mardi 16 octobre 2018

Philosophes fétides


« Le philosophe fétide diffère essentiellement du philosophe ordinaire par l'odeur vive et désagréable qu'il répand par le choc et souvent même par le simple frottement. Cette odeur a quelque analogie avec celle des gaz hydrogènes sulfuré et carburé, et dans les philosophes bien fétides, elle se conserve plus d'une minute après le choc. » (Pierre Marie Sébastien Bigot de Morogues, Notice sur les philosophes fétides des environs de Nantes, in Annales du Muséum national d'histoire naturelle, vol. 9, Paris, Tourneisen, 1807)

(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)

Interlude

Jeune femme lisant Forcipressure d'Étienne-Marcel Dussap

Proverbe nihilique


Le fleuve du Rien importe davantage que l'aspect hirsute de ses rives.

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

Nécrophores


Les nécrophores sont ces insectes qui se rencontrent sous les cadavres, par exemple de taupe ou de rat, qu'ils enfouissent en s'y mettant à cinq ou six avant d'y déposer leurs œufs. Le nécrophore peut être dit fossoyeur (Necrophorus vespillo, Latr.), mortuaire, (N. mortuorum, Latr.), germanique (N. Germanicus, Latr.), ou inhumeur (N. humator, Latr.). Le nécrophore germanique est le seul à être muni de concepts, au dire de M. Pierre Boitard (Entomologie ou Histoire naturelle des insectes et des myriapodes, Roret, Paris, 1843).

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

Évidence consolante


Le suicide est préjudiciable à l'économie du Moi.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Tempête sous un crâne


S'il fallait comparer la pachyméninge de l'homme du nihil à une mer, ce serait certainement l'Euxin, dont Crispus nous dit que « sa surface est presque toujours embrumée, à moins qu'elle ne soit battue des vents : alors les vagues y sont mauvaises, courtes, variées, inégales dans leur fluctuation, dangereuses surtout lorsqu'il y souffle un vent de nord, dont l'effet est de presser les ondes l'une sur l'autre, tandis que le choc du rivage en renvoie d'autres en sens contraire. » Ce vent du septentrion, que l'on peut assimiler à l'idée du Rien, est si violent qu'il fait souvent perdre son foc au navigateur, nous dit Valérius Flaccus.

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

Interlude

Jeune femme lisant l'Appel du nihil de Martial Pollosson

Rhétorique


Un homme féru de métonymie dira un caudebec, au lieu de dire, un chapeau fait à Caudebec, ville de Normandie. En revanche, quand Tite-Live appelle Annibal le Carthaginois — « le Carthaginois, dit-il, avait un grand nombre d'hommes » —, il use d'une antonomase.

(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)

Un héros de notre temps


Humble personnage sans ambition terrestre mais affamé de grandeur spirituelle, réunissant esprit critique et imagination déréglée, attentif au monde extérieur mais aussi observateur de « l'infiniment petit de l'espace du dedans », le suicidé philosophique assume sa condition de « handicapé de la vie » pour mieux la dépasser et, grâce à l'idée du Rien, aller à l'extrémité de lui-même, à cette frontière de notre condition où les mystiques atteignent la plénitude « parce qu'ils sont vidés de tout le vide du monde ».

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

Bon à savoir


Selon Gragerfis, en grec sapros voudrait dire putride.

(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)

Lavement


Dans les Nouvelles formules de médecine, ouvrage  de Pierre Garnier publié en 1726, on trouve la recette suivante du Lavement pour les Crottes ou grande constipation de ventre : « Prenez de grandes et petites passerilles de chacune deux onces ; faites boüillir tout dans s. q. de boüillon de tripes, puis dans chopine de coulûre on dissoudra demi-livre d'huile commune, quarante grains de trochisques alhandal en poudre, pour un lavement. » En 1794, Johann Gottlieb Fichte reprendra cette recette dans ses Principes de la doctrine de la science, ouvrage dont la lecture seule suffit, la plupart du temps, à guérir la « grande constipation de ventre ».

(Marcel Banquine, Exercices de lypémanie)

Interlude

Jeune femme lisant les Exercices de lypémanie de Marcel Banquine