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lundi 9 septembre 2024

Manuel de l'artilleur

 

Selon le général Urtubie de Rogicourt, « le canon est un cône tronqué dans lequel on met une certaine quantité de poudre pour chasser un globe de fer ou autres espèces meurtrières et destructives. » Le général ajoute que « quoique tronqué, ce cône est tout ce qu'il y a de plus conique mais ce n'est pas un cône de Roithamer, ce serait plutôt une mansarde Höller si on veut aller par là. » Hélas, il n'explique pas pourquoi « ce serait plutôt une mansarde Höller si on veut aller par là ».
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

samedi 7 septembre 2024

Étude pétrographique de l'Estérel

 

Dans le massif de l'Estérel, la série sédimentaire permienne présente des variations rapides de faciès dues à la présence d'un cône de tuf volcanique dans son trou de balle. L'étude détaillée des affleurements a permis de déterminer avec une quasi certitude qu'il s'agissait du fameux « cône de Roithamer » rendu célèbre par l'écrivain autrichien Thomas Bernhard.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

mardi 27 août 2024

Bernhardisme

 

La pipistrelle possède quatre dents incisives à la mâchoire de dessus et dix à la mâchoire de dessous, ce qui faisait dire à Thomas Bernhard que cet animal « incarne idéalement la crétinité catholico-national-socialiste ». Comme à l'accoutumée, le style de l'écrivain est ici marqué par les particularités du souffle d’un poitrinaire, se déployant selon un rythme effréné et haletant, avec heureusement des temps ici et là pour reprendre haleine.
 
(Lucien Ganne, Syllogismes de la mer Rouge)

dimanche 16 juin 2024

Sièges

 

L'éditeur de Baudelaire, Poulet-Malassis, avait tout essayé : le fauteuil à oreilles des Auersberger, la banquette de la salle Bordone — d'où il pouvait contempler L'Homme à la barbe blanche du Tintoret —, le cône de Roithamer... rien n'y faisait. Il avait toujours « mal au fiak ». Le pire était le cône de Roithamer (à cause de son bout pointu).
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

vendredi 14 juin 2024

Mansarde

 

La vie n'est pas un cône de Roithamer. Ce serait plutôt une mansarde Höller, si l'on veut absolument que ce soit quelque chose. Une mansarde Höller où il fait sombre et où ça pue. Pas l'endroit rêvé pour « trier et mettre en ordre ».
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

mercredi 12 juin 2024

Définition sécante et déférente

 

« La vie...
— Oui ?
— Attends, ça vient... La vie...
— Eh bien ? Vas-y donc !
— Voilà. La vie est... un cône de Roithamer.
— Oh là là ! Tout ça pour ça ! »
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

mardi 30 avril 2024

Méthode d'Urbantschitsch

 

« Voyez Nevers, voyez la Nièvre, toutes opinions confondues, qui viennent à vous, qui vous retrouvent et qui vous aiment. J'ai moi-même tant et tant parcouru ces chemins que je reconnais la vieille terre fidèle où il va reposer, et je pense à ces mots de la femme de Konrad que chacun répète en soi-même jusqu'à la fin : Mimi vit six perdrix. »
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

vendredi 15 mars 2024

Quiproquo comique

 

Tadeusz Szulc raconte que Frédéric Chopin, quand on le présenta à George Sand, demanda à la romancière si elle était bien « la véritable George Sand du lac Balaton ». Elle répondit que non, qu'elle était de Nohant dans l'Indre.
 
(Henri-Marcel Chissant, Hippocastanacées)

dimanche 10 décembre 2023

Réduction au silence des négateurs

 

Quand on pense que Thomas Bernhard est mort, et à seulement cinquante-huit ans, on se dit que c'est horrible, que la mort pourrait au moins épargner les négateurs. Mais tout au contraire, elle semble s'acharner sur eux. Elle veut les faire taire, la garce ! Ils savent trop de quoi il retourne ! Saloperie, va ! Grosse vache !
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

samedi 9 décembre 2023

Temps béni de l'insouciance

 

