for his razor-sharp wit, and Mémoires d'un gluon is no exception. Hilarious and thought-provoking, this book had me laughing out loud from beginning to end. An absolute delight, compulsively readable. I can't wait to see what Louis Ribémont does next.”
 
(The Alaska Quarterly Review)

samedi 7 janvier 2023

Nouvelle en trois lignes

 

Un quidam que tout excède trouve un coquillage sur la plage. Quand il le porte à son oreille, il n'entend ni la mer, ni le vent, ni les anges, mais la voix du pachynihil qui lui susurre : « rien n'est ». Il n'a jamais rien entendu d'aussi beau.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

vendredi 6 janvier 2023

Attention aux pinçons

 

Même quand on en a peu, on doit renoncer à l'intelligence. Sinon, on risque de se faire pincer très fort (comme Serge le lapin).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Absence de pieds

 

Dans les ribouis de Van Gogh, il n'y a pas de pieds. Ces ribouis sont vides. Et que signifie cette vacuité des ribouis vangoghiens ? Que tout homme est un « homme de trop ». Que celui qui contemple ce tableau de peinture aurait mieux fait de ne jamais naître. Rien autre chose.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

jeudi 5 janvier 2023

Incroyable mais vrai

 

Aussi bizarre que cela puisse paraître, il y a des gens qui éprouvent le besoin d'être reconnus !!! Et peu importe par qui !!!

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Un ours mal léché

 

Si Simone Boué avait demandé à Cioran de sortir de là et de se changer pour qu'ils puissent essayer ce nouveau restaurant japonais qu'elle avait vu sur The Fork, il y a fort à parier que le Grandiloque l'eût envoyée paître.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 4 janvier 2023

A place to hide

 

Kafka était trop bien élevé pour commettre l'homicide de soi-même. Mais il n'était pas heureux d'exister. L'être n'était pas son fort. Son phantasme était de se cacher dans un terrier ou sous un canapé.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Nouvelles impressions d'Afrique

 

Raymond Roussel : Marcel, je suis dans la mouise, l'inspiration m'a quitté, je ne sais plus quoi écrire.
Marcel Proust : Retourne en Afrique, eh, patate !

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mardi 3 janvier 2023

Gare !

 

Matthieu XII, 32 : « Quiconque parlera contre le Fils de l'homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque parlera contre Férillet Robert, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir. » — « Ni dans le siècle à venir » ! Entends-tu, bourrelle ? 

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Le plus important

 

Pour absurde et ridicule que nous paraisse la vie des autres, le fait est qu'ils y tiennent. Non seulement ils s'accrochent à leurs petites affaires, mais toutes ces bêtises sordides qui constituent leur existence sont même pour eux « le plus important » (to timiotaton). Plotin, la philosophie néoplatonicienne, ils s'en « battent les steaks ».

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Exclamations pathétiques

 

N'en déplaise à Émile Cioran, il est une exclamation plus pathétique que celle du dernier poëte païen Rutilius Namatianus, c'est celle de Michel Fugain quand il s'écrie : « Je suis seul dans l'univers ! » — Le barde ajoute ensuite qu'il ne sait pas, qu'il ne sait plus, qu'il est perdu, et s'exhorte à « faire comme l'oiseau » mais cela nous entraînerait trop loin.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Effets de la maladie

 

Jusqu'à son opération de la prostate en 2010, le politicien allemand Oskar Lafontaine était un homme affable. Ensuite, son moral s'est assombri et il est devenu quelque peu revêche.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

lundi 2 janvier 2023

Un sur cinq pour l'existence

 

« Encore une aventure qui ne m'a pas emballé : l'existence. Le cadre en était un peu joli (si l'on n'est pas trop regardant), mais je n'ai pas assez le goût de l'absurde pour apprécier ce genre d'histoire sans queue ni tête. » (Stylus Gragerfis, Montcuq, Lot)

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

« Cher Edmond-Henri... »

 

Tout ce qu'on peut dire d'un suicidé, c'est qu'il devait être « bien malheuleux » (d'exister). Mais cela ne fait pas de lui quelqu'un de particulièrement intéressant, ni de son destin quelque chose de « sublime » ! Pourquoi a-t-il accompli son geste fatal ? Peut-être ne connaissait-il pas les paroles de Dieu dans le Deutéronome ? Ou peut-être qu'il s'en « tamponnait le coquillard » ? Quoi qu'il en soit, tout ce qu'on peut dire de lui est qu'il était « bien malheuleux » (d'exister).

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

Croquenots

 

S'il faut en croire Heidegger, les croquenots de Van Gogh nous font connaître « la vérité de l'étant », une vérité qui ne se réduit jamais à l'étant en question (ici la chose « croquenots ») mais porte sur l'être en général (que la chose « croquenots » laisse advenir). L'idée est la suivante : on regarde un tableau de peinture représentant des croquenots, et tout à coup, l'être arrive à sa manière fulgurante et, en une sorte de mutation, nous délivre de notre cécité. C'est Heidegger qui le dit.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)