« Quand j'entends le mot vivre, je sors mon revolver ou du poison. » (Luc Pulflop)
jeudi 15 novembre 2018
6 décembre
En parcourant le Guide des amateurs de tableaux, pour les écoles allemande, flamande et hollandoise de Pierre Marie Gault de Saint-Germain, je tombe sur le passage suivant : « Streeck (Juriaan Van), né en 1632 ; artiste mélancolique qui faisoit des drames lugubres, avec une tête de mort, une bulle de savon et une lampe sépulchrale : presque tous ses ouvrages sont marqués de ces tristes emblèmes, mais avec une vérité qui étonne, et aussi qui repousse. »
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
19 novembre
« Sous les rois de la première et seconde race, l'agriculture dut ses progrès aux pieux cénobites connus sous le nom de moines. » (Pierre-Nicolas Chantreau, Histoire de France abrégée et chronologique, depuis la première expédition des Gaulois jusqu'en septembre 1808, Bernard, Paris, 1808) — Eh bien ça alors !
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Comme David Copperfield
Je porte autour du cou une pancarte élucidant mon effroyable déchéance : « Le Grand Tout a fait cela ».
(Luc Pulflop, Prière d'incinérer. Dégoût)
Dualité du suicidé philosophique
Le ton austère qu'adopte volontiers le suicidé philosophique n'exclut ni la douceur ni l'attendrissement. Dans ses lettres où, entre deux dithyrambes à l'homicide de soi-même, il évoque la douceur des soirs à Saint-Clément quand les souffles légers portent l'odeur des foins et le parfum miellé des clématites, les sentiments sont graves, mais ce sont des sentiments, et ils captivent. Tout au plus pourrait-on dire que le suicidé philosophique est un esprit un peu trop viril, à l'inverse de Fénelon, prélat mystique, d'une aménité un peu trop féminine : ils se ressemblent cependant par leur infatigable zèle et par leur impérieux pouvoir de séduction.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Page de journal
9 janvier. — M. Wilhelm Philipp Schimper, dans son Traité de paléontologie végétale, note que « les puissantes assises siluriennes, si propres par leur nature à la conservation des empreintes des corps organiques, ne nous fournissent aucune donnée sur les végétaux marins nécessaires à la nourriture des légions innombrables de mollusques et de crustacés qui peuplaient les mers de cette ancienne époque. »
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Échauffement philosophique
On sait que la vapeur, lorsqu'elle se détend, perd une partie de son calorique latent en rapport avec le travail qu'elle produit. Mais aucune expérience n'a encore été conduite pour mettre en évidence un phénomène analogue dans l'ordre moral, à savoir le Moi surchauffé des « amis de la sagesse » occupés à produire des concepts.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
Fouissement conceptuel
Le phénoménologue est pourvu d'un groin mobile d'une grande puissance qui lui fournit les moyens de labourer la réalité empirique avec la plus grande facilité et de mettre à jour des concepts de toute nature ; en outre, cette faculté est encore augmentée par une forte langue charnue très rétractile.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
À propos de larmes (page de journal)
13 décembre. — D'après Furetière, « Héraclite pleurait sans cesse les misères et les folies des hommes ». Selon Richet, « il répugne à l'étant existant de penser que tout l'appareil lacrymal soit un hors-d'œuvre inutile, une superfluité ».
(Barzelus Foukizarian, Journal ontologique critique)
Fabrication des concepts
Pour que toutes les parties d'un concept aient les formes et les dimensions requises, on trace son gabarit avant de le forger, c'est-à-dire que, sur une planche bien unie, on tire diverses lignes parallèles, dont les distances des unes et des autres donnent la largeur et l'épaisseur de chaque partie. À la forge, on a soin de mesurer fréquemment si la partie du concept que l'on confectionne a les dimensions que donne le gabarit.
(Théasar du Jin, Carnets du misanthrope)
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