Quand
le nihilique touille le vin, le rhum, la cassonade, le poivre et la
cannelle dans le bol à punch, il est inexorable : rien ne peut s'opposer
à la lustrale giration de sa cuiller. Il faut dire que pour lui,
s'enivrer est chose sérieuse. En se « beurrant la tartine », il entend
célébrer la volonté du Rien par la crémation rituelle du Tout. Il espère
trouver dans le vin « l'énergie causale ». Mais jusqu'à présent, il a
fait chou blanc. Chaque fois, à l'issue de son ivresse, le Tout était
toujours là, et il n'avait tiré de sa soûlographie qu'un intense « mal
aux cheveux ».
(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)