« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
vendredi 23 novembre 2018
Germe
L'expansion de l'idée du Rien dans la pachyméninge, comme la croissance du « cas » dans le boyau culier, imposent avec insistance l'idée d'un développement personnel, qui obéit, dans un univers qui l'exclut, à l'impérieuse fatalité d'un germe.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Angoisse
Je ne sais rien d'angoissant comme le sérieux de l'excrément et du temps qui passe.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Fécial
22 janvier. — Fécial était, dans l'Antiquité, le nom donné au prêtre romain chargé d'intervenir dans les déclarations de guerre ou les traités de paix. « Les jurisconsultes romains font venir stipulari d'un adjectif stipulus synonyme de firmus. Cependant, comme l'usage de rompre une paille en signe de promesse existait déjà chez les Anciens, l'étymologie par stipula (paille) est probable. Peut-être le sagmen ou herbe sacrée, dans la scène entre Tullus Hostilius et le fécial (Tite-Live, I, 24), est-il un reste de ce symbolisme. » (Michel Bréal et Anatole Bailly, Dictionnaire étymologique latin, Hachette, Paris, 1885).
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Le choix du silence
Tant est féroce la lutte que se livrent le syntagme et l'idée que je préfère revêtir la robe jaune des ascètes et me taire.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Suprématie de l'idée du Rien
Les concepts qui furent jadis façonnés par les philosophes grecs, comme ceux qui sont aujourd'hui forgés par les phénoménologues et les empiristes logiques, ont assurément plus de prestance et d'éclat que l'humble idée du Rien. Mais il leur manque cette beauté d'astre ouvert, de corolle en expansion.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Art abstrait
Le Doryphore de Polyclète ne produit pas de matière fécale. Il ne concerne pas l'excrément.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
jeudi 22 novembre 2018
Accipitre
Je suis le volucre que craignent les gens. Mon bec crochu, mes serres acérées, réduisent en charpie leurs livres et leurs idées, leur prétention à « être quelqu'un ».
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Entre deux règnes
Le « Suisse », une fois extrait de la sombre geôle du « boyau culier » et projeté dans l'Ouvert rilkien, exulte dans sa solitude cylindrique. Affichant une si parfaite simulation du minéral, il avertit l'esprit qu'il est de plus vastes lois qui gouvernent en même temps l'inerte et l'organique.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Sus à Calchas !
Dépeindre le soleil comme un furieux ringard. Organiser une Saint-Barthélemy de la raison pure.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Saison des semailles. Le soir
C'est le moment crépusculaire : blotti sous l'auvent du pachynihil, j'admire ce reste de jour dont s'éclaire l'ultime étape de ma désagrégation.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Quartz carié
21 janvier. — Dans la commune d'Amplepuis (Rhône) et près du château de Rochefort, on rencontre un amas de quartz que les naturalistes distinguent sous le nom de quartz carié, lapis molaris. Il est comme vermoulu et criblé de trous.
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Quand il faut, il faut
L'urgence de la mort ne doit pas occulter celle, plus alogique encore, de l'étron.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
mercredi 21 novembre 2018
Sclérose conceptuelle
Le fragment irrégulier, presque informe, qui chez le philosophe occupe la place de la tête, contribue, par ses abrupts, ses échancrures, ses excroissances à donner à l'« ami de la sagesse » on ne sait quoi de hagard et de calciné. Quant à ses syllogismes et concepts, ils offrent à l'imagination le paradoxe d'une sclérose hyperbolique. Ils renchérissent inexplicablement sur l'inerte, ils ajoutent la rigueur de la mort à ce qui jamais ne fut vivant.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Phthirophagie
20 janvier. — « Quoique le pou soit une si vilaine vermine, il y a pourtant parmi les hommes les Hottentots, et parmi les brutes les singes, qu'on nomme pour cela phthirophages, qui en mangent. C'est ainsi que du côté de la mer rouge il y a un peuple de petite structure et noir, qui ne se nourrit, dit-on, que de sauterelles qu'il sale pour toute préparation. Avec un tel aliment ces hommes vivent jusqu'à quarante ans ; enfin ils meurent de la maladie pédiculaire. Des poux ailés les déchirent ; leur corps tombe en pourriture, et ils meurent dans de grandes douleurs. On sait encore qu'un des plaisirs des Nègres de la côte occidentale de cette partie du monde, est de se faire chercher leurs poux par leurs femmes, qui ont grand soin de les croquer et de les avaler à mesure qu'elles en trouvent. » (Jacques Valmont de Bomare, Dictionnaire raisonnée universel d'histoire naturelle, t. 5, Brunet, Paris, 1775, p. 270-271)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Esquive fromagère
La vitrification du Dasein ! Ou non... plutôt : le gruère.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Immarcescible
Rescapée des ébullitions philosophiques et des incandescences conceptuelles, intouchée par la tourbe grisâtre du quotidien, resplendit la beauté pathétique du Rien. De même, aujourd'hui encore, la foudre vitrifie le sable du désert en baguettes barbelées (s'il faut en croire Gragerfis).
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
En radeau sur le pachynihil
De vingt ans à ma mort, je menai une vie d'aventurier, descendant le fleuve impassible du pachynihil.
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
De l'yak
19 janvier. — « La chair de l'yak est très bonne, assurent les voyageurs. Son lait, d'une composition fort analogue à celle des laits de vache et surtout de chèvre, est excellent : c'est tout à fait à tort que Malte-Brun l'accuse de sentir le suif ; un grand nombre de personnes l'ont goûté au Jardin des Plantes, et il n'y en a pas une qui ne l'ait trouvé aussi bon, aussi agréable au goût que celui de nos vaches. Le père Huc avait déjà, sur ce point, relevé l'erreur de Malte-Brun. » (Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Acclimatation et domestication des animaux utiles, Librairie agricole de la maison rustique, Paris, 1861, p. 292)
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
mardi 20 novembre 2018
Préparation à la mort
Déféquer — sauf peut-être quand il s'agit de jus de betterave 1 —, c'est se préparer à mourir, c'est mourir.
1. Déféquer le jus de betterave, c'est en ôter les impuretés, le clarifier. Chaudière à déféquer. En 1799-1800, Deyeux défèque les jus [de betterave] avec de la chaux (Saillard, Betterave et sucr. de bett., 1923, p. 286).
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Un dur à cuire
L'homme du nihil, il va de soi, n'a ni désir — si ce n'est celui qu'on l'oublie — ni sensibilité. C'est pourquoi il faut beaucoup pour l'émouvoir : des températures de chalumeau et d'arc électrique, des violences de séismes, des spasmes de volcans. Sans compter le temps vertigineux.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Parole de constipé
Le néo-platonicien Plotin définissait la philosophie « ce qui importe le plus ». Mais cette formule ne s'applique-t-elle pas plutôt à l'acte défécatoire ?
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Assez de mots. Un acte !
Se lever un beau matin, tout à fait calme et sûr de soi, et enfoncer quelque chose d'acéré et de définitif dans l'entrelacs de viscères où s'abrite le Moi... Ah, quel délice ! (Les trente-trois délices de Théasar du Jin, Traduction de Simon Leys)
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Inscription à :
Articles (Atom)