dimanche 8 juillet 2018

Interlude

        Jeune femme lisant Georges Sim et le Dasein de Maurice Cucq

La peau du personnage (Raymond Carver)


Tout en roulant, il regardait les passants aux bras chargés de paquets qui se hâtaient le long des trottoirs. Il leva les yeux vers le ciel gris plein de flocons tourbillonnants. Sur les façades des buildings, la neige s'était amoncelée au creux des alvéoles et au bord des fenêtres. Il parvint à la hauteur de chez Voyles. C'était un petit bar qui occupait un angle de rue, à côté d'une chemiserie. Il se gara dans l'allée de derrière et pénétra dans la salle. Il s'installa d'abord au comptoir, ensuite il prit son verre et alla s'asseoir à une petite table près de la porte.
Paula, en entrant, lui souhaita un joyeux Noël. Il se leva, l'embrassa sur la joue et tira une chaise pour la faire asseoir.
— Scotch ? questionna-t-il.
— Scotch, répondit Paula et, se tournant vers la serveuse qui s'approchait pour prendre sa commande, elle précisa : un scotch, avec des glaçons.
Sur quoi, elle s'empara du verre de Myers et le vida.
— Vous m'en donnerez un autre aussi, dit Myers à la serveuse, et quand elle se fut éloignée, il ajouta : je n'aime pas cet endroit.
— Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a ? dit Paula. On y vient tout le temps.
— Je ne l'aime pas, c'est tout. Il fait partie de la réalité empirique, et comme tel, ne se conçoit pas phénoménalement ou comme le corrélat d'une intuition. Il n'a aucun caractère spécifique d'immanence à la conscience mais, si tu veux mon avis, constitue plutôt une forme d'en soi. Or je suis convaincu que l'ordre des contenus de conscience dans l'espace et dans le temps est le moyen par lequel nous apprenons à déterminer l'ordre transcendant des choses qui se trouvent au-delà de la conscience. Buvons nos scotchs et changeons de crèmerie.
— Comme tu voudras, dit Paula.


(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)

Imitation de Gilles Garnier


Laisser croître sa barbe et ses ongles, courir les campagnes pendant la nuit en poussant des hurlements, franchir les fossés à quatre pattes, étrangler des séries de jeunes filles et les dévorer à belles dents... Ah quel délice ! (Les trente-trois délices de Robert Férillet, Traduction de Simon Leys)

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

Réduction phénoménologique


« Il s'agit d'un jeune homme de dix-huit ans, adonné à des pratiques excessives de masturbation. Après des fatigues somatiques excessives, se trouvant plus particulièrement déprimé, et sentant en lui une impulsion à faire quelque chose, il ouvre un volume de Husserl et y lit ces mots : "La réduction phénoménologique est la méthode universelle et radicale par laquelle je me saisis comme Moi pur, avec la vie de conscience pure qui m'est propre, vie dans et par laquelle le monde objectif tout entier existe pour moi, tel justement qu'il existe pour moi." Sur-le-champ il se tranche la verge à la racine et s'occupe d'arrêter le sang. L'hémorragie n'eut pas de suite. » (Adam James, The Journal of Mental Science, juillet 1883)

(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Lapins de Fibonacci


Dans son ouvrage Liber abaci publié en 1202, le mathématicien Leonardo Fibonacci pose une devinette concernant la croissance d'une population de lapins : « Un homme met un couple de lapins dans un lieu isolé de tous les côtés par un mur. Combien de couples obtient-on en un an si chaque couple engendre tous les mois un nouveau couple à compter du troisième mois de son existence ? »

Un très grand nombre, à l'évidence. Il est aisé de s'imaginer la puanteur qui se dégage d'un tel conglomérat, « où pullule une vermine que la ferveur bouddhique des Kalmouks ne leur permet point d'exterminer ». Il est tout aussi aisé de se figurer l'horreur qu'en conçoit l'homme du nihil pour qui la « tyrannie de la face humaine » n'est pas un vain mot — et lapin ou homme, pour lui, c'est tout un.