De cette vie globalement répugnante, la seule partie à sauver est l'enfance. Enfant, on n'a pas encore découvert que « rien n'est », ce qui fait qu'on peut s'émerveiller de ceci et de cela. On prend le réel pour argent comptant. Et c'est aussi un temps rêvé pour faire le « golmon » (comme Maurice Blanchot). Le prix à payer est que plus tard, on devient un octogénaire qui pisse l'eau de partout, quand ce n'est pas un aubergiste ou un criminel de guerre.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

mercredi 6 décembre 2023

Trier et mettre en ordre

 

Ce n'est déjà pas jojo de devoir clamecer, mais en plus il paraît qu'il faut mettre ses affaires en ordre.
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

samedi 11 novembre 2023

Brioche

 

Pour signifier qu'une femme est grosse, certains disent qu'elle a une brioche au four. Mais en fait de brioche, ce qu'elle a dans le four, c'est un aubergiste ou un criminel de guerre suant, affreux et bedonnant, voire un octogénaire qui pisse l'eau de partout, qui pue et qui est aveugle et qui boîte et que la goutte empêche de marcher (s'il faut en croire Thomas Bernhard mais tout ce qu'il dit n'est pas parole d'évangile).
 
(Marcel Rocabois, Le Néant et l'être)

jeudi 7 septembre 2023

Méthode d'Urbantchitch


 
Comme Konrad, le héros de Thomas Bernhard, on aimerait faire répéter à sa bonne femme pendant des heures la phrase « Mimi vit six perdrix ». Ça lui ferait les pieds, à cette carogne. Pour une étude sur l'ouïe, qu'on prétendrait. Bon, mais il faudrait déjà avoir une bonne femme.
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

dimanche 13 août 2023

Trier et mettre en ordre

 

Effaré par le chaos qu'est devenu son cerveau après toutes ces années passées à lire — Heidegger, Wittgenstein, Bergson, Maritain — et à entendre — Michel Fugain, le chanteur Carlos — des inepties, le nihilique a décidé de faire comme le narrateur de Corrections : il va « trier et mettre en ordre » ; « trier et mettre en ordre ». Mais n'est-il pas déjà trop tard ?
 
(Rémi Tripatala, Pensées de Pascal)

mardi 17 janvier 2023

Une irritation

 

Le nihilique regrette d'être né. Il pense que ç'a été une erreur magistrale d'accepter l'invitation des époux Auersberger.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

jeudi 12 janvier 2023

Fauteuil à oreilles

 

La vie, quelle énorme déception. C'est un genre de fauteuil à oreilles des Auersberger. On s'y cale dans l'espoir d'observer l'intelligentsia viennoise, mais tout ce qu'on voit, c'est de la merde.

(Samuel Slippensohn, Follicules palingénésiques)

mercredi 12 octobre 2022

Drilles

 

Kafka était un drille ; Cioran était un drille ; Thomas Bernhard, lui aussi un drille... Que des drilles ! — Terrible déception.

(Louis Ribémont, Mémoires d'un gluon)

samedi 14 mai 2022

Les glorieux

 

Tous les écrivains célèbres, jusqu'à un Cioran, jusqu'à un Thomas Bernhard, jusqu'à un Beckett, méritent le supplice du pal — ou tout au moins d'être sévèrement flagellés. Qu'ils aient pu rechercher la notoriété les discrédite à jamais et ôte toute valeur à leur œuvre. Faut-il être moralement déchu pour briguer les applaudissements du « monstre bipède » et pour préférer la gloire à l'obscurité !

(Fernand Delaunay, Glomérules)

vendredi 17 décembre 2021

Agence générale de la misanthropie

 

À quelques exceptions près (Charles Baudelaire, Thomas Bernhard, Théasar du Jin), les misanthropes sont aussi détestables que le reste de l'humanité. Exécrer le monstre bipède est, il est vrai, à la portée du premier venu. La notion de « club des misanthropes » est donc aussi inepte que celle de « club des suicidés philosophiques ». De tels conglomérats ne pourraient être que des nids de bisbilles.

(Fernand Delaunay, Glomérules)

lundi 9 mars 2020

Machine à broyer


S'il ne se retenait — mais prudence est mère de sûreté ! — l'homme du nihil dirait de l'existence ce que l'écrivain Thomas Bernhard dit de la justice autrichienne, à savoir qu'elle est « une machine catholico-nationale-socialiste à broyer les hommes ». 

(Lucien Pellepan, Énantioses profectives)