dimanche 17 mars 2019

Un exilé de l'infini


Chez l'homme du nihil, tout est éloignement, absence. Comme l'infortuné Bellérophon, il erre dans le vide, loin des dieux, loin des hommes, dans le stérile « désert de Gobi de l'existence ».

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Ruine


Ce « temple qui fut » — mon conscient intérieur.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Caghuse


26 mars. — Pour parvenir à l'ataraxie, le philosophe Ptolémée de Cyrène (qui fut le maître de Sarpédon et d'Héraclite) recommande de « graisser largement de saindoux un faitout ; d'y mettre un jarret de porc ; de l'entourer d'oignons entassés ; de saler et poivrer ; de fermer hermétiquement et de cuire pendant une heure et demie à feu moyen. » Comme l'a remarqué Gragerfis, cette « recette de vie » n'est pas sans présenter des ressemblances avec celle de la caghuse picarde.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant Philosopher tue de Jean-Guy Floutier

Faut s'y faire


De longues années de cohabitation avec une « mégère difforme au faciès d'hippopotame » avaient convaincu l'homme du nihil de la véracité de cet axiome dostoïevskien : l'homme est un être qui s'habitue à tout.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

samedi 16 mars 2019

Un moderne Tchitchikov


Cadavre entre les cadavres, je dissimule ma putréfaction dans les plis d'un habit zinzolin moucheté.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Coup de sirop


7 mars. — Dans le trente et unième chapitre des Cestes, Jules Africain enseigne l'art de donner au vin la faculté de faire dormir trois jours de suite ceux qui en boivent. Il propose de le mêler avec certaine quantité d'opium et de suc de la jusquiame ou de l'Hyoscyamus des Anciens. Il croit que pour réveiller un homme endormi par cette boisson, on n'aurait qu'à lui faire entrer beaucoup de vinaigre par le nez.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune fille lisant les Scènes de la vie de Heidegger de Jean-René Vif

Triumph des Pachynihils


Dans l'acte fulgurant du suicidé philosophique, ce qui triomphe, c'est l'envers de l'être, autrement dit le pachynihil. Tout se passe alors comme si la vérité dernière n'appartenait pas à la « vie de tous les jours » ni aux coquetèles mondains, mais au fond nocturne sur lequel cette « vie » et ces coquetèles se déroulent. Quand se taisent l'artifice et la fiction, quand la « réalité empirique » elle-même est dénoncée, quand le Moi ne produit plus ses décrets absolus et ineptes, seule demeure l'obscurité du Rien : un froid mortel se produit.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

L'énigmatique « gruère »


Sur l'hermétisme en littérature : le gruère.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérér. Dégoût)

La bon diousse de matière


6 mars. — C'est, selon Hermogène, dans la matière qu'on trouve la cause de tous les maux ; toutes les sensations qui nous affligent, les passions qui nous tyrannisent, ont leur source dans la matière. Dans la doctrine d'Hermogène, la matière est incréée, sans mouvement, sans principe, coéternelle à Dieu, et ce dernier s'en est servi pour former le monde. Le système d'Hermogène a été combattu avec la dernière énergie par le pénible Tertullien (« credo quia absurdum »).

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

vendredi 15 mars 2019

Interlude

Jeune femme lisant la Mathématique du néant de Włodzisław Szczur

Méthode nihilique


Dans son Traité de la vérité du Rien, le théologien genevois Jean-Alphonse Turrettini indique les précautions nécessaires pour parvenir sans risque d'erreur à la conclusion que rien n'est. Ces précautions consistent à se défier de la spéculation et à rester au plus près de l'observable : « ... Si nous n'affirmons rien avec précipitation, avec témérité, si nous retenons notre adhésion jusqu'au moment où celle-ci nous est arrachée par l'évidence même de la vacuité des choses, si enfin nous n'affirmons rien que ce qu'il nous est impossible de ne pas affirmer (règle très certaine pour la recherche de la vérité), il n'y aura nul risque d'erreur : nous pourrons conclure avec une entière certitude que rien n'est. »

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Un « mégacéros de facto »


Le mégacéros était un grand ruminant du quaternaire, de la famille des cervidés, aux bois immenses (jusqu'à trois mètres d'envergure).