(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

Interlude

      Jeune fille lisant le Monocle du colonel Sponsz de Hermann von Trobben

Envoûté


Atteint de léthargie existentielle après avoir été frappé par l'idée du Rien, l'homme du nihil n'est pas sans rappeler ces savants de l'expédition Sanders-Hardmuth sur lesquels s'est abattue l'épouvantable malédiction de Rascar Capac.

(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

Cour d'assises (Georges Simenon)


Pour les autres, pour tous ceux qui étaient là, hormis Petit Louis, il n'y avait rien d'exceptionnel au ciel ou sur la terre, rien qu'une heure enluminée comme elles le sont le soir au Lavandou, avec le calme qui tombe soudain du ciel refroidi, figeant les objets et les sons, un souvenir assez pittoresque, en somme, à conserver parmi les cartes postales et les coquillages.

Ce qu'il faisait bon vivre !


Au bas de la rue en pente, devant le port, la place ombragée avait gardé sa décoration du 14 juillet et les palmes, dans le soleil couchant, étaient d'un vert somptueux, les drapeaux pendaient, comme peints sur une toile de fond.


Personne ne se doutait que cette heure-là, avec le rouge qui avait déjà gagné la moitié du ciel, le bleu qui tournait au vert, les reflets qui devenaient de plus en plus larges sur l'eau de la baie, avec les sons qui éclataient soudain et se mouraient encore plus vite, surpris de leur incongruité, personne ne se doutait que cette heure quelconque qui paraissait être à tout le monde, était l'heure de Petit Louis et que le reste, autour de lui, n'était que figuration.


Sur la plage, autour du casino et du plongeoir, des retardataires restaient allongés sur la sable et des mamans s'en revenaient sans se presser, les seins laiteux, les cuisses veinées de bleu, en tiraillant des enfants en maillot rouge ou vert.


Parfois, une auto descendait la rue et c'était un brusque fracas de portière, puis des silhouettes blanches qui allaient rejoindre d'autres silhouettes blanches groupées autour des tables de la Potinière.


Les yeux de Petit Louis riaient, rien que les yeux, comme il arrive aux moments heureux de l'existence, alors qu'on peut tout tenter avec la certitude de réussir. Après bientôt vingt ans d'efforts acharnés, pendant lesquels il avait ingurgité des concepts quasi quotidiennement, Petit Louis venait de dépasser à la fois la métaphysique de la subjectivité et le dernier moment spéculatif hégélien d'identification du réel avec le rationnel. Il était comblé, mais se sentait complètement lessivé.


(Maurice Cucq, Georges Sim et le Dasein)

Réaction ambivalente


Un sentiment très particulier s'empare de l'homme du nihil lorsqu'il se trouve en présence du « monstre bipède » — le fameux « autrui » du philosophe Levinas — et qu'il le surprend — ce qui n'est pas très difficile — en flagrant délit de sauvagerie.

C'est un sentiment d'horreur, sans doute, ou plutôt de dégoût, car la bestialité primitive, vue de près, est d'une prosaïque laideur ; c'est en même temps une inquiétude sourde : ces sauvages brutaux et féroces, ne sont-ils pas des cousins éloignés de son propre Moi ? Et il rougit d'une parenté, même lointaine, avec ces êtres vils et mal dégrossis.


(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

Un vil insecte


Le Moi possède avec la mouche scatophage du fumier plusieurs points communs : le bourdonnement, l'indiscrétion, l'omniprésence, la saleté morale, pour n'en citer que quelques-uns.  

Par surcroît, ces mouches paraissent avoir, comme le Moi, une relation plus ou moins privilégiée avec les excréments. Certaines s'en nourrissent, comme celles de la famille des Scathophagidæ, mais la plupart se contentent d'y naître, et dans ce cas ce sont les larves qui s'en nourrissent.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

samedi 7 juillet 2018

Interlude

       Jeune fille lisant l'Apothéose du décervellement de Francis Muflier

Congélation du Moi


Un drame insolite s'est produit à Sigean dans la soirée du 7 août : un livreur de Perpignan s'est suicidé en s'enfermant dans un congélateur. Selon les premiers éléments, sa femme voulait se tuer avec lui et est entrée également dans l'appareil, avant de changer d'avis et d'en sortir pour prévenir les secours.

À l'arrivée de ces derniers, l'homme, âgé d'une quarantaine d'années, était déjà mort, violemment réfrigéré par l'idée du Rien qui soufflait dans son « conscient intérieur » depuis qu'il avait pris la décision de se détruire. Le congélateur ne fonctionnait même pas ! (La Semaine du Roussillon, 10 août 2017)


(Martial Pollosson, L'Appel du nihil)

Poulet et homicide de soi-même


Lorsqu'on lui demande s'il préfère le chicken biryani, le chicken tikka ou le chicken vindaloo, le suicidé philosophique ne comprend pas très bien ce qu'on lui veut, car aucun de ces mets à base de poulet n'est, à sa connaissance, susceptible de mettre fin aux douleurs engendrées par l'haeccéité (contrairement, par exemple, à un revolver Smith & Wesson chambré pour le .44 russe).

(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)

Le vain rêve de dire


On peut seulement dire : les choses sont ainsi. Mais mieux vaut encore se taire.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Heidegger s'encanaille


Lors des élections de 1932, Heidegger vote pour le parti national-socialiste, et il y adhère l'année suivante. Le 21 avril 1933, il est élu recteur de l'Université de Fribourg-en-Brisgau, trois mois après l'avènement de Hitler à la charge de chancelier du Reich.

Heidegger prononce alors le fameux « Discours du rectorat », dans lequel il fait vœu de s'appuyer sur l'Université pour élever le niveau spirituel de l'Allemagne. Lors de sa prise de responsabilité, il publie dans un journal universitaire un « appel aux étudiants allemands » qui s'achève ainsi : « Seul le Führer lui-même est la réalité et la loi de l'Allemagne d'aujourd'hui et de demain ».

Dans son interview de 1966 au Spiegel, il cherchera à se dédouaner en affirmant « qu'à l'origine et en tout temps, les Führer sont eux-mêmes dirigés — dirigés par le destin, la loi de l'histoire, ou leur appétence pour les fromages au lait cru comme le reblochon de Savoie ».


(Jean-René Vif, Scènes de la vie de Heidegger)

Interlude

         Jeune fille lisant Philosopher tue de Jean-Guy Floutier

Effets meurtriers du nominalisme


Le nominalisme, comme on sait, considère que les mots ne servent qu'à désigner des choses réelles singulières, et qu'ils ne renvoient pas à des êtres généraux comme peuvent l'être les idées platoniciennes. M. Van Mons, de Bruxelles, a été le premier à montrer que cette doctrine avait une action vénéneuse considérable, et qu'une inflammation locale très intense en est la suite ordinaire. Lamotte parle d'un clystère préparé avec quelques éléments de cette doctrine, et dont l'effet fut mortel. Scopoli rapporte aussi l'histoire d'une femme qui périt en une demi-heure pour avoir absorbé trente concepts du chanoine Roscelin. Dans d'autres circonstances, le même auteur a vu la gangrène de l'abdomen et la mort suivre de près la lecture des Quodlibetales de Guillaume d'Ockham.

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

Centenaires


Montagnards ou non, les centenaires sont toujours des individus extrêmement organisés, dont le souci de persévérer dans l'être confine à la monomanie. Pour cette raison, il est très difficile de résister à l'envie de les assommer.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Procrastination coupable


Triste vision que celle de ce suicidé philosophique décrépit, face à face avec sa mégère aussi ridée que lui, prenant d'une main à moitié paralysée le verre de taupicide qu'il ne peut plus boire qu'en tremblant...

(Robert Férillet, Nostalgie de l'infundibuliforme)

Classification


Selon le « Père la pétoche de la philosophie » 1, les humains se répartissent en deux catégories : ceux pour qui le fait même d'être est une souffrance, et ceux — que l'on peut reconnaître à leurs survêtements bariolés — à qui échappe totalement le sens tragique de l'existence. Mais à laquelle de ces deux familles vaut-il mieux appartenir, le « penseur privé » ne le dit pas.

1. C'est ainsi que Gragerfis appelle Kierkegaard dans son Journal d'un cénobite mondain.

(Johannes Zimmerschmühl, Pensées rancies et cramoisies)

vendredi 6 juillet 2018

Interlude

      Jeune fille lisant les Scènes de la vie de Heidegger de Jean-René Vif

Nouvelles du 14e (Stephen Dixon)


Eugène Randall plaça le pistolet devant sa bouche et fit feu. La balle brisa une incisive supérieure, sortit de la tête en traversant l'arrière de la mâchoire et fracassa une vitre qui surplombait presque tout le centre-ville. Au même étage, une femme de chambre se dit :
— Qu'est-ce que c'est que ce bruit ? On dirait une balle. Et puis une vitre qui se fracasse. Mais c'était peut-être ni l'un ni l'autre.
La balle atterrit un pâté de maisons plus loin, sur le toit d'un immeuble où un garçon était assis au soleil et observait papa-et-maman pigeon. M. Randall s'écroula sur le bord de la table, envoyant au plancher une lampe, un paquet de cigarillos et un cendrier qui était posé sur les trois messages qu'il avait rédigés concernant son suicide. Le vent s'engouffra par le carreau cassé, souleva les lettres, et les éparpilla dans la pièce. La femme de chambre se pencha sur son chariot d'entretien et dit :
— Oui, monsieur, sûr que c'était un coup de feu. Quelqu'un qui s'amusait à tirer dans les fenêtres ou les meubles, il est peut-être mort, il s'est peut-être tué, ou il a peut-être tué quelqu'un qu'il aimait pas. C'est arrivé le mois dernier au vingt et unième. Un type qui venait de lire Saint Jean de la Croix et le problème de l'expérience mystique de Jean Baruzzi, (2e édition : Paris, Félix Alcan, 1931) où il est question, page 525, de « l'anéantissement absolu » qui est la condition de la connaissance mystique. Il y a toujours plein de suicidaires et de dérangés qui échouent dans cet hôtel, tous ces congressistes soûls, les pires c'est les hommes d'affaires japonais solitaires.


(Étienne-Marcel Dussap, Forcipressure)

Le « maudit cargo » de l'existence


D'après Henri Massis, dans le Crabe aux pinces d'or, le Karaboudjan représenterait l'existence et Tintin serait une instance de ce que l'ontologue Martin Heidegger nomme l'« être-jeté ». Selon lui, la réponse que fait le jeune reporter au capitaine Haddock lorsque ce dernier lui demande qui il est — « Quelqu'un qu'on a embarqué de force sur ce maudit cargo... » — évoque irrésistiblement la fameuse tirade de Job : « Pourquoi ne suis-je pas mort dès le premier moment de ma naissance ? Pourquoi n'ai-je pas expiré en sortant du sein de ma mère ? Pourquoi une sage-femme m'a-t-elle reçu sur ses genoux, et pourquoi m'a-t-on donné des mamelles à sucer ? Car je serais maintenant couché dans le tombeau, je me reposerais, je dormirais, et j'aurais été dès lors dans une profonde tranquillité. »

Tintin, un homme du nihil ? Lui qui possède tous les attributs du « héros positif », de l'« homme de la Nature et de la Vérité » ? Cela paraît tout de même peu vraisemblable.

À moins qu'il ne se trouve en lui quelque secrète fêlure à la Scott Fitzgerald ?...


(Hermann von Trobben, Le Monocle du colonel Sponsz)

Le tragique destin du Dasein


« Le 20 août dernier, une femme, qui faisait son jogging habituel dans le quartier du Grund à Luxembourg-ville a fait une découverte macabre. Au début du sentier touristique "Wenzeltour", près d'un chantier des CFL 1, la joggeuse est tombée sur le corps inanimé d'un homme sans tête. Cette dernière était restée accrochée à un fil de fer et pendouillait à plusieurs mètres de hauteur.

La thèse du crime a été rapidement balayée pour laisser place à celle du suicide. L'homme en question était un employé. Il n'était pas marié et n'avait pas d'enfant. D'après ses collègues de travail, c'était quelqu'un de calme, qui menait une vie bien rangée. Seule ombre au tableau, sa dilection pour la philosophie de l'ontologue allemand Martin Heidegger. Il semble notamment avoir été marqué par le passage d'un livre de ce dernier disant "qu'avec la mort, le Dasein a rendez-vous avec lui-même dans son pouvoir-être le plus propre, indépassable".

Ce lundi, le parquet a annoncé que l'enquête touchait à sa fin. "Toutes les vérifications effectuées, et notamment l'autopsie ainsi que des tests ADN poussés ont permis d'exclure formellement l'implication d'une tierce personne", explique le parquet dans un communiqué. La thèse du suicide se confirme donc. » (Luxemburger Wort, 29 septembre 2014)


1. Chemins de Fer Luxembourgeois.

(Jean-Guy Floutier, Philosopher tue)

Théorème de Kleene


Le théorème de Kleene affirme qu'un langage est rationnel seulement s'il est reconnu par un « automate fini » — nom que le mathématicien Stephen C. Kleene, profondément misanthrope, donnait à l'« autrui » du philosophe Levinas. C'est un théorème fondamental de l'art de se faire comprendre en société.

(Włodzisław Szczur, Mathématique du néant)

Interlude

       Jeune fille lisant la Mathématique du néant de Włodzisław Szczur

Un chef d'œuvre méconnu


L'excrément : plus profond et plus exhaustif qu'aucun des drames de Shakespeare, bien au-dessus même du Faust de Goethe, proche des sommets wagnériens Tristan et Parsifal. Mais aussi : la plus grande et la moins comprise des créations de l'homme.

(Raymond Doppelchor, Océanographie du Rien)

Universalité de la dégoûtation


La temporalité du temps, la mortalité de l'être mortel, le joug oppressant de l'haeccéité, peuvent emplir le sujet pensant d'un dégoût qui, majestueux sphaïros, englobe dans son orbe : primo, le règne animal, c'est-à-dire, les différentes espèces d'animaux, leur formation, leur structure, leur manière de vivre, leur industrie ; deuzio, le règne végétal, c'est-à-dire, les plantes qui croissent sur le sommet des montagnes, au milieu des plaines, dans le creux des vallées, à l'ombre des forêts ; tertio, le règne minéral, c'est-à-dire, la diversité des métaux, des minéraux et de toutes les substances qui se forment dans les entrailles de la terre.

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

Un lieu propice


« La Bourboule est un très bon endroit pour mourir. L'air de La Bourboule absorbe, on pourrait presque dire avec gourmandise, les derniers soupirs qu'on veut bien y pousser. René Panhard, Cimarosa, Wagner, Diaghilev ont répondu à cet étrange appel. Un poète français a dit que partir, c'est mourir un peu. Il faudrait ajouter que mourir, c'est partir beaucoup. On sait cela, à La Bourboule... » (Émile Barraquier, La vie en manchettes, Mercure de France, Paris, 1932)

(Léon Glapusz, Mélancolie bourboulienne)