Au
bout d'une vingtaine de milliers de jours, on s'habitue à être vivant.
On trouve ça presque normal. Mauvaise idée ! Car ça ne tarde pas à
tourner en eau de boudin !
Tonitruante,
équestre et mal réveillée : c'est ainsi que dans l'Approche
d'Almotasim, Mir Bahadur Ali décrit la police du sirkar, et c'est ainsi — en étant un peu coulant — que l'on pourrait décrire la faconde
nordiste du « Gros Quinquin ».
Quand
Jésus nous enjoint d'aimer notre prochain, nous ne disons rien mais
intérieurement nous pensons qu'il attige. « Tu ne l'as pas regardé, le
prochain, hé, ballot. » Voilà ce que nous pensons.
“A
rollicking good time! Marcel Rocabois is known for his razor-sharp wit,
and Le Néant et l'être is no exception. Hilarious and
thought-provoking, this book had me laughing out loud from beginning to
end. An absolute delight, compulsively readable. I can't wait to see
what Marcel Rocabois does next.”
Marguerite
Urcelar était si repoussante qu'aucun homme ne voulait l'« honorer » —
pas même André Fraigneau, pourtant peu regardant sur ce chapitre. Il
fallut qu'elle entre à l'Académie française pour être enfin « honorée ».
Aporie
et aposiopèse sont les deux peut-être pas mamelles mais truchements de
la poésie beckettienne. C'est pour ça qu'elle semble si détonante dans
son emportement syncopé ! Gars ! Voyons !
Le
poëte avec ses métaphores, le philosophe avec ses concepts, le peintre
avec ses tableaux de peinture, s'efforcent de donner bonne apparence à
la réalité empirique. Comme Manuel Lopes et Antonio Da Rocha, ils sont
des « enduiseurs-façadiers » (du réel).
Auguste
Rodin était impressionné par la capacité de son confrère Bourdelle à
réaliser ses sculptures avec trois fois rien — avec des « bouts de
ficelle ». Il trouvait Bourdelle démerde.
Jésus
de Nazareth est le prototype du « gars sympa » ; le genre qui pardonne
tout et rachète les péchés du monde. On aurait aimé l'avoir pour père.
On se serait moins fait disputer.
Ödön
von Horváth s'est pris un arbre sur le cassis. Il se promenait sur les
Champs-Élysées, et boum. Il en est mort, le malheureux. Un coup de vent,
et voilà : adieu philosophie marcellienne.
Dans
la société des humains, il semble que tout tourne autour du fiak. La
philosophie, la théosophie et les religions ne sont là que pour faire
beau. La seule véritable préoccupation du monstre bipède, c'est le fiak.
Misère !
On
peut se résigner à la vilenie des bonnes femmes, mais pas à la fuite du
temps. Le temps est un vrai dégueulasse, au moins cent fois pire que
les bonnes femmes. Et lui, on ne peut même pas le traiter de grosse
vache. Ou plutôt si, on le peut, mais il s'en tamponne le coquillard. Il
coule, c'est tout ce qu'il sait faire. Salop, va !
Le
Rien possède une personnalité clivante. Il y a ceux qui le défendent et
ceux qui le nient (par exemple Parménide). Notons toutefois que le gros
du vulgum pecus ne voit même pas de quoi il retourne, hébété qu'il est
par les émissions de « téléréalité ».
« C'est
à la conjonction d'un miroir et de l'émission Le Petit Rapporteur que
je dois la découverte de Montcuq. » (Jorge Luis Borges, Tlön Montcuq
Orbis Tertius)
La
radicalité du nihilique n'est pas une radicalité valoisienne à la André
Rossinot. Elle ne porte pas sur la transformation de la fonction
publique, ni sur la laïcité dans les services publics, mais sur le fait
que « rien n'est ».
Le
plus célèbre des maîtres du Mahayana, Nagarjuna le nihiliste, était un
sacré dur à cuire. Il professait qu'il n'y a pas d'annihilation, il n'y a
pas de génération, il n'y a pas de destruction, il n'y a pas de
permanence, il n'y a pas d'unité, il n'y a pas de pluralité, il n'y a
pas d'entrée, il n'y a pas de sortie, il n'y a que de la révérence
parler merde. Cela peut paraître un peu brutal mais comment lui donner
tort ?
C'est
sur le fauteuil du dentiste que le monstre bipède prend pleinement
conscience de la misère de sa condition — de cette lamentable autant
que malrucienne « condition humaine ». Heureusement, « c'est sans danger »
(tu parles).
On
n'aime pas son Moi, on l'exècre même, mais on aime encore moins celui
des autres. Si minable soit-il, le nôtre a du moins la décence de ne pas
prendre toute la place avec ses gros genoux.
Avec
l'autrui lévinassien, on n'est jamais déçu. Est-on derrière lui dans
une file d'attente, on peut être sûr qu'il va engager la conversation — il va « tailler une bavette » — avec l'employé au guichet. Il se
fiche complètement qu'il y ait des gens après lui qui attendent. C'est
un vilain mâtin.
Il
y a des moments dans la vie où l'on n'aimerait rien tant que d'aller
devant le palais de justice de Troyes et de hurler à s'en faire éclater
les poumons : « À mort, Buffet ! À mort, Bontems ! Vous allez crever,
bande de salops ! Et ce sera bien fait pour votre gueule ! Pots de pisse ! Euh... affreux ! » Si on ne le fait pas, c'est pour l'unique raison
qu'on n'aime pas se donner en spectacle. Mais ça nous soulagerait. Car
l'existence nous pèse.
Le
monstre bipède est désespérément prévisible. Même les moines zen sont
prévisibles dans leur imprévisibilité. Et le pis, c'est qu'ils se
croient malins, ces trous de balle, quand ils disent que le Bouddha est
un navet de deux livres acheté au marché de Chaozhou. Nous t'en foutrons
des navets de deux livres, nous, tuouaouar ! Dans le fiak, oui !