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Ruse grossière du Syncelle


5 mars. — Georges le Syncelle, dans sa Chronographie, affirme que dans les chroniques égyptiennes transmises par Manéthon, les mois sont comptés comme des années, et que l'ensemble des règnes des rois doit être réduit à un douzième ! Comme l'a noté le professeur Barruchi, « par ce stratagème, le système du Syncelle triomphe. Mais qui donc voudra se confier aux résultats d'une si puérile invention ? »

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune fille lisant la Mélancolie bourboulienne de Léon Glapusz

La lumière aveuglante du suicide


Quand, sur le coup de deux heures, l'homme du nihil referme son Plutarque pour contempler la surface moirée de l'étang de Soustons, il a le sentiment de voir s'y étaler les couleurs pures en lesquelles se décompose la lumière aveuglante du suicide (c'est là tout le contraire de la connaissance confuse qu'on a si souvent relevée chez les héros raciniens).

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

jeudi 14 mars 2019

Métalepse


Pour l'homme du nihil, contempteur exophtalmique de la chose sue, l'être est une simple métalepse du vacuum.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Page de journal


3 mars. — D'après Gélase de Cyzique et plusieurs ménologes grecs, le futur patriarche Alexandre prit part, en qualité de prêtre, au concile de Nicée. Il y représentait son évêque, le bien nommé Métrophane de Byzance.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune fille lisant Forcipressure d'Étienne-Marcel Dussap

Une conjecture désespérante


Si Gragerfis se trompe, si l'homicide de soi-même n'est pas « le dernier recours d'une liberté rebelle aux déterminismes intolérables imposés du dedans ou surgis du dehors », mais s'explique au contraire par une incapacité du Dasein à maîtriser ses affects — ce qui revient à y voir un geste dans lequel justement s'appesantit le déterminisme —, alors la situation de l'étant existant est véritablement désespérée ; alors... il ne reste plus qu'à se pendre.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Bec-de-lièvre


Encore plus qu'un sens aigu du ridicule, une mâchoire en forme de bec rend malaisée voire impossible toute action.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Façade


2 mars. — Boileau, dans ses Réflexions critiques sur Longin, prétend que la façade du Louvre n'est pas de Claude Perrault, mais de Le Vau.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

mercredi 13 mars 2019

Interlude

Jeune femme lisant l'Appel du nihil de Martial Pollosson

Sous le soleil de Satan


Certains ont pu dire, en prenant la Grèce à témoin, que le royaume du visible et de la lumière était celui de la mesure et de l'ordre. Mais on peut être atrocement constipé sous un ciel serein et un soleil de plomb! Où est l'ordre, alors? Où, la mesure?

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Socrate est un homme


Le syllogisme ulcérant de ma propre mortalité me donne la nostalgie d'une indicible rémoulade : je suis un dinosaure cum grano salis.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Gros dada


1er mars. — Pollion affirme que les juments celtiques étaient fort renommées ; elles accompagnaient leurs maîtres, ainsi que les bœufs et les moutons, dans l'invasion des contrées où les Gaulois allaient au loin porter la guerre.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Interlude

Jeune femme lisant les Exercices de lypémanie de Marcel Banquine

L'étrange fascination du Rien


Le pachynihil irrite en nous une attente sans nom. La fascination du Rien nous persuade, pour lui appartenir, de quitter jusqu'au souci de notre vie. Elle nous dépouille par la seule promesse de nous combler ; et si, pour commencer, nous avons pu rêver de dompter le néant, les rôles ont tôt fait de s'inverser : nous voici passifs et paralysés, ayant renoncé à notre volonté propre pour nous laisser habiter par l'impérieux appel du taupicide — et de l'absence.

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